La Monnaie de Paris vient de décrocher un important contrat de frappe, celle de la monnaie d’Arabie saoudite. Une opération représentant « près de 15 millions d’euros, soit 10 % de son chiffre d’affaires annuel », a annoncé la Direction de l’institution. Au total, ce sont « près de 300 millions » de nouvelles pièces saoudiennes – les saudits riyals – qui seront frappées.
La fabrication, qui se déroulera sur le site industriel de la Monnaie de Paris, à Pessac, en Gironde, débutera à l’automne et se poursuivra en 2017.
La Monnaie de Paris passe contrat avec l’Arabie saoudite
Pour la circonstance, précise encore l’institution, la monnaie saoudienne connaîtra « une refonte complète avec une nouvelle gamme de sept dénominations. Les modèles ont été imaginés par les graveurs de la Monnaie de Paris ». Il aura fallu « trois ans de travail et de négociations entre les équipes des deux pays » pour parvenir à la signature de ce contrat. Ce qui laisse à penser que le travail ne s’est pas fait tout seul…
L’opération n’est pourtant pas une première pour la Monnaie de Paris qui fabrique déjà les pièces de nombreux pays : Andorre, Chypre, Guatemala, Malte, Thaïlande, Uruguay, etc.
Il s’agit néanmoins d’une occasion en or pour l’usine française dont la production, notamment de pièces françaises, est en chute libre. En cinq ans, celle-ci est en effet passée de 1,3 milliard de pièces fabriquées par an pour l’Etat français contre seulement 700 millions aujourd’hui.
Une situation qui est une conséquence directe de la construction européenne. Avec la disparition du franc, ce n’est pas seulement la souveraineté nationale qui a été remise volontairement en cause par les sectateurs de l’Union européenne ; c’est aussi notre industrie monétaire qui a été touchée de plein fouet. Les chiffres le prouvent de façon éloquente : il y a une perte de 50 % en cinq ans. Car l’euro, malgré sa face nationale (pour les pièces), n’est pas une monnaie nationale, et n’a donc pas vocation à être frappée nécessairement dans les pays dont elle porte les symboles.
Une urgence vitale : frapper de nouvelles pièces
Et, quand bien même les gouvernements obtiennent que les contrats de frappe des monnaies portant la marque de leurs pays respectifs leur soient accordés, il n’est pas nécessaire, il n’est pas utile, l’euro circulant librement dans toute la zone qui porte son nom, qu’il en soit fabriqué autant.
On conçoit donc qu’il y a urgence à trouver des solutions. L’exportation du savoir-faire faire de la Monnaie de Paris vers des pays qui ont su conserver leur indépendance monétaire en est une, et ce contrat représente désormais 30 % de l’activité de l’usine girondine. Mais cela n’aura évidemment qu’un temps…
La Monnaie de Paris, dont le siège se situe 11 quai de Conti, sur les bords de la Seine, à Paris, est la plus vieille institution française, et l’une des plus anciennes entreprises au monde. Elle a en effet été instituée en 864 par le roi Charles le Chauve, qui avait une autre conception de la souveraineté monétaire de notre pays qu’un Chirac ou un Hollande. Faudra-t-il donc que cette vieille dame succombe demain sous l’effet néfaste de l’idéologie de quelques iconoclastes modernes ?