DOCUMENTAIRE (ENFANTS)
Nés en Chine ♥

 
Nés en Chine est un film documentaire animalier produit sous le label, désormais bien connu, « Disney-Nature ». Il s’adresse avant tout aux enfants. Les commentaires et la longueur du film, un format court, sont parfaitement adaptés à l’intelligence et à la capacité d’attention du jeune public. Le propos consiste à présenter des bébés-animaux chinois, durant leurs premières années. Sont présentés des pandas, des panthères des neiges, superbes félins à la robe blanche et noire, des singes rhinopithèques, petits singes cousins des macaques, au nez coloré particulier d’où leur nom, et, de manière beaucoup moins suivies, des grues, animal migrateur, contrairement aux autres. Ces animaux vivent dans les derniers vastes espaces chinois préservés, faits de forêts profondes, de hautes montagnes, de déserts ou semi-déserts. Dans tous ces milieux marqués par la continentalité, les saisons sont très marquées. Il s’agit incontestablement de la Chine, d’animaux chinois, présents pour le singe comme la grue dans la mythologie traditionnelle, même si l’on est très loin de la vaste plaine chinoise où se trouve la grande partie de la population. Bien que menacée, cette Chine sauvage périphérique existe donc encore, bonne nouvelle implicite du film. Le montage passe des uns aux autres, ce qui permet de comparer la prise en charge des petits. La vedette du film est bien sûr l’inévitable panda, assurément très mignon ; la mère-panda a pour son enfant des gestes très tendres, qui rappellent inévitablement une mère humaine. C’est là que réside la principale faiblesse de ce documentaire : les paroles en restent à l’assimilation anthropomorphique entre les animaux et les hommes.
 

Nés en Chine : de très belles images et un commentaire anthropomorphique dangereux

 
Même si Nés en Chine s’adresse au jeune public, nous trouvons cette confusion gênante. Un être humain est infiniment plus qu’un animal. Il faut bien l’apprendre tôt ou tard, et on ne l’enseigne plus du tout dans les programmes scolaires officiels ou les grands médias, qui entretiennent au contraire une confusion fâcheuse. Il résulte de cet anthropomorphisme systématique une grande faiblesse du commentaire. Le public adulte en particulier, qui pourrait être séduit par les images superbes de ces animaux et des derniers paysages sauvages chinois, n’apprendra strictement rien. L’assimilation anthropomorphique pourrait conduire en outre à une vision complètement fausse des mœurs des singes rhinopithèques : les adolescents mâles, âgés de deux ou trois ans au plus, sont tout simplement expulsés du groupe familial par leur propre géniteur, le mâle dominant et unique mâle mature, qui dirige le groupe de femelles et de jeunes. Non, décidément, nous ne sommes pas des singes, ni les rhinopithèques des êtres humains.
 
Il reste donc de très belles images. Mais c’est tout ce que propose d’intéressant Nés en Chine et subsiste une certaine déception. Nous recommandons de rester dans la salle lors du générique de fin qui montre le travail, ô combien difficile, au milieu de la nature sauvage, souvent dans le froid et les intempéries, des cameramen.
 

Hector JOVIEN

 
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