Le Nigeria a connu, ces derniers jours, de nouvelles violences islamistes, qui ont multiplié les victimes. Au point que l’armée nigériane a appelé, samedi, à une coopération internationale face à Boko Haram, une semaine après une vaste offensive de ce groupe islamiste armé dans le nord-est du pays, décrite comme son attaque « la plus meurtrière » en cinq années d’insurrection. Le bilan de cette attaque, qui a porté contre Baga et plusieurs autres localités sur les rives du lac Tchad, dans l’Etat de Borno, n’a pas encore été publié, mais pourrait s’avérer, selon les observateurs, extrêmement élevé. Certains évoquent d’ores et déjà plusieurs milliers de morts. Faute de moyens, ces centaines de corps restaient encore entassés en fin de semaine – « trop pour pouvoir les compter »…, précisait-on localement.
Ces offensives « devraient convaincre tous les gens bien intentionnés à travers le monde que Boko Haram représente le mal que nous devons éliminer tous ensemble, plutôt que de critiquer les personnes qui essayent de les contrer », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade, faisant allusion aux critiques qu’elle reçoit pour son incapacité à mettre fin à l’insurrection.
La violence islamiste contre le Nigeria
« L’armée nigériane n’a pas abandonné Baga et les autres localités actuellement contrôlées par les terroristes, a-t-il précisé en réponse. Des plans appropriés, des hommes, des ressources sont actuellement mobilisés pour faire face à la situation. »
L’attaque de Baga a provoqué la fuite de quelque 20.000 personnes, qui ont préféré tout quitter que de continuer à vivre dans ces conditions. Au moins seize villes et villages de la zone ont été rasés. Par ailleurs, les islamistes ont également pris le contrôle de la base de la Force multinationale.
A côté de ces offensives de grande envergure, d’autres attaques se sont produites qui ont également ensanglanté cette région. Ainsi, dimanche, deux femmes kamikazes (volontaires ou forcées ?) se sont fait exploser, tuant quatre personnes, sur un marché de Potiskum. Cette ville avait déjà été touchée, la veille, par un attentat à la voiture piégée.
Les attaques meurtrières de Boko Haram
Samedi, au moins vingt personnes ont péri également lorsqu’une bombe fixée sur une fillette a explosé dans un marché bondé de Maiduguri. Dix-huit autres ont été blessées, parfois grièvement. La fillette avait dix ans…
Selon un responsable d’un groupe local d’auto-défense, la bombe a explosé alors que l’enfant faisait l’objet d’une fouille à l’entrée du marché. « La fillette avait une dizaine d’années, et je doute fort qu’elle savait véritablement ce qui était fixé à son corps », explique-t-il. « En fait, elle était contrôlée à l’entrée du marché et le détecteur de métaux venait de signaler qu’elle portait quelque chose sur elle. Malheureusement, la charge a explosé avant qu’elle n’ait pu être isolée. » Une bombe qui a manifestement été déclenchée à distance…
Il n’y a certes – pour l’instant – aucune revendication à ces derniers meurtres. Mais depuis le début, précise le chef de la police de l’Etat de Borno, Boko Haram a multiplié l’emploi de femmes et de fillettes pour mener ces attentats-suicides.
A Washington, le porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki, a exhorté « le Nigeria et ses voisins à prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre à la menace de Boko Haram », et encouragé Abuja à organiser des élections générales « pacifiques et crédibles ». Ces élections doivent se tenir à partir du 14 février.