DRAME Night call Cinéma ♥♥

night call
Night call propose a priori du vu et revu cent fois, la dénonciation du voyeurisme des télévisions américaines. Le film en effet, exercice attendu, s’en prend à tous les éléments de la chaîne, des cameramen-indépendants payés pour ces images-chocs à la pièce, des chaînes qui exigent de tels produits et les exploitent largement le plus souvent, enfin au public, arbitre final, consommateur qui détermine le marché et qui, malgré ses dénégations hypocrites, réclame son adrénaline matinale pour se lever avec le journal local de 6 heures. Ce dernier constitue un moment important de la journée, accompagne le petit-déjeuner, juste avant le départ pour le travail, avec des trajets longs, élément de société américain original bien rappelé, intéressant à ce titre, qui complète et précise le propos. Seulement, la dénonciation du voyeurisme implique de montrer aussi des images parfois à la limite du soutenable, écueil courant et probablement inévitable. Night call ne s’adressera donc qu’à un public averti.
 

Night call et la manipulation de l’information

 
Night call surprend par le portrait qu’il dresse de son personnage principal, d’un cynisme et d’une vanité absolus, ce qui est un élément moteur de sa démarche. Petit délinquant, sans perspectives, il réussit à s’imposer dans le milieu, ultra-compétitif, des cameramen indépendants. Il manipule son employé, ses concurrents, ses commanditaires, la police, pour arriver à ses fins. Il développe une véritable intelligence des situations et des possibles. Le récit est développé de manière rigoureuse, sans complaisance pour ce personnage, héros négatif d’anthologie. L’acteur Jake Gyllenhaal a trouvé probablement là son meilleur rôle, avec une interprétation absolument remarquable. Night call, contre toute attente, intéresse vraiment, voire passionne le spectateur. Au-delà du voyeurisme est posée aussi la question juste de la manipulation de l’information.