Il faut cesser d’axer l’enseignement sur les « compétences » et privilégier les classiques, l’histoire et l’apprentissage traditionnel des langues pour préparer les nouvelles générations à une économie appuyée sur la haute technologie. Dans un vibrant plaidoyer pour les humanités, Adam D’Souza, cofondateur de la Shakespeare Academy en Angleterre, vient de publier une tribune où il note l’importance d’une formation qui aide les élèves à comprendre plutôt qu’à accumuler des connaissances techniques qui seront probablement obsolètes au moment où ils entreront sur le marché du travail.
« Nous sommes à un tournant et les décisions que nous prenons auront des conséquences sur notre société pendant des générations. L’étude de la littérature ou de l’histoire, qui encourage à avoir sa propre vision des choses, profitera à ceux qui construiront les nouveaux systèmes numériques », estime-t-il.
Les humanités donnent une vision de la haute technologie
L’« utilitarisme » des programmes scolaires aboutit à passer des heures à apprendre des « compétences inutiles » et à faire prendre du retard par rapport à ceux qui privilégient l’intelligence : « Nous risquons de devenir les serfs numériques de ceux qui ont une meilleure éducation que la nôtre », assure D’Souza, pointant la baisse du Royaume-Uni aux tests internationaux PISA sur la lecture, les mathématiques et les sciences – où la France stagne également dans la médiocrité.
Il y a aurait beaucoup à dire sur ces tests qui sont déjà conçus pour comparer des élèves sans culture ni grande capacité d’analyse, mais ce sont au moins des indicateurs.
Comment aborder l’ère de la numérisation et de la haute technologie de plus en plus répandues dans la vie économique de tous les jours ? Tel chef d’établissement explique que nombre des meilleurs programmeurs ont étudié les humanités à l’université :
Les nouvelles générations trahies par l’enseignement utilitariste
« La connaissance des langues enseignée de la manière traditionnelle est idéale pour la création de nouveaux systèmes et pour comprendre les paradoxes et les irrégularités », explique John Newton, principal du prestigieux pensionnat anglais, Taunton School.
Pour D’Souza, les grands entrepreneurs de demain n’auront pas forcément besoin de connaissances techniques : ce seront des « visionnaires » capables de rassembler des pensées apparemment divergentes pour créer de nouvelles idées.
Et les autres ? John Cridland, directeur général de la Confédération de l’industrie britannique, estime que les nouvelles générations sont aujourd’hui trahies par le système éducatif. « Les employeurs se trouvent obligés de remédier aux problèmes de lecture et de calcul » de ces salariés, incapables de comprendre la sémantique de la technologie qu’ils devront utiliser plus tard.