Enseigner les valeurs fondamentales britanniques est un acte de « suprémacisme culturel », selon le syndicat d’enseignants NUT

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Membres du syndicat National Union of Teachers (NUT).

 
La National Union of Teachers (NUT) vient de voter une motion lors de sa conférence annuelle à Brighton en vue de remplacer l’enseignement des valeurs britanniques par celui des « droits internationaux ». Des professeurs membres du principal syndicat d’enseignants du Royaume-Uni (il affiche 400.000 adhérents) ont dénoncé ces valeurs britanniques comme fauteurs intrinsèques de « suprémacisme culturel, spécialement dans le contexte d’écoles multiculturelles et du contexte plus large des migrations ».
 
Le suprémacisme est un vilain néologisme dont il faut cependant retenir le sens précis, car il en dit long sur l’idéologie à l’œuvre dans ces pressions : il désigne la variété de « racisme » qui affirme la supériorité d’une race, d’un sexe, d’une classe, d’une civilisation, d’une culture, d’une langue, d’une religion… On le sait, la pénalisation de l’antiracisme avait pour but affiché de punir la « discrimination » à l’égard des personnes membres de catégories protégées, tout en faisant peu à peu disparaître l’idée qu’il peut y avoir des discriminations justes et d’autres injustes. Mais en théorie, cela ne permet pas d’interdire un jugement de valeur sur les différentes cultures ni la critique de telle ou telle religion prise abstraitement.
 

La NUT veut remplacer les valeurs fondamentales britanniques par les « droits internationaux »

 
Dans la pratique, l’idéologie antiraciste a cependant servi à permettre la mise en place d’une interdiction de toute préférence nationale, puis d’une discrimination positive conçue comme une aide aux minorités discriminées, et enfin d’une dénonciation de ceux qui établissent une hiérarchie des cultures ou des coutumes – dès lors que leur préférence va à la culture chrétienne et à la civilisation occidentale, bien entendu.
 
Pour les enseignants britanniques, c’est ce dernier « suprémacisme » qu’il faut éradiquer. Leur motion est venue contrer l’obligation qui leur est faite depuis deux ans, à la suite du scandale des « chevaux de Troie » islamiques qui avaient été découverts à l’œuvre dans plusieurs écoles où ils endoctrinaient les enfants – d’enseigner les « valeurs britanniques fondamentales ». C’est peu de dire que ces enseignants syndiqués ne s’y reconnaissent pas – même si ces « valeurs » restent délicates à définir.
 
Tel professeur y voit par exemple une notion inacceptable parce que nombre de ses élèves dans une école de Coventry ont des ancêtres qui ont « été à la merci du colonialisme britannique ». Cette année, il a fait travailler ses classes sur la crise des migrants, la Jungle de Calais, les traversées de la Méditerranée et « la montée de l’islamophobie ».
 

Suprémacisme culturel : la nouvelle façon de culpabiliser les enfants britanniques

 
Au fond, les enseignants de la NUT ne veulent pas imposer aux élèves d’origine immigrée les façons de faire et de penser qui permettent une cohésion nationale – ne parlons même pas d’un « roman national » qui est aujourd’hui proscrit au nom du multiculturalisme dans de nombreux écoles en Occident.
 
Ils ont au contraire martelé qu’il faut des campagnes pour promouvoir « des politiques au service de l’accueil des migrants et des réfugiés » : à l’école, les membres de la NUT sont invités à y participer en « recueillant et en mettant en forme du matériau sur les migrants et les réfugiés » qui puissent servir aux cours.
 
Quant au Premier ministre, la NUT l’a accusé de favoriser des « stéréotypes raciaux », et sa motion précise que les migrants apportent au Royaume-Uni « une énorme contribution économique, politique et sociale ».
 

Enseigner l’équivalence de toutes les cultures : un endoctrinement

 
Des groupes conservateurs, attachés notamment à la qualité de l’instruction dans les écoles, ont vivement dénoncé la motion de la NUT contre les valeurs britanniques, accusant les professeurs de vouloir « rééduquer » les enfants au moyen de véritables « lavages de cerveaux » et de l’interdiction de la liberté d’expression, comme le dit Chris McGovern de Campaign for Real Education.
 
« Qui veut détruire une nation et construire le Meilleur des mondes commence par endoctriner les enfants », souligne-t-il.
 
Cela aboutit évidemment à les manipuler. C’est ce qu’a fait le professeur de Coventry, cité plus haut, qui se vante d’avoir amené une classe de 5e (« Year 8 ») à former des partis politiques avec manifeste, clip vidéo et bannières, avant de participer à un débat. « Outre la qualité de leur travail, ce qui m’a vraiment rendu fier, c’est le fait que chacun des groupes menés par un tuteur s’était engagé à promouvoir une politique de large accueil aux réfugiés et d’ouverture des frontières ».
 
En 5e, on n’a pas toujours assez de ressources et de courage pour être dissident…
 

Anne Dolhein