Sous Obama, les relations entre les Etats-Unis et Israël en voie de « normalisation » politique

Obama relations Etats-Unis Israel normalisation politique
 
Il fut un temps où le soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël se manifestait sous des formes multiples : aide pécuniaire, soutien à la défense de l’Etat hébreu, menace d’engagement militaire en cas de danger pour la sécurité d’Israël, vision unilatérale de la question palestinienne, choix des alliances, détermination globale de la politique américaine au Proche-Orient… Au fil des années de l’administration Obama ce parti-pris souffre de plus en plus d’exceptions, à tel point que l’on peut évoquer aujourd’hui une forme de « normalisation » des relations entre les Etats-Unis et Israël. Devenues plus politiques, elles envoient un message clair : le soutien inconditionnel, c’est terminé.
 
Forcément, cela désigne une modification dans l’équilibre des forces en jeu sur le plan mondial ou des tendances opposées ou divergentes se dessinent, aujourd’hui caractérisées par une mise au pas de la haute finance et les progrès d’un nouvel ordre mondial au service de l’« écologie religieuse ».
 

Etats-Unis, Israël : divergences à propos du programme nucléaire iranien

 
Cela se manifeste notamment dans les divergences d’appréciation à propos du nucléaire iranien. Là où les Etats-Unis promettaient naguère de soutenir les démarches d’Israël face à la menace iranienne, ils sont aujourd’hui prêts à négocier avec Téhéran – et même à blâmer publiquement Israël qu’ils viennent de mettre publiquement en garde contre la publication d’informations secrètes à ce propos, en violation de leur statut d’« allié de confiance ».
 
C’est l’attaché de presse de la Maison Blanche, Josh Earnest, qui l’a déclaré lundi : « Les Etats-Unis ont fourni à nos alliés israéliens des notes d’information régulières, détaillées et confidentielles : la divulgation de cette information trahirait la confiance parmi nos alliés. »
 
Mais s’il faut en croire un média israélien, Channel 10, les Etats-Unis ne fournissent plus de renseignements à l’Etat hébreu sur le programme nucléaire iranien.
 

Passe d’armes entre Obama et Netanyahu

 
L’actuelle visite de Benjamin Netanyahu aux Etats-Unis, à l’invitation des républicains mais snobée par le président Obama, montre à quel point les tensions sont vives. Lundi, il s’est adressé à l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) pour déclarer : « Les jours où le peuple juif reste passif face à ceux qui veulent nous annihiler sont révolus. Aujourd’hui nous ne sommes plus réduits au silence, aujourd’hui nous avons une voix, et demain, en tant que Premier ministre du seul et unique Etat juif, j’entends utiliser cette voix. Les leaders américains s’inquiètent pour la sécurité de leur pays, les leaders israéliens s’inquiètent de la survie de leur pays. Je crois que cela cristallise la différence », a-t-il déclaré.
 
Obama devait répondre par le biais d’une interview donnée à Reuters : tout en affirmant, comme Netanyahu, la force du « partenariat » entre Etats-Unis et Israël, pour tenter de minimiser la tempête diplomatique déclenchée par la tournée du Premier ministre, il a manifesté sa volonté de poursuivre les négociations avec Téhéran en maintenant le droit de l’Iran d’enrichir l’uranium à des fins non militaires – chose que récuse Israël.
 
Alors qu’Obama déclarait lundi soir que la signature d’un accord définitif n’était pas pour demain, il semblerait que le « plus gros obstacle » à l’accord soit désormais en voie d’être franchi, avec la proposition iranienne de diminuer le nombre des machines utilisées pour l’enrichissement, qui passerait de 9.900 à 6.000 centrifugeuses, tandis que le plus gros de son stock d’uranium faiblement enrichi serait exporté. Cela porterait à un an le délai nécessaire à l’Iran d’obtenir assez d’uranium pour fabriquer une (unique) bombe atomique. L’accord porterait sur quinze ans. Quoi qu’il en soit de l’optimisme de certains, on sait au moins que John Kerry a rencontré le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif à Montreux, en Suisse, lundi.
 

Les relations Etats-Unis Israël compliquées par la venue de Netanyahu

 
On s’attendait à un discours de Netanyahu devant le Congrès, ce mardi, non moins offensif et non moins significatif des divergences qui se sont concrétisées dans les rapports israélo-américains. Les rapports sont désormais soumis à l’analyse et aux variations politiques.
 
Tout cela montre certes que les liens entre Etats-Unis et Israël demeurent forts. Ainsi la presse française évoque-t-elle les « scènes de ménage » entre Obama et Netanyahu, ce qui est signe d’une certaine proximité d’où la complicité aurait disparu. Semblables à eux-mêmes sous certains rapports, ils sont marqués à l’inverse par l’évidente hostilité entre l’occupant de la Maison Blanche et le Premier ministre de l’Etat hébreu. La presse conservatrice américaine pointe ainsi une « ingérence » d’Obama dans les prochaines élections en Israël : on accuse en tout cas son administration d’utiliser des fonds du Département d’Etat pour faciliter la défaite de Netanyahu.
 

Une normalisation politique

 
On raconte ainsi que John Kerry a mis en garde des délégués de l’Union européenne contre toute prétention de soutenir les revendications de la Palestine au motif que cela renforcerait la campagne du Premier ministre Netanyahu et la droite israélienne.
 
Ces manœuvres, assurent des politologues en Israël, auront l’effet inverse en poussant les électeurs vers le soutien d’un Netanyahu en perte de vitesse dans son propre camp : une analyse que l’on peut appréhender de plusieurs manières, opposées.
 
Il n’y a en tout cas plus l’alignement quasi automatique qui caractérisait jadis les relations entre Etats-Unis et Israël.