En France, les rebondissements de la réforme des retraites ont mis au deuxième plan la « convention citoyenne sur la fin de vie » lancée par Emmanuel Macron, mais chez nos voisins européen, l’offensive est générale. En Grande Bretagne, l’ancien archevêque de Cantorbéry juge le suicide assisté « complètement chrétien », et aux Pays-Bas, de nombreux médecins estiment que l’euthanasie devrait pouvoir s’appliquer aux personnes qui ont eu une « vie complète ». Un nouveau concept qui s’ajoute aux « souffrances » et à la « dignité » pour justifier la mise à mort de civils innocents.
L’archevêque juge le suicide assisté « profondément chrétien »
Lord George Carey, qui fut archevêque de Cantorbéry de 1991 à 2002, c’est à dire patron effectif de l’Eglise anglicane derrière Elisabeth II, vient d’exhorter le parlement britannique à étendre l’accès au suicide assisté, qui est encore illégal au Royaume-Uni, l’euthanasie pouvant être théoriquement punie de prison à perpétuité : « Les soins palliatifs et le suicide assisté peuvent et doivent coexister pour offrir à ceux qui meurent des choix pleins de sens à la fin de leur vie. (…) Il est profondément chrétien de faire tout ce que nous pouvons pour nous assurer que personne ne souffre contre sa volonté ». Cela, c’est l’argument classique de la douleur, qui ne trouve plus à s’appliquer depuis que des moyens de sédation profonde sont mis à disposition des patients.
Rien dans la Bible ni dans l’enseignement chrétien sur l’euthanasie ?
Mais le parlementaire britannique utilise son autorité d’ancien archevêque pour avancer une argumentation plus neuve et carrément révolutionnaire. Pour Carrey, l’Eglise anglicane ne devrait pas « mettre le dogme devant les besoins des gens ». Et d’affirmer : « Nous sommes tous conscients que la Bible ne contribue en rien, de façon directe, à ce débat. Il n’y a rien dans l’Ecriture Sainte, ou dans deux mille ans d’enseignement chrétien, qui concerne directement ce problème moderne, dans une grande mesure constitué par le succès de la science moderne et l’amélioration des soins médicaux. (…) En outre, j’ai commencé à voir que des affirmations telles que “la vie est sacrée” ou “tu ne tueras point” étaient des principes trop larges pour s’appliquer pertinemment à cette question ».
Une offensive maçonnique dans les pays de tradition protestante
On a envie de dire : « Fermez le ban ! », car toute l’argumentation anti-chrétienne (et maçonnique) en la matière se trouve condensée dans ces quelques phrases par l’ancien plus haut prélat d’Angleterre, et tout y est faux. Tu ne tueras point (la vie innocente) se trouve dans la Bible et s’applique sans exception dans tous les cas de figure. L’enseignement chrétien est constant en la matière. Et la question de l’euthanasie pour apaiser les souffrances ne date pas d’aujourd’hui, ni ne dépend des progrès de la médecine, au contraire, les agonies de jadis, bien documentées, l’attestent. Mais Carrey s’occupe plus « d’amour humain » que d’amour surnaturel, de charité et de foi chrétienne et a incité ses collègues à produire une loi permettant « le choix d’une personne à sa mort », à l’image de « la société de compassion » qu’il appelle de ses vœux, et à s’aligner sur l’Oregon, la Californie, l’Australie et la Nouvelle Zélande qui ont déjà légalisé le suicide assisté.
Aux Pays-Bas, le suicide assisté pour les bébés et les vieillards
Dans cet ordre d’idées, le gouvernement néerlandais a annoncé en avril dernier l’accès à la « fin de vie » d’ici la fin de l’année aux enfants de un à douze ans, en cas de « souffrance insupportable et durable », et l’offensive en faveur de l’euthanasie se poursuit aux Pays Bas. Selon une étude qui vient de sortir, 58 des Néerlandais estiment que les vieux devraient être éligibles à l’euthanasie. Et un médecin sur cinq pense que ceux qui estiment avoir eu une « vie complète » devraient pouvoir utiliser le suicide assisté. C’est un changement révolutionnaire. Aujourd’hui, le suicide assisté n’est admis que pour des motifs (théoriquement) médicaux. La nouvelle revendication est d’étendre ce droit à ceux qui jugent en avoir terminé avec la vie, à condition qu’ils aient passé l’âge de 75 ans. Pourquoi cette limite ? Parce que ce sera, à la prochaine étape, l’âge légal du « départ », non pas à la retraite, mais de ce monde ?
L’euthanasie pour ceux qui « en ont terminé avec la vie »
L’euthanasie est de plus en plus « acceptée » par la société néerlandaise, et de plus en plus pratiquée. La part croissante (un sur cinq) des médecins néerlandais qui jugent le serment d’Hippocrate désuet et veulent euthanasier ceux qui ont eu « une vie complète » tient, selon le professeur Agnes van der Heide, qu’ils prennent en compte « l’expérience » de leurs patents. Un gériatre affirme : « Je peux très bien imaginer que vous en ayez assez de la vie. Et je ne serai certainement pas négatif là-dessus. (…) Ces gens, je veux qu’ils puissent s’allonger dans leur lit et recevoir une injection, et ne plus s’embêter avec un tas de médicaments ». Voilà une procédure expéditive propre à rééquilibrer les comptes sociaux !