Dimanche, à Dubaï, en marge d’une conférence intitulée Arab Strategy Forum, le secrétaire général de l’OPEP, le Libyen Abdallah al-Badri, a dénoncé l’effondrement actuel des cours du pétrole, mettant en cause la « spéculation » de certains pays, puisque, a-t-il expliqué, les fondamentaux du marché pétrolier, notamment l’offre et la demande, ne peuvent, à eux seuls, justifier une telle situation.
« Nous voulons connaître les raisons réelles qui ont conduit à un telle chute des cours du brut », a déclaré Abdallah al-Badri devant la presse. « L’offre et la demande ont connu une hausse légère qui n’explique pas cet effondrement de 50% », a-t-il poursuivi, en expliquant que la poursuite de cette baisse continue ne pourrait signifier qu’une seule chose : « La spéculation contribue fortement à pousser les prix à la baisse. » Cette situation ne peut être le fait de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, a-t-il souligné, puisque le plafond de « production de l’OPEP n’a pas changé depuis dix ans », à savoir une production de « quelque trente millions de barils » par jour.
Chute du pétrole : la faute à la « spéculation»
Se dédouaner, c’est bien. Pointer du doigt un responsable, c’est mieux, et ça crédibilise le propos de l’OPEP. Aussi a-t-il affirmé que, à l’inverse de l’OPEP, les pays producteurs non-membres de l’organisation ont augmenté de quelque six millions supplémentaires de barils par jour leur offre sur le marché, ce qui a évidemment contribué à la chute des cours, notamment sur le marché américain.
Abdallah al-Badri a tout de même justifié la décision prise fin novembre par les pays de l’OPEP de ne pas diminuer leur production. « Nous avons alors convenu qu’il était important de continuer la production [aux niveaux habituels] pour la (…) période à venir, a-t-il affirmé. La décision a été le fruit d’un consensus de tous les ministres. Elle a été prise. Nous n’en dévierons pas. » Dont acte ! Mais il faut tout de même se souvenir que ce jour-là, c’est-à-dire le 27 novembre, les cours avaient fortement réagit à cette annonce le l’OPEP, le Brent perdant 6,65% d’un seul coup. Il est donc un peu délicat de prétendre que l’OPEP n’a nulle part dans la chute actuelle des cours. Disons plutôt que cela convenait bien à l’organisation à ce moment-là, et notamment pour contrer les Américains – ce qu’Abdallah al-Badri nie… – qui venaient d’augmenter leur propre production. Mais ensuite, la machine s’est manifestement emballée…
L’OPEP dénonce… les autres
On le voit clairement ces derniers jours. Car, dans la foulée de l’effondrement des cours du brut, les places boursières des monarchies pétrolières du Golfe ont poursuivi dimanche leur chute ; ce qui leur est particulièrement préjudiciable dans la mesure où la manne pétrolière constitue la plus grande part, et pour certaines la quasi-totalité de leurs revenus.
Pour autant, Abdallah al-Badri estime qu’aucune réunion de l’OPEP ne serait, actuellement, en mesure de changer quoi que ce soit au prix du pétrole. Il envisage même, au contraire, que de nouveaux projets de production, s’ils étaient décidés, puissent faire bondir le pétrole « jusqu’à 147 dollars le baril ». D’un extrême l’autre, en quelque sorte. Mais qu’on ne lui parle pas de responsabilité de l’OPEP, puisque l’organisation n’a pas fixé, elle, de cours pour le pétrole. Pourtant, en ne voulant pas entendre parler de réduire sa production, l’OPEP influe forcément sur les marchés, et d’autant plus qu’elle vient de réviser encore à la baisse ses prévisions pour 2015, la demande devant descendre, selon elle, à un niveau qu’elle n’avait pas connu depuis douze ans.
En clair, l’organisation ne prévoit pas d’amélioration de la situation sur le marché pétrolier à courte échéance…