« La Paix au rendez-vous ! » Le festival international du MRJC du 2 au 5 août joue la carte de l’écologie et du multiculturalisme. Où est Jésus ?

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De jeunes catholiques ruraux, cela existe encore, ce machin-là ? Un petit tour des paroisses les plus agricoles de France suffira à vous convaincre que seuls les « seniors » fréquentent encore la messe du dimanche dans le pays profond, et quelle messe ! Mais le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC), tout comme son pendant allemand, le KLJB, recrute encore à coups de prises de position progressistes et d’événements du même métal. C’est du 2 au 5 août 2018 que les deux mouvements de jeunesse rurale organisent conjointement à Besançon une rencontre internationale baptisée Rendez-vous 2018 !, un Festival international pour la paix où se sont concentrées toutes les tartes à la crème de la bien-pensance contemporaine. De l’art contemporain à la réflexion… je vous le donne en mille… sur « le changement climatique et les conflits qu’il entraîne », tout est conçu pour faciliter les échanges en mode multiculturel, sur le ton de l’écologie. 5.000 jeunes sont attendus. On se demande où ils vont les pêcher. « La Paix au rendez-vous ! » a pensé à tout, sauf à Celui qui seul peut la donner, Notre-Seigneur Jésus-Christ.
 
Le but est donc de promouvoir « la paix et la coopération entre les peuples », comme au meilleur temps des mouvements de jeunesse communiste, sauf qu’ici, les jeunes sont chrétiens. Ils vont réfléchir à l’agriculture et à la souveraineté alimentaire, à l’écologie et à l’environnement, aux initiatives de démocratie locale, aux accords de libre-échange et à leurs impacts, au « travail du futur », à l’installation en milieu rural, et aux modèles économiques alternatifs qui fleurent bon les ZAD et les longs cheveux mal lavés.
 

« Rendez-vous 2018 » : un festival international du MRJC

 
Voir des gens de cet âge-là se préoccuper de construire de leurs mains, de monter des projets, de s’intéresser au monde de la ferme ne saurait être qu’enthousiasmant. Voire… Derrière le côté patronage, il y a en effet un parti pris globaliste et pro-européen soutenu par la supposée « paix en Europe » grâce à la construction de l’UE. Quel rapport avec le christianisme ? Aucun, celui-ci a été explicitement rejeté puisque les racines chrétiennes de l’Europe ne sont pas reconnues et que « leur » Europe promeut le massacre de ses propres enfants et de ceux du reste du monde à travers son militantisme pro-avortement.
 
D’ailleurs, on n’y parle pas d’abord du christianisme (et encore moins de la religion catholique), mais « des religions ». Et la toute première matinée de conférences plénières propose ce thème incontournable : « Comment le changement climatique mène au conflit et à la guerre ? » Indispensable mise en condition…
 
Pour le dimanche, on a pensé à une « célébration eucharistique », dont il est précisé qu’elle est « ouverte à tous », entre deux matchs de foot, de beach volley, badminton ou de tennis, sans compter une « course d’orientation » dans La Malcombe où il s’agit de rechercher « des messages de paix » en attendant de participer à une initiation au hip-hop ou au graff, des « arts urbains » à la portée des péquenauds. Ladite messe, célébrée par Mgr Jean-Luc Bouilleret, évêque de Besançon, s’inscrit pleinement dans la multiculturalité : « Tout est fait pour que chacune, pour que chacun, quels que soient ses croyances, s’y retrouvent et y prennent une place. Évêque ou laïc et quelle que soit notre foi ». Parmi les aspects les plus choquants de ce festival, et Dieu sait s’il y en a, c’est sans aucun doute le pire, puisque de fait, il s’agit de relativiser la Présence réelle de Jésus-Christ dans l’hostie lors du saint sacrifice de la messe.
 
Comme il y a aussi bien des francophones que des germanophones, ce festival explicitement chrétien organise un atelier de speed dating (en français, un site de rencontres express) où les participants peuvent s’initier à la langue de l’autre assez efficacement pour aboutir à l’échange des numéros de téléphone, comme le précise le programme de 72 pages.
 

Paix et multiculturalisme

 
Mais comme il s’agit de saluer toutes les cultures, le programme prévoit également une initiation au Qi Gong, technique millénaire de la médecine traditionnelle chinoise qui promet d’amener les participants à préserver leur paix intérieure. La méditation devant le Saint-Sacrement, c’est décidément trop ringard. D’ailleurs, sortant de là, les jeunes pourront aller s’initier au Wuo Taï, « mélange harmonieux de mouvement elliptique à deux, au sol » : c’est « la rencontre entre la danse, l’ostéopathie et le massage thai » pour « éveiller la conscience kinesthésique ». Les mauvais esprits sont priés de se taire.
 
Côté dynamique de groupe, on propose un exercice sur la construction de la réalité ou « les participants vivent comment une idée préconçue peut mener à des perceptions différentes ». Bien sûr, c’est l’identité qu’il s’agit de gommer : une animation interculturelle, le jeu du Baranga propose d’aider à « comprendre et apprivoiser les différences culturelles pour fonctionner efficacement dans un groupe multiculturel ». Et dire que c’est réservé à 25 personnes, pas une de plus !
 
Passons sur les concerts, ce n’est pas l’essentiel. Les points forts de ces journées se concentrent dans des ateliers autour de cinq thématiques avec des animations qui se dérouleront aussi bien au lycée laïque Victor Hugo ou au centre diocésain de Besançon.
 
Ce serait trop long de tout décrire, on se lasserait vite, mais il serait dommage de ne pas signaler la grande « assemblée de la paix » qui aura lieu samedi matin, en présence de Paul Quilès (« ancien ministre de la défense contre les armes nucléaires ») et de « trois grand.e.s témoins pour la paix », parce qu’ici on s’exprime en langage inclusif.
 

Le festival international pour la paix du MRJC, un grand moment de conscientisation écologique

 
Il serait dommage tout autant de ne pas dire un mot de l’atelier film J’ai pas voté : une œuvre qui « revient sur le principe même du vote et de la démocratie représentative, et montre que ce système est parfaitement calibré pour empêcher le peuple d’avoir le moindre pouvoir sur les lois qui seront créées par la suite ». On aimerait être une petite souris. Mais l’esprit contemporain de la lutte des classes est en réalité partout. Au théâtre forum, on apprendra que « le langage est une des premières formes de domination ». A l’atelier « riche et pauvre », la question est posée, sous forme de défi : « Vous êtes pauvres ? Alors c’est de votre faute ! Quiconque travaille a assez d’argent. » Et la réponse est donnée : « Découvrez comment lutter contre ses préjugés et contribuer à un monde plus juste. » Où l’égalitarisme tient lieu de justice et de charité.
 
Un autre atelier célèbre « La résistance anticoloniale au Cameroun d’hier à aujourd’hui » : « Que connaissons-nous des pays anciennement colonisés ? Les luttes contre la violence coloniale ont toujours existé. Mais qui sont leurs acteurs/actrices ? Nous partons ensemble sur les traces de résistant-e-s camerounais-e-s. »
 
Particulièrement croquignolet, l’atelier « La misogynie des religions » se décrit ainsi : « Sexistes, machistes, rétrograde, les femmes ont-elles une place dans les religions ? Rencontre avec des femmes pasteurs, lamas, théologienne,… pour confronter les vécus de femmes et l’engagement de chacune dans sa religion. »
 
Sensiblement à la même heure, le vendredi matin, un atelier sur la doctrine sociale de l’Eglise planchera sur Laudato si’ en compagnie de Bruno-Marie Duffé, prêtre lyonnais et secrétaire du dicastère pour le développement humain intégral, et de la communauté Sant’Egidio, en première ligne pour l’accueil enthousiaste des migrants en Italie. Rome donne tout son appui à ce cirque…
 
Rien de tout cela ne serait complet sans un atelier en allemand sur « conservation (sic) et extrémisme de droite ». « Les groupes extrémistes de droite s’engagent également à protéger la nature et l’environnement… les idéologies antidémocratiques et les schémas de pensée seront identifiés et les options d’action discutées », proclame l’annonce de cet atelier qui se déroulera en la maison diocésaine de Besançon. On est presque soulagé de découvrir un atelier de « fabrication de Comté » ou de réparation d’engins agricoles.
 

L’Eglise catholique soutient de festival international où l’on planchera sur les droits LGBTQI

 
Car entre la visite à la synagogue et le temple protestant, les participants risquent également de se retrouver à l’atelier sur la théologie de la libération. C’est, annonce le programme, « un courant de pensée théologique chrétienne venu d’Amérique latine, suivi d’un mouvement socio-politique, visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus et les libérant d’intolérables conditions de vie. Avec la mission de France, venez découvrir une théologie inspirante » : l’atelier se tient bien sûr à la maison diocésaine et se déroulera en même temps que celui intitulé « S’engager dans un camp de migrants ».
 
Deux autres ateliers se aborderont la question LGBTQI et « homophobie et transphobie au quotidien » – fait déjà relevé par nos amis du Salon beige, et c’est à juste titre. Hélas, ce n’est que la pointe d’un iceberg de pensée relativiste et de rejet du dogme et des traditions. L’homophobie, il s’agit de savoir « Comment l’apercevoir, comment lutter pour que tou.te.s puissent vivre en étant considéré pour ceux.celle qu’ils.elles sont ! » Ça n’a ni queue ni tête ? Normal. On est en plein refus de l’identité vraie.
 
D’ailleurs les groupes pro-LGBT comme « David et Jonathan » sont à l’honneur à l’atelier « Je suis gay, lesbienne, bi ou trans est catholique et alors ? » « Ni putes ni soumises » animent un autre atelier sur « L’égalité homme-femme et la discrimination de genre » tandis que la CIMADE Besançon fait réfléchir sur « les stéréotypes du racisme » sous le titre « Travail d’arabe ! ».
 
Mais pour mieux comprendre où tout ce petit monde veut véritablement aller, il faut se pencher sur l’atelier FR170, « Les cultures animistes en Afrique, à la découverte d’une (sic) rapport à la nature ». C’est à la maison diocésaine que se déroule cet atelier capital, animé par Damien Deville, doctorant en géographie de la nature, et Weilian Zhu (« Ayya », un mouvement qui se bat pour « des coexistences harmonieuses entre humains et non humains »). On est là au cœur des nouvelles spiritualités panthéistes que l’on cherche à répandre parmi les jeunes au nom de la lutte pour les droits de la nature. Il y a fort à parier qu’elles seront présentes lors du synode sur les jeunes à l’automne à Rome, en attendant le synode pan-amazonien d’octobre 2019 qui se passionne déjà pour les spiritualités primitives dans son document préparatoire.
 
Qui organise et qui paie cet événement supposément catholique ? Si Jésus est absent, et la croix tout autant, l’Eglise donne son assentiment à la rencontre par la présence d’un Bruno-Marie Duffé ou de l’évêque du lieu, par le mécénat et le partenariat de la conférence des évêques d’Allemagne, du diocèse de Besançon… Auxquels s’ajoutent le département du Doubs, la région Bourgogne Franche-Comté, le préfet du Doubs, la ville de Besançon, l’association Erasmus, la radio chrétienne RCF, l’association judéo-musulmane de France, l’ACAT et bien d’autres, y compris l’Observatoire de la laïcité… Mais encore Mgr Jacques Habert, du diocèse de Séez.
 
Ces journées officiellement organisées et soutenues par l’Eglise catholique s’annoncent désespérément horizontales, centrées sur le social et la politique (de gauche bien entendu), altermondialistes et ouvertes à la seule spiritualité interreligieux et panthéiste que tolère le globalisme en général. En clair : on se moque de ces jeunes en quête d’idéal, et on s’apprête à leur donner des pierres alors qu’ils ont besoin de la Parole de Dieu.
 
La conférence des évêques de France continue-t-elle de subventionner le MRJC, coorganisateur de cet événement à bien des égards scandaleux ? Aux dernières nouvelles, en avril, il semble que c’était le cas – et il n’y a pas eu de démenti depuis. Après l’affaire de la prise de position du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne en faveur de l’avortement, une mise au point et une mise au pas s’imposaient pourtant. On attend toujours.
 

Jeanne Smits