Pakistan : les chrétiens manifestent après un double attentat meurtrier contre des églises

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Lundi, les écoles chrétiennes du Pakistan sont restées fermées en signe de deuil, après le double attentat-suicide des talibans pakistanais, dimanche matin, contre deux églises du principal quartier chrétien de Lahore, au Pendjab – 17 morts et des dizaines de blessés. Mais les manifestants, eux, ne sont pas restés silencieux.
 
Ils étaient plusieurs milliers, ce même jour, à défiler sous des pancartes aux titres choc : « Pourquoi nous tuez-vous ? », « Laissez-nous vivre »… Interpellant tout à la fois les talibans et le gouvernement accusé de n’en point faire assez. Avec le petit millier de policiers déployés dans le quartier, les accrochages ont été inévitables – douze personnes ont été blessées, une autre a perdu la vie. Dimanche déjà, deux hommes soupçonnés d’être liés aux kamikazes avaient été lynchés.
 

Deux attentats dans deux églises à quelques minutes d’intervalle

 
Les deux attentats avaient visé, à quelques minutes d’intervalle, l’église catholique Saint-Jean et l’église du Christ, affiliée à l’Église du Pakistan (en partie protestante) situées à 500 mètres l’une de l’autre, à Youhanabad, quartier de la banlieue sud de Lahore où vivent environ 130.000 chrétiens. En cette fin de matinée de dimanche, les deux paroisses étaient pleines. Venus à moto, les terroristes ont été pris à partie à l’entrée des lieux de culte par trois jeunes chrétiens qui leur ont demandé leur identité. Ils ont commencé à faire usage de leurs armes de poing, avant de déclencher leurs ceintures d’explosifs.
 
On imagine le carnage sans le dévouement de ces jeunes gens, ces « jeunes martyrs », a dit l’archevêque catholique de Lahore, Mgr Sebastian Shaw, qui sont parvenus à empêcher les meurtriers de franchir le seuil des églises.
 
Peu après, c’est une faction issue de la mouvance talibane du Tehreek-e-Taliban, qui a revendiqué l’action terroriste, « une mise en garde ». En novembre dernier, ce groupe avait déjà revendiqué un attentat-suicide particulièrement sanglant (60 morts et 200 blessés), commis à Wagah, l’unique poste frontière ouvert entre le Pakistan et l’Inde.
 

Les chrétiens à la peine au Pakistan

 
Ce double attentat est le plus meurtrier commis contre la communauté chrétienne du Pakistan, depuis celui qui avait été perpétré le 22 septembre 2013 contre l’église de Tous-les-Saints de Peshawar et qui avait fait plus de 80 morts et 150 blessés. Pour le ministre pakistanais de l’Intérieur, Chaudhry Nisar, il témoigne de la « frustration » des insurgés islamistes, dont les capacités ont, selon lui, été « mises à mal » par les récentes offensives de l’armée et du pouvoir exécutif. Et qui s’attaquent désormais à des cibles plus vulnérables, comme les lieux de cultes ou les écoles – en témoigne le raid atroce en décembre dernier contre une école de Peshawar qui avait fait 154 morts, dont plus de 130 écoliers.
 
Les chrétiens sont aussi et surtout l’image de l’Occident pour ces talibans, qui les haïssent, tout autant qu’ils cherchent à renverser ceux qui les tolèrent – car il ne s’agit vraiment que de tolérance dans ce Pakistan musulman à 98%. Et la réponse du gouvernement n’est visiblement pas suffisante.