Questions autour du prochain voyage du pape François à Cuba puis aux Etats-Unis

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Du 23 au 27 septembre, le pape François se rendra à Cuba puis aux Etats-Unis. L’occasion pour lui de poser le pied aux Etats-Unis pour la première fois de sa vie, et de visiter Washington, New York et Philadelphie. Mais le pape François sera également le premier pape de l’Histoire à parler devant les deux chambres du Congrès réunies, tandis qu’il rencontrera par ailleurs le président Obama et s’adressera à l’assemblée générale des Nations unies et participera au rassemblement mondial des familles. Ce voyage à Cuba et aux Etats-Unis pose de nombreuses questions, mises en évidence par la presse conservatrice américaine notamment.
 
Pour les médias, la grande interrogation demeure le sujet de son intervention au Congrès. Son inlassable dénonciation du capitalisme, son refus de condamner clairement le communisme, le soutien qu’il apporte à la lutte contre le changement climatique et pour le « développement durable » des Nations unies, son appel à la mise en place d’une autorité politique mondiale font partie des sujets soulevés.
 

Le pape François s’exprimera devant le Congrès des Etats-Unis : questions autour de son intervention

 
Ses admirateurs socialistes ne cessent de se demander si le pape François est marxiste, malgré son insistance à affirmer l’inverse. La question reste posée : quel sera l’axe principal de l’intervention du pape devant les deux chambres du Congrès ? La presse dans son ensemble fait ses paris.
 
The Atlantic s’attend à une critique du capitalisme et à un appel renouvelé à lutter contre le changement climatique, The Times prévoit un appel au désarmement nucléaire et à un changement radical dans la politique migratoire américaine. De son côté, le Huffington Post affirme que le pape réclamera une transformation du marché libre en une économie plus socialiste. Mais tous s’accordent à dire que le voyage du pape à Cuba, qui précédera celui aux Etats-Unis, sera décisif.
 
Nombre de commentateurs prêtent au pape un rôle central dans le rapprochement de Cuba et des Etats-Unis, qui s’est concrétisé en décembre dernier par un rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Pour le Washington Post, cette nouvelle visite a pour but d’accélérer la réconciliation et d’encourager le gouvernement Castro à accélérer les réformes dans l’île.
 

Cuba libère 3.522 prisonniers avant le voyage du pape François, certains parlent de manipulation

 
D’autres sont moins optimistes et relativisent les « changements » affichés par la dictature cubaine. Le gouvernement cubain a annoncé vendredi dernier la libération de 3.522 prisonniers pour fêter la visite du pape François. Pour l’ancien prisonnier politique Sebastian Arcos, la décision n’est que « du maquillage ». Il explique : « La réalité est que les prisons cubaines sont surpeuplées, et qu’elles le sont depuis des années puisque nous parlons d’un Etat policier, un Etat policier répressif dans lequel presque tout est considéré comme un crime. Avant les récentes réformes économiques, vendre des cacahuètes à un coin de rue de La Havane était un crime. »
 
Officiellement, la raison du voyage papal est la participation au rassemblement mondial des familles, à Philadelphie. Lancé en 1994, ce rendez-vous est organisé dans une ville différente tous les trois ans, et vise à discuter des défis que doivent relever les familles dans la société moderne. Certains relèvent que la visite du pape se fait quelques jours après qu’il a décidé de faciliter le processus d’annulation de mariage. Ironie involontaire ?
 

A Cuba et aux Etats-Unis, le pape François très attendu sur les questions politiques, le climat et la famille

 
Le professeur Roberto de Mattei, de l’Université européenne de Rome, estime en effet que les nouvelles règles instaurées par le pape François « infligent une blessure grave au mariage chrétien » et annoncent une nouvelle ère du « divorce catholique ».
 
Cette nouvelle décision est d’autant plus critiquée qu’elle suit d’autres actions récentes du Vatican apparemment favorables à la reconnaissance de certains remariages après divorce ou aux unions homosexuelles. L’année dernière, le pape François a écarté de Cardinal Burke de son poste de préfet au Vatican, après que ce dernier avait critiqué publiquement certaines propositions du cardinal Kasper et de ses proches qui ont tenté de les imposer au synode extraordinaire sur la famille en octobre dernier. D’autres voix hostiles à ces changements se sont élevées, sans que pour l’heure le pape François n’ait dénoncé clairement les auteurs des propositions qui contredisent frontalement la doctrine catholique.
 

Béatrice Romée