Le pape François, ethnarque arc-en-ciel

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Aux premiers siècles avant et après Jésus-Christ, on a nommé « ethnarque » (« celui qui commande la nation, l’ethnie ») le chef du peuple juif. Ainsi, après la prise de Jérusalem par Pompée en 63 av. JC, le titre fut-il donné à Hyrcan II qui le cumula avec celui de grand prêtre. Archélaos, fils d’Hérode le Grand, le porta aussi de – 4 à + 6, ainsi qu’Hérode Agrippa de 41 à 44. Le mot, utilisé par l’historien juif Flavius Josèphe et par saint Paul, suggère une autorité à la fois temporelle et spirituelle. Quelque chose qui rappelle le pape François, si l’on prend garde en même temps à son ouverture au monde arc-en-ciel et ses efforts en vue d’un œcuménisme et même d’un certain syncrétisme, qui se traduisent paradoxalement par l’éloignement d’un grand nombre de chrétiens – qu’ils soient orthodoxes et asiatiques, catholiques et africains, ou évangélistes et américains. Le pape François ne rassemble plus que la pointe moderniste des « chrétiens » d’Europe, qu’ils s’affilient à Rome, à Cantorbéry ou aux églises protestantes. C’est pourquoi le titre d’ethnarque de l’arc-en-ciel lui conviendrait bien.

 

Le pape François champion de l’ouverture sans frontière

Situé aux franges les plus modernes de Vatican II, le pape François a multiplié depuis le début de son pontificat les signes les plus éclatants de son ouverture au monde, tant vers les athées (première interview à la Reppublica), que vers les divorcés (Amoris Laetitia), les homosexuels, que contre la tradition (Traditionis Custodes), la religion de l’écologisme (Laudato si’, Laudate Deum), la transformation complète de la vie de l’Eglise (synodalité), les relations avec la Chine communiste, bref, le grand chambard général pour acculturer l’Eglise au monde. Et sa relation avec l’Amazonie (dont il avait adopté une croix aborigène arc-en-ciel) et la Pachamama laissait clairement entrevoir une volonté de syncrétisme. Comme d’un autre côté, dans la tradition hélas lancée par Jean-Paul II, il se plaisait aux réunions et prières communes avec des « grands responsables » de « grandes religions », on se prenait à pronostiquer à voir éclore, sinon une gouvernance mondiale des religions, du moins des rencontres plus ou moins formelles à cet effet.

 

Le candidat de l’ONU et de l’arc-en-ciel

On se souvient que, en accord avec les franc-maçonneries anglosaxonnes, Nicolas Sarkozy, président, après avoir caressé son électorat catholique dans le sens du poil en prenant solennellement possession de son siège de chanoine de Saint Jean de Latran en 2007, avait prononcé à Riyad en 2008 devant le roi d’Arabie saoudite un discours sur la laïcité positive et la nécessité pour les « grandes religions » (id est, nommément citées, christianisme, islam, judaïsme, bouddhisme) de « civiliser la globalisation », sous réserve que ces religions se soumettent à « la loi de la République » (universelle), ce qui a été fait pour les catholiques depuis 1905 et ce qu’un Mohamed Ben Salman a pour mission de faire advenir dans l’islam. En 2014, l’ancien premier ministre israélien Shimon Pérès invitait le pape François à prendre « la tête d’une ONU des religions » pour « s’opposer aux terroristes qui tuent au nom de la foi » et parce qu’il est « peut-être le seul leader respecté ».

 

L’ethnarque d’un occident déchristianisé

Bref, après avoir joué le choc des civilisations, voici venu le temps de la synthèse des religions en vue de la gouvernance mondiale. On a vu que les innombrables « ouvertures » du pape François s’inscrivaient dans cette stratégie. Mais, paradoxalement, elles l’ont enfermé dans une vision complètement ONU-centrée, arc-en-ciel, exclusive des mentalités considérées comme archaïques. En Amérique du Sud, cela fait beau temps que le catholicisme moderniste a rejeté une grande partie du peuple vers l’Evangélisme. Et Fiducia Supplicans provoque la même fuite en Afrique, où les évêques s’opposent frontalement au pape, et à l’Est, où les chrétiens s’affligent. Durant le seul mois de mars, les Coptes ont cessé un dialogue avec Rome pourtant bien avancé, et les Orthodoxes, par le biais de la Commission synodale biblique et théologique de Moscou, ont nettement condamné Fiducia Supplicans. Alors que l’arc-en-ciel rêvait de le propulser patron spirituel de l’œcoumène de l’ONU, le pape François a réussi à couper du reste des Chrétiens une Eglise catholique à la remorque des dérives les plus ordinaires du protestantisme, par l’intermédiaire des « catholiques » du nord de l’Europe. En somme un tout petit monde arc-en-ciel, une nation occidentale dont la foi se trouve mieux chantée dans Imagine, de John Lennon, que dans le Credo, un peuple avide d’imposer sa loi à l’univers dont il est devenu volens nolens l’ethnarque, au grand dommage de l’Eglise Universelle.

 

Pauline Mille