Un nouveau péché, et un nouveau concept : à l’occasion de la deuxième Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création instituée par le pape François, celui-ci a publié un message sous le titre « Usons de miséricorde envers notre maison commune ». Miséricorde ? Elle est pour les pécheurs, pour ceux qui ont mal agi, pour ceux qui ont besoin d’être lavés dans le sang du Christ. Elle est pour les pauvres et les petits. Mais voici que la miséricorde va s’exercer, c’est ce que veut le pape, à l’égard de la matière. Curieux glissement. En fait, il s’agit de l’épargner, de la protéger face à son prédateur : l’homme, ou du moins l’homme tel que le voient les écologistes. Il va falloir nous faire pardonner notre contribution au réchauffement climatique. C’est le nouveau péché qui fait son apparition dans les examens de conscience prônés par le pape jésuite.
On ne l’accusera pas, lui, de pécher par naturalisme : son message s’ouvre sur un hommage à Dieu pour sa Création, « l’œuvre merveilleuse qu’Il a confiée à nos soins », mais c’est en vue d’invoquer l’aide divine « pour la protection de la création et sa miséricorde pour les péchés commis contre le monde dans lequel nous vivons ». N’y aurait-il pourtant là nulle confusion entre la nature et la grâce quand le pape demande l’aide divine pour des actes qui n’en ont nul besoin, dans lesquels la blessure de la volonté conséquente au péché originel n’a quasiment nulle part ?
Message pour la Journée de prière pour la sauvegarde de la création
Cela existe-t-il, des péchés contre le monde, ou contre la nature ? Sans doute l’incendiaire qui fait partir volontaire en fumée des hectares de forêts commet-il un mal considérable. Le gaspillage, l’irrespect de ce monde matériel confié à l’homme pour l’assister sur sa route vers l’autre, celui qui ne se corrompra jamais, font partie des comportements non nul ne prétendra qu’ils sont vertueux.
Mais on notera d’abord dans ce long message le point de vue œcuménique qui est mise en avant d’emblée : c’est l’union avec les orthodoxes, avec toutes les Eglises chrétiennes dans une grande « interreligiosité » et en saluant le très contestable Conseil Mondial des Eglises pour promouvoir « la justice environnementale » et la valorisation « du monde dans lequel nous vivons comme lieu de partage de communion ».
Ce qui est tout de même une manière de dévaloriser la communion, la vraie, qui est union au Christ.
Le pape continue de croire fermement au réchauffement climatique, « en partie à cause de l’activité humaine » qui est donc responsable de « sécheresse, inondations, incendies et événements météorologiques extrêmes toujours plus graves ». « Les changements climatiques contribuent aussi à la crise poignante des migrants forcés » : est-ce donc pour cela que des milliers de proches orientaux et d’Africains se pressent vers l’Europe pour rejoindre les millions déjà sur place ? L’Afrique serait-elle tout à coup devenue un four inhabitable ?
Le pape invente un examen de conscience pour un nouveau péché
C’est en s’alignant sur le discours du patriarche œcuménique de Moscou Bartholomée, qui joue décidément un rôle central dans la « politique » de François, que celui-ci qualifie le « crime contre la nature » de « crime contre nous-mêmes et péché contre Dieu ».
Tous ces péchés que « jusqu’à maintenant nous n’avons pas su reconnaître et confesser »… L’heure est à la « conversion écologique ». La conversion à Dieu, c’est ringard ! La concupiscence, l’avidité ont changé de nom. Il nous faut comme hier « changer de vie », mais cette fois à travers des « attitudes et des comportements concrets… faire un usage raisonnable du plastique et du papier, ne pas gaspiller l’eau, la nourriture et l’énergie électrique, trier les déchets, traiter avec soin les autres êtres vivants, utiliser les transports publics et partager un même véhicule entre plusieurs personnes, et ainsi de suite ».
Que le ciel va être facile à gagner ! Si je jette ma bouteille en verre (fi des sodas emballés dans du PVC) dans le conteneur adéquat, si je prends le bus avec valise et poussette, si je m’inscris à Blablacar parce que mon sens de l’économie l’aura emporté sur mon amour de la conduite, et que je baisse le chauffage d’un cran, et surtout si je cesse d’écrire dans des journaux papier qui iront grossir les invendus de Presstalis, mon salut sera bien mieux assuré !
Le réchauffement climatique et les œuvres de miséricorde selon François
D’ailleurs les œuvres de miséricorde, corporelle et spirituelle, vont s’enrichir d’une huitième pour chacune d’elles : « la sauvegarde de la maison commune ». Ce seront « les simples gestes quotidiens » comme ceux évoqués plus haut, et « la contemplation reconnaissante du monde », dont on ne conçoit pas qu’elle va remplacer la contemplation reconnaissante de Dieu. Mais il s’en faut de peu.
Le message s’assortit d’un programme politique : le pape demande que l’économie et la politique, la société et la culture soient « d’urgence réorientées vers le bien commun », ce qui constitue somme toute une demande traditionnelle de la part de l’Eglise qui ne se mêle pas du comment mais du « pour quoi ». Mais c’est ce bien commun qui est politiquement et temporellement redéfini en y intégrant la notion de « dette écologique » du Nord à l’égard du Sud :
« Sa restitution demanderait de prendre soin de l’environnement des pays plus pauvres, leur fournissant des ressources financières et une assistance technique qui les aident à gérer les conséquences des changements climatiques et à promouvoir le développement durable », assure François.
Le langage vous rappelle-t-il celui de l’ONU ? Eh bien, vous n’avez pas tort, le pape poursuit, reprenant le concept de « maison commune », introduit par le communiste Gorbatchev : « La protection de la maison commune demande un consensus politique croissant. En ce sens, c’est un motif de satisfaction qu’en septembre 2015 les pays du monde aient adopté les Objectifs de Développement durable, et que, en décembre 2015, ils aient approuvé l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui fixe l’objectif exigeant mais fondamental de contenir l’augmentation de la température globale. Maintenant les gouvernements ont le devoir de respecter les engagements qu’ils ont pris, tandis que les entreprises doivent assumer leur part de façon responsable, et il revient aux citoyens d’exiger qu’il en soit ainsi, et qu’on vise même des objectifs toujours plus ambitieux. »
Des ODD de l’ONU aux enseignements du Christ
Que les Objectifs du Développement durable de l’ONU relèvent de la compétence propre du pouvoir temporel – qui ne passe pas forcément par un organisme international – ne semble pas entrer en considération. Bien pire : le pape est ici en train de promouvoir des « Objectifs » au nombre desquels l’accès à la santé reproductive – dans le langage de l’ONU sinon dans celui de ses traités, cela comprend la contraception et l’accès à l’avortement sûr et légal –, l’égalité de genre, et les principes de non-discrimination qui toujours dans le langage de l’ONU incluent les « droits LGBT ».
La visée supranationale des souhaits du pape François est également manifeste : il s’agit pour les Etats de s’entendre et même se soumettre à l’ONU qui impose son « consensus politique » à propos du climat et du développement pour considérer l’homme comme l’ennemi de la nature.
La question de la dimension morale des actes ayant des conséquences sur la nature mérite certes d’être posée. Mais on est ici dans un registre délibérément horizontal ou la disparition d’une espèce ou un changement de climat semble plus grave que le mépris de la loi de Dieu, du Décalogue, qui omet ces « péchés » écologiques.
Faut-il se confesser quand le mercure monte ?
Après tout, s’il y a des catastrophes naturelles – catastrophiques en ce qu’elles font souffrir l’homme, car pour le reste les grands bouleversements de la nature sont, précisément, naturels – ce n’est pas parce que la voisine a laissé sa fenêtre ouverte pendant que le chauffage fonctionnait ou parce que le patron de votre boîte affectionne les grosses cylindrées, et qu’en passant il donne du travail aux ouvriers qui participent fièrement à leur construction.
C’est parce que la loi de Dieu est bafouée. S’il y a des déséquilibres dans la nature depuis Adam et Eve – et pour les hommes, et même pour les hommes innocents, cela entraîne des souffrances, tout comme le péché entraîne les injustices – c’est parce que l’alliance originelle a été rompue par la faute de la créature. Aussi le message du Christ est-il clair, pour ce qui est de nos besoins matériels : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît. »
S’acheter une bonne conscience à coups d’anti-gaspi et de conseils d’économie de grand-mère n’est pas ce qui réglera le problème du monde. Le monde souffre d’avoir rejeté Dieu, de ne plus l’adorer, de ne plus garder sa Loi. Seule l’Eglise du Christ peut rappeler cela dans sa plénitude. Si elle ne le fait plus, qui le fera ? Vos estis sal terrae…