Coopérative pour l’euthanasie : les Pays-Bas créent un nouvel accès pratique à la « mort choisie »

Pays-Bas accès mort choisie
 

« Coöperatie Euthanasiezorg » : c’est la nouvelle association pour l’évaluation des demandes d’euthanasie et de leur exécution qui fonctionne depuis début janvier aux Pays-Bas, pour faciliter l’accès des patients à la « mort choisie ». Organisme de coopération fondé par des médecins, il regroupe d’ores et déjà neuf médecins indépendants spécialisés dans les « soins d’euthanasie » (belle contradiction dans les termes) qui sont habilités à donner le deuxième avis médical requis, à côté de celui du médecin soignant, pour qu’un feu vert soit donné et que la mise à mort d’un patient n’encoure pas de sanction pénale. Grands habitués des piqûres létales, ces médecins se proposent aussi pour administrer l’euthanasie au cas où le médecin traitant n’y serait pas disposés.

L’idée a germé en 2023 parmi des médecins ayant travaillé pour le Centre d’expertise de l’euthanasie, et qui cherchaient à proposer aux médecins une manière d’« externaliser » celle-ci de manière institutionnelle tout en évitant aux praticiens d’avoir à passer par un contrat de travail, l’obligation de travailler avec des infirmiers désignés comme l’exigeait le Centre d’expertise. A quoi s’ajoutait la volonté de pouvoir négocier en tant qu’association avec les sociétés d’assurance maladie pour fixer les indemnités à percevoir.

Le groupe mettait aussi en avant l’avantage de pouvoir fournir un numéro de téléphone facilement accessible aux médecins en quête de conseils ou d’aide au passage à l’acte.

 

Une coopérative pour les « soins » d’euthanasie

A l’époque, il était déjà question des personnes demandant l’euthanasie pour des raisons de souffrance psychique, plus difficile à obtenir dans le cadre de la médecine générale : le Centre d’expertise s’en occupait déjà mais les listes d’attente étaient longues…

Début décembre 2024, la coopérative de médecins a conclu son premier contrat avec une société d’assurance, ouvrant la voie à la fourniture d’euthanasies dès le 1er janvier de cette année. Deux autres sociétés d’assurance maladie devaient suivre, selon le médecin qui dirige la coopérative, Harry van Schooten. Ce dernier estimait alors que cette annonce de prise en charge des actes liés à l’euthanasie faciliterait l’arrivée de nouveaux médecins. De fait, deux médecins se sont ajoutés au premier groupe de sept.

L’accord du premier assureur, DSW, n’a au fond rien d’étonnant : un patient euthanasié est patient qui ne coûte plus rien. Et, a priori, gros consommateur de soins, sinon il n’en serait pas là…

Un porte-parole de DSW a d’ailleurs fait savoir de manière assez candide que cette société considère la coopérative comme un parti capable de « soulager les soignants de première ligne lors des soins d’euthanasie » alors que « la pression sur les soins en général s’accroît ». « Tout cela contribuera à ce que les soins restent accessibles aujourd’hui et à l’avenir et à assurer la continuité », a déclaré le porte-parole. « Coöperatie Euthanasiezorg a indiqué vouloir apporter une contribution en vue de raccourcir les longues listes d’attente des soins d’euthanasie et parce que nous reconnaissons cette problématique, nous les soutenons dans cette mission. Car c’est le type de problématique qu’on ne souhaite à personne au cours de leur dernière phase de vie », a-t-il ajouté.

Peut-être pensait-il in petto à l’expression néerlandaise : opgeruimd staat netjes (quand on range, ça fait place nette). Le français est plus direct : « Bon débarras. »

 

L’euthanasie progresse aux Pays-Bas : tout y concourt

Deux demandes d’euthanasie ont à ce jour été prises en charge par la coopérative, dès les premiers jours de son existence ; toutes deux avançaient des raisons psychiatriques et mobiliseront à ce titre des psychiatres qui doivent donner leur avis dans ce type de dossier.

La coopérative vient s’ajouter à une autre structure avec laquelle elle est en lien, Netwerk Euthanasiezorg (Réseau de soins d’euthanasie) dont le mode opératoire est différent : dans son cadre chaque médecin sollicité conclut un contrat avec le médecin de famille du patient en vue de l’acte. A ce jour, le Réseau a effectué vingt euthanasies et suit toujours une dizaine de dossiers, mais les médecins qui s’en occupent se plaignent de ne pas recevoir une rémunération suffisante au vu du travail effectué, comme le fait de prendre connaissance du dossier médical du candidat dans son entier, alors que le médecin de famille le connaît déjà. DSW se montre plus généreux…

Où l’on voit que l’euthanasie est aussi une affaire de gros sous.

 

Jeanne Smits