Philco : quand l’électroménager fait la publicité de l’euthanasie

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Philco Argentine, filiale d’Electrolux, est une marque d’électroménager qui a d’audacieux « créatifs » de publicité : dans un clip assez bien torché sur les vieux appareils qu’il faut débrancher pour en acheter un neuf, ils font en réalité la réclame de l’euthanasie.
 
La lumière est crépusculaire, la voix « off » du récitant épuisée, la scène se passe au couchant de l’extrême Occident, juste avant la nuit, juste avant la mort. L’image et le son, comme toujours dans la publicité, sont étudiés, soignés. La publicité est la poésie aujourd’hui, adressée au peuple pour le manipuler. Les premiers mots prononcés sont : « l’euthanasie des choses », et tout ce que ce court poème dit et montre est un hymne au débranchement des objets, considéré comme une grâce.
 

Derrière les objets inanimés de la publicité de Philco : l’âme

 
Bien entendu, ces objets inanimés ont une âme, comme l’avait noté Lamartine, qui s’attache à notre âme et l’induit à aimer le propos de l’auteur de la publicité, Mercado Mac Cann. Il vend évidemment la mise au rebut de l’électroménager hors d’usage pour pousser le client à acheter du nouveau Philco, mais il suggère tout autre chose, et sa publicité doit se lire dans le contexte de la promotion de l’euthanasie en Argentine depuis cinq ans.
 
En 2012, le sénat a voté une loi permettant de mourir « dans la dignité ». Or la dignité est l’un des maîtres mots du clip Euthanasie. Et bien que le slogan attaché à la marque d’électroménager Philco soit « Une technologie à vivre », la publicité de Mercado Mac Cann engage plutôt le spectateur à mourir dans la dignité. Elle commence ainsi : « L’euthanasie des choses : le droit de quitter ce monde avec grâce. D’être déconnecté, coupé, débranché une bonne fois pour toute. »
 

L’euthanasie pour préserver de « l’indignité »

 
Sans doute la présentation de la publicité faite à la presse parle-t-elle « d’humour » et de « problèmes quotidiens » visant à montrer comment « les gens peuvent s’attacher à leur électroménager de tous les jours », mais l’on sent moins l’humour prétendu qu’un éloge accablé de la déréliction, une espèce de transposition transparente des naufrages du grand âge. Toutes les fonctions, tous les sens, sont HS : le poste de radio ne sent plus le « beat », le grille pain crame les toasts, l’aspirateurs est à bout de souffle, la machine à laver fuit et lâche l’eau sous elle. Tout cela s’oppose à la dignité de l’homme dont la machine est l’image. Notre devoir est d’être « pieux », de préserver les objets, et ceux qu’ils représentent poétiquement, de « l’indignité ».
 

Débrancher l’électroménager et l’homme hors d’usage

 
L’intention anthropomorphique se manifeste dans le vocabulaire : ainsi le fer à repasser est-il dit « plus ridé » (ou froissé) que le linge qu’il repasse – or il est parfaitement lisse, sur l’image. Le mot ridé suggère la main de celle qu’il représente. La dernière image ne montre d’ailleurs pas d’appareil électroménager hors d’usage que l’on jette mais une prise que l’on débranche – c’est avec le même geste qu’on met un terme à la vie des grabataires. Les hommes et les objets ont le droit de « reposer en paix » – tels sont les derniers mots de la publicité.
 
Les multinationales participent activement à l’enseignement au public de la morale mondialiste. Nous le savions déjà pour ce qui est LGBT friendly, et pour ce qui touche à « l’antiracisme » et au « vivre ensemble ». La participation de Philco, par sa publicité, à la campagne pour l’euthanasie me semble néanmoins une première remarquable.
 
Pauline Mille