Mathilde Panot, présidente du groupe de la France Insoumise à l’Assemblée nationale et Manon Aubry, porte-parole de l’ONG écologiste Oxfam France, co-présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen, ont passé en douce (si peu) plusieurs centaines de pilules abortives en Pologne, où l’avortement demeure interdit sauf cas particuliers (viol, inceste, danger pour la santé de la mère). Cette opération qu’elles ont organisée avec l’ONG polonaise Abortion Dream Team, et qu’elles ont médiatisée elles-mêmes avec leurs smartphones, visait à faire pression sur le législateur : en Pologne, le président Tusk a promis « d’assouplir » la loi mais ne trouve pas de majorité pour le faire. La constitutionnalisation de l’avortement à la française demeure un anti-modèle. Ce qui contraste avec l’intention politique, l’extrême gravité de l’acte et l’emphase du propos d’Aubry et Panot est le ton, l’ambiance, de leur escapade à Varsovie, comme un week-end entre filles en goguette, un canular d’étudiantes.
Pilule d’avortement en Pologne : Aubry et Panot se rêvent héroïnes
Les propos sonnent, elles se voient en héritières de Gisèle Halimi. Aubry lance : « Il y a quelques dizaines d’années, quand le droit à l’avortement n’était pas légal en France, les femmes françaises venaient en Pologne avorter. Eh bien maintenant, on fait marcher la solidarité dans l’autre sens. » Solidarité n’est pas le bon mot : pour un crime, on prononce complicité. C’est comme le nom de « collectif » de Pologne, Abortion Dream Team, il faut être sérieusement siphonnée pour associer à l’avortement l’idée de dream team, équipe de rêve ! Mais en bonnes militantes d’extrême gauche, nos députées venues de France n’ont aucune notion de ce qu’est la réalité. En donnant 300 pilules abortives aux Polonaises, Panot a récité son mantra pro-choice : « Nous apportons directement de quoi aider les femmes qui souhaitent mettre fin à une grossesse, parce que quelle que soit la situation, le corps des femmes n’appartient ni à l’Etat, ni à l’Eglise, mais aux femmes et à elles seules. » Comme si le mot appartenir à avait ici un sens, et comme si la question qui sous-tend cet acte de foi tordu était pertinente.
Des filles anti-modèles jouent à la dînette avec l’avortement
Mais plus intéressantes que ces déclarations sans surprise sont les attitudes et les images qui ont accompagné la sortie en Pologne des deux filles anti-modèles. On les voit assises plus ou moins commodément à même le sol (on n’a plus vingt ans, mais il faut faire comme avant) d’un appartement d’aspect très militant. Auparavant, Manon Aubry s’était filmée ouvrant un petit sac et disant « On amène des centaines de pilules abortives en Pologne ou l’IVG est interdit ! » – ce qui montre chez cette fille de bobos une bien pauvre maîtrise de la langue, interruption étant féminin, et le mot amener ne s’étendant pas aux choses dans ce sens. Peu importe ! Ce qui compte, c’est de faire sourire les followers en filmant, tout juste avant de passer la frontière, le « crime » d’Aubry et Panot, qui ont « caché » les pilules dans leurs bagages pour les passer « en toute discrétion ». Le tout entre enfantillage revendiqué et petit frisson qu’on se donne, comme si l’on traversait encore le rideau de fer.
Aubry et Panot, députées criminelles en Pologne, pays ami
Nos deux parlementaires ont apparemment oublié qu’elles occupent des postes d’autorité dans des assemblées élues. Et qu’elles représentent en quelque sorte la France, même si l’on peut le déplorer. Leur intense « émotion » au moment de commettre leurs petits crimes et délits entre militantes, leurs minauderies, sont le signe d’une mentalité infantile et d’une sensibilité détraquée. Car il faut rappeler que l’avortement, qui est toujours un meurtre où qu’il soit pratiqué, demeure en Pologne un crime s’il n’entre pas dans un nombre limité de cas. Sans doute Mathilde Panot et Manon Aubry se sont-elles vantées de profiter d’un « vide juridique » : en Pologne, s’il est punissable d’apporter de l’aide à une femme qui veut avorter, celle-ci demeure libre de pratiquer seule l’avortement chez elle. Mais nos deux grosses malines anti-modèles ne semblent pas s’aviser que leurs trois cents pilules constituent une aide caractérisée, et qu’elles auraient pu être arrêtées en flagrant délit et conduites menottées au poste de police le plus proche. Avec l’extrême gauche révolutionnaire, on navigue en permanence entre l’atroce et l’infantilisme.