Porsche loue la Chapelle Sixtine

Porsche Chapelle Sixtine
 
C’est une première : le pape François a donné son feu vert pour que Porsche loue la Chapelle Sixtine à des fins privés. Le « Travel Club » du constructeur de voitures de luxe et de course Porsche a obtenu cette autorisation assortie de conditions : les 40 touristes fortunés participant à un tour d’Italie organisé par la société débourseront jusqu’à chacun 5.000 euros pour écouter, ce samedi et le suivant, un concert sous les fresques de Michel-Ange. La recette, que le Daily Telegraph évalue à 200.000 euros, est destinée à des organisations caritatives travaillant avec les pauvres et les SDF, choisies par le pape lui-même.
 
Le concert sera donné par un chœur de l’Académie de Saint-Cécile dont les origines remontent au XVIe siècle ; à l’issue de sa prestation au sein de la chapelle qui abrite les conclaves et qui est et demeure un lieu de culte, les participants se rendront dans une autre salle des musées du Vatican pour un dîner de gala.
 
Ce n’est certes pas la première fois qu’un concert est donné dans la Chapelle Sixtine – il y en a eu en l’honneur de Jean-Paul II et de Benoît XVI – mais la location à une compagnie privée est semble-t-il inédite depuis sa construction entre 1473 et 1484. Sans être ouvertement commerciale, puisque les fonds récoltés transiteront vers les « pauvres » par le biais d’un don versé par Porsche, l’opération contribue incontestablement au prestige du constructeur automobile qui s’en loue.
 

Porsche dans la Sixtine

 
On ose croire que le logo Porsche n’ornera pas la Chapelle ; par ailleurs, une porte-parole de la société a assuré qu’il s’agissait d’une « occasion unique, du genre que l’on rencontre une fois dans sa vie ». Pour autant rien ne permet d’assurer que l’opération ne sera pas réitérée avec d’autres.
 
Le Daily Telegraph fait le lien entre cette location qui a dû précéder de beaucoup l’annonce qui en a été faite, avec la volonté du pape François d’avoir « une Eglise pauvre pour les pauvres ». Mais qui a tout de même besoin des riches pour leur venir en aide.
 
Comme le disait Margaret Thatcher : « Personne ne se serait souvenu du Bon Samaritain s’il avait seulement de bonnes intentions : il avait de l’argent aussi. »
 
Mettre les immenses richesses artistiques de l’Eglise au service des nécessiteux ? Pourquoi pas. Tout le monde trouve normal de payer pour les visites de musées, et cela se fait déjà depuis longtemps, avec un succès aujourd’hui démesuré : le directeur des musées du Vatican, Antonio Paolucci, vient même d’estimer qu’il faudrait limiter à 6 millions le nombre de visiteurs annuels pouvant passer par la Chapelle Sixtine, peut-être par le biais de réservations préalables. Mais de là à en faire une salle de concerts exclusifs…
 

La Chapelle Sixtine ? Trop stylée !

 
Au moins les touristes auront-ils l’assurance d’être accueillis dans un « cadre stylé », comme le dit le prospectus de Porsche Travel Tours.
 
Et qu’écouteront-ils ? La Petite messe solennelle de Rossini, qu’il qualifiait lui-même de « péché de vieillesse ». On peut avoir de la tendresse pour cette jolie œuvre mais se demander si son style très XIXe sied au décor…