Poutine conclut des accords avec la Corée du Nord et le Vietnam

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Un accord d’« assistance mutuelle » d’un côté, des accords de coopération tous azimuts de l’autre : Vladimir Poutine, en tournée de visites d’Etat dans l’Est asiatique, s’est rapproché de la Corée du Nord et du Vietnam, deux républiques socialistes – communistes et marxistes – historiquement proches de l’ex-URSS et toujours dans la sphère d’influence de Moscou.

C’est dans le pays le plus totalitaire du monde que, flanqué de Kim Jong-un, le président russe a signé un engagement d’assistance mutuelle en cas d’« agression », un pacte stratégique d’une force semble-t-il inédite depuis la fin de la guerre froide – même si la lettre de l’accord n’a pas été rendue publique. Les deux hommes l’ont en tout cas présenté comme renforçant considérablement des relations déjà amicales. Outre la sécurité, il prévoit une coopération tous azimuts : sécurité, échanges commerciaux, investissements, domaines culturels et humanitaires. « L’humanitaire » façon Pyongyang laisse songeur, dans ce pays qui manque de tout.

 

La Corée du Nord et le Vietnam, deux pays socialo-communistes

Les deux leaders n’ont pas révélé quels étaient leurs engagements sur le plan militaire, même si leur alliance « défensive » laisse imaginer une assistance via les armes et les forces armées. On s’interroge ainsi sur l’éventualité de livraisons de munitions nord-coréennes à Moscou qui en manque pour sa guerre en Ukraine. Dans le même temps, l’apport d’assistance économique et technologique russe peut profiter à la Corée du Nord, puissance nucléaire qui ne cherche qu’à se consolider.

Cela faisait 24 ans que Poutine n’avait pas rendu visite à la Corée du Nord, et il l’a fait en déclarant au préalable que les liens entre les deux pays seraient renforcés « que les gens l’apprécient ou pas ». Il a également affirmé que la nouvelle alliance ne serait pas « agressive » et qu’elle n’était dirigée contre quiconque, mais qu’elle avait pour objet d’assurer « une plus grande stabilité dans la région nord-est de l’Asie ».

La stabilité, on l’aura compris, c’est le maintien d’une « démocratie populaire » communiste, athée et persécutrice de chrétiens… Et l’amélioration de relations déjà excellentes avec un des seuls chefs d’Etat au monde à soutenir ouvertement l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

 

Poutine conclut des accords et redore son blason (en rouge)

Jeudi, Poutine est arrivé à Hanoi où il a été reçu par le nouveau président du Vietnam, To Lam. Les deux hommes ont signé des accords de moindre portée que ceux adoptés chez Kim Jong-un ; sur fond de haie d’honneur d’enfants en uniforme brandissant des drapeaux, comme en Corée du Nord, le président russe s’est rendu au palais présidentiel pour donner l’accolade à son homologue vietnamien. Les deux hommes visent une « coopération rapprochée et effective » dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, de la technologie, de l’éducation, de la sécurité et du commerce.

Pour le coup, c’est la Russie qui est le grand fournisseur en armes de son voisin méridional, mais elle a tout intérêt à ces accords qui la sortent de l’isolement créé par le mandat d’arrêt contre Poutine de la Cour criminelle internationale de La Haye. Comme le Vietnam voit parallèlement ses relations s’améliorer avec l’OTAN, y compris sur le plan de l’équipement militaire et l’achat de patrouilleurs maritimes, on peut imaginer que le rapprochement avec Moscou ne va pas sans risques. L’ambassade des Etats-Unis à Hanoi a déjà critiqué l’ouverture vietnamienne à la Russie.

 

Anne Dolhein