Le Front de la préférence antinationale est sorti de Terra Nova

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Le Front républicain, l’alliance électorale de la carpe d’extrême-gauche et des lapins du centre et de la droite d’argent qui a fait barrage au sentiment populaire pour imposer la préférence antinationale incarne un point de vue trotskiste sur la révolution en cours. Au dix-neuvième siècle, Marx avait choisi le prolétariat comme classe révolutionnaire pour abattre le vieux monde : Trotski et son disciple Alinski en Amérique ont observé que certaines minorités (féministes, homos, trans, immigrés, etc.) faisaient mieux l’affaire aujourd’hui. C’est en agitant ces minorités qu’Obama, dès 2008 a conquis le pouvoir et l’a exercé. A la même époque a été lancé en France un laboratoire d’idées socialiste et progressiste, Terra Nova, qui, pour faire avancer la gauche, le progressisme, la révolution, préconisait d’abandonner le prolétariat français au profit de nouvelles minorités. C’est ce grand remplacement des forces révolutionnaires, qui prend acte du Grand Remplacement et qui l’aggrave, qui est à l’origine du macronisme et de la victoire du Front républicain au deuxième tour des législatives.

 

Terra Nova, le gratin de la mouvance antinationale

Fondé par un énarque socialiste disciple de Rocard et Strauss-Kahn, Olivier Ferrand, financée d’abord par des subventions publiques puis par de grands groupes industriels, Terra Nova regroupe universitaires, politiciens, hauts fonctionnaires et dirigeants d’entreprise désireux de fournir au camp « progressiste » des idées pour se renouveler. Parmi ses membres, on a pu noter Rocard, Delanoë, Cohn-Bendit, Olivier Poivre d’Arvor, Rokhaya Diallo, Valérie Atlan, épouse du journaliste Claude Askolovitch, collaboratrice tant de Mélenchon que de Manuel Valls, Michel Wieworka, Patrick Weil, Olivier Duhamel, Mathieu Pigasse, Jean Peyrelevade ou le commissaire européen Joaquin Almunia. Ce club a fait parler de lui en publiant en 2011 une note de 82 pages intitulée : « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? » L’Humanité l’a vivement critiquée alors, de même que Jean-Luc Mélenchon, qui, selon Charlie Hebdo, se proposait de « fracasser Terra Nova ». Aujourd’hui, il en applique la stratégie et en profite électoralement.

 

Le Front républicain remplace le peuple par les minorités

La note qui choquait tant les héritiers de l’ouvriérisme constatait ce que tous les instituts de sondage notaient depuis des années : que les ouvriers, et plus généralement les classes populaires françaises avaient abandonné le PS, le PC et la gauche, pour voter en faveur des populistes, c’est-à-dire à l’époque pour le Front national. Selon Terra Nova, une première rupture entre la gauche et les ouvriers avait eu lieu dès 1968, entraînant celle-là vers le « libéralisme culturel ». Terra Nova affirmait en outre le « déclin démographique » de la classe ouvrière en France, jugeant le « discours politique de gauche ouvriériste » obsolète. Et, parmi les scénarios imaginés pour compenser la perte de l’électorat populaire français, Terra Nova recommandait aux progressistes de viser « les diplômés », « les jeunes », « les minorités des quartiers populaires » (ndlr : des immigrés) et « les femmes » (sans nommer encore les LGBTQ+), tous partageant censément « des valeurs culturelles, progressistes ». C’était, formalisé par des cerveaux de la deuxième gauche, le programme de la révolution arc-en-ciel.

 

La préférence des élites pour l’arc-en-ciel

Et cela colle exactement au résultat du premier tour des législatives, c’est-à-dire au vote positif du front républicain. Le RN l’emportait en effet chez les ouvriers et les employés, les autres, en particulier le NFP chez les cadres, le RN chez les peu diplômés, les autres, en particulier le NFP, chez les très diplômés, et si les femmes, poussées par l’insécurité croissante, votent plus RN qu’avant, elles ne sont que 32 % à l’avoir choisi contre 36 % d’hommes. En outre, alors que bourgs et campagnes choisissaient le RN, les banlieues immigrées ont voté massivement NFP. Terra Nova avait donc cent pour cent raison et le Front de la préférence antinationale a gagné sur sa stratégie. D’autant qu’au deuxième tour la bourgeoisie européiste et mondialiste, qu’elle soit macroniste ou bertrando-wauquieziste, a rejoint la gauche. Avec un certain déchet qui, n’adhérant pas à la préférence antinationale, a voté RN. C’est que la révolution a changé de couleur depuis Marx, l’arc-en-ciel a succédé au rouge : la « droite » et le « centre » sont tout aussi climato-gogos que Marine Tondelier et tout aussi « libéraux » en matière sociétale que Gabriel Attal. La coalition antinationale est la collusion de tous les arcs-en-ciel.

 

Pauline Mille