Les prêtres progressistes sont en voie d’extinction aux Etats-Unis

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Les prêtres qui se décrivent comme « progressistes » sont en voie d’extinction aux Etats-Unis : une enquête vient de révéler qu’une écrasante majorité des plus jeunes d’entre eux se présente au contraire comme « conservateurs/orthodoxes ». Le sondage, qui se présente comme le plus important sur le plan national depuis 50 ans, a été réalisé par “The Catholic Project”, un groupe de recherche de la Catholic University of America à Washington DC. Pas moins de 3.516 prêtres de 191 diocèses et éparchies ont répondu aux questions portant sur leur vie de prêtre, leur état psychologique et leur approche de la doctrine catholique.

Ceux qui se présentent comme « libéraux » ou « progressistes » ont pour ainsi dire disparu des cohortes les plus jeunes ; parmi ceux ordonnés après 2020, ils sont plus de 80 % à se dire « conservateurs/orthodoxes ». Les réalisateurs de l’enquête estiment que celle-ci apporte la preuve de l’existence d’un « fossé significatif » entre les prêtres les plus âgés et les plus jeunes sur le plan de l’auto-identification politique et théologique.

 

Les prêtres progressistes, ce sont les vieux

« En termes simples, la proportion de nouveaux prêtres qui se considèrent comme politiquement “de gauche” ou théologiquement “progressistes” n’a cessé de diminuer depuis le Concile Vatican II et a aujourd’hui pratiquement disparu », affirment les rédacteurs du rapport, qui précisent : « Plus de la moitié des prêtres qui ont été ordonnés depuis 2010 se considèrent comme conservateurs. Aucun prêtre ordonné après 2020 ne s’est décrit comme “très progressiste”. »

Selon les chercheurs, 85 % de la plus jeune cohorte se définissent comme « conservateurs/orthodoxes » ou « très conservateurs/orthodoxes » d’un point de vue théologique, et seulement 14 % se décrivent comme adoptant des positions « moyennes ».

Le rapport indique qu’à l’inverse, près de 70 % des prêtres ordonnés entre le milieu et la fin des années 1960 se décrivent comme plutôt ou très « progressistes ». En 2020, moins de 5 % des prêtres se considèrent comme tels.

Le rapport retient deux grandes dates à cet égard : à la suite du concile Vatican II, la proportion des prêtres se disant progressistes s’est considérablement élargie, une tendance qui s’est inversée de manière nette en 2002, lors de la mise au jour des cas d’abus sexuels des clercs sur les mineurs.

Eh oui, le progressisme est devenu ringard…

 

L’extinction du progressisme aux Etats-Unis n’est pas forcément une garantie d’orthodoxie

Evidemment, l’enquête ne dit rien sur la réalité de l’« orthodoxie » – comprise ici comme la pleine adhésion à tout ce que l’Eglise catholique demande de croire – de ces jeunes prêtres, dans un contexte de dégradation de la transmission de la foi. Du moins témoigne-t-elle de la volonté des plus jeunes de se conformer à la sûre doctrine.

CNA (Catholic News Agency), a interrogé plusieurs prêtres ayant des responsabilités dans des séminaires à ce sujet : ils confirment la tendance. Le recteur du séminaire Saint-Jean-Paul II à Washington DC observe parmi les séminaristes – dont il précise qu’ils n’ont pas nécessairement une préférence pour les pratiques dites traditionalistes – une volonté de totale fidélité à l’Eglise.

« Personne ne veut donner sa vie pour un point d’interrogation. » Ceux qui se présentent pour devenir prêtres sont « les plus soucieux de s’assurer qu’ils sont catholiques et qu’ils sont d’accord avec tout » ce que l’Eglise enseigne. « Ce sont des hommes qui aiment réellement le Seigneur et qui aiment l’Eglise », assure-t-il : « Des hommes qui ont vu la destruction opéré par le matérialisme séculariste. »

Le P. Bryce Sibley, chargé de la coordination de la formation intellectuelle au séminaire Notre-Dame de La Nouvelle-Orléans, a quant à lui constaté chez les jeunes séminaristes « un désir de certitude, de clarté, dans un monde où tout semble si fluide, si chaotique, si incertain ».

 

Les nouveaux prêtres « formés en ligne » avant d’arriver au séminaire

Il note en particulier que les nouveaux arrivants sont le plus souvent déjà conservateurs, ayant souvent été « formés » par des personnalités catholiques conservatrices en ligne. Aucun d’entre eux, ajoute-t-il, ne se définirait comme « progressiste ». Les prêtres les plus âgés, a-t-il observé, ont été formés à une époque où l’accent a été mis à tel point sur la pastorale « que les perspectives intellectuelles et orthodoxes étaient d’une certaine façon écartées ».

Alors que l’esprit de Vatican II inonde actuellement les enseignements du pape François, ainsi qu’on l’a vu notamment à l’occasion du récent synode sur la synodalité, il semble que les plus jeunes prêtres affichent moins de confiance envers le souverain pontife que leurs aînés (non sur le principe, sans doute, mais à cause de ce progressisme qu’ils rejettent). Le rapport constate ainsi que 67 % des prêtres de la cohorte des prêtres ordonnés depuis 2000 reconnaissent qu’ils attachent de l’importance à leur responsabilité vis-à-vis du pape, contre 82 % de ceux qui ont été ordonnés avant 1980. Cette proportion tombe à 64 % parmi les prêtres âgés de moins de 45 ans, contre 82 % chez les prêtres de plus de 75 ans.

Les bruits qui nous viennent actuellement de Rome sont à l’opposé de cette tendance observée parmi la jeune génération sacerdotale américaine. Il faut dire que les évêques, généralement plus âgés, font encore largement partie de ces générations souvent marquées par un rejet de la doctrine traditionnelle de l’Eglise et un activisme politique et social qui ne se soucie pas d’abord de la gloire de Dieu et du salut des âmes.

Bref, rien n’est joué.

 

Jeanne Smits