Cinq cents ans que ça dure… Mais c’est en 2024 qu’arrive le procès : un pub du Buckinghamshire, en Angleterre, est poursuivi en justice en raison de son nom et de son enseigne : « The Saracen’s Head ». Un homme qui se sent « profondément offensé » par cette « tête de Sarrasin » bronzée et enturbannée réclame 1.850 livres (2.230 euros) au propriétaire pour son caractère « raciste », de nature à « inciter à la violence ». Là où l’affaire trouve tout son sel, c’est dans l’identité du plaignant : Khalid Baqa, belle barbe rousse à la mahométane, le couvre-chef en maille blanche façon calotte, a passé quatre ans et huit mois en prison après avoir été jugé coupable en 2018 de « diffusion de publications terroristes » djihadistes, à l’entrée du métro londonien et même dans la chapelle du Royal London Hospital. Il avait déjà été condamné précédemment, en 2013, à deux ans de prison après qu’on eut trouvé chez lui du matériel de propagande extrémiste : alors employé de mairie en tant qu’agent des finances, il avait en sa possession des centaines de CD contenant entre autres des images de décapitations et d’explosions de bombes artisanales ; l’un d’entre eux fut découvert dans son ordinateur de bureau.
Kalid Baqa, donc, 60 ans, se promenait dans la pittoresque petite ville d’Amersham au nord de Londres lorsqu’il tomba sur l’auberge fondée en 1530 sous le vocable qui le fit frémir. Assez, en tout cas, pour demander une coquette somme…
A la Tête de Sarrasin : l’enseigne qui fait frémir un propagandiste du djihad
« Pendant que je traversais la zone à pied j’ai été choqué et profondément offensé par ce que j’ai vu. J’ai vu une enseigne de pub montrant un Arabe/Turc barbu mâle à la peau foncée et portant un turban, avec le sous-titre “la Tête de Sarrasin”. Cela a instillé en moi de l’inquiétude et de la peur puisque c’était clairement xénophobe, raciste et incitateur à la violence vis-à-vis de certaines personnes. Je me suis immédiatement plaint au pub et j’ai demandé l’enlèvement de l’enseigne », expose-t-il dans sa plainte.
Inutile de préciser que l’enseigne est toujours là ; d’ailleurs son tenancier, Robbie Hayes, 52 ans, a fulminé : « C’est une blague ! Ce pub s’appelle “The Saracen’s Head” depuis 500 ans. Il tente sa chance. Oui, bien sûr que ça m’inquiète – on ne sait jamais avec des gens comme ça. Personne n’est raciste dans ce pub ; nous ne croyons pas que l’enseigne soit raciste et le nom est tout simplement historique. Nous ne nous laisserons pas faire et nous ne changerons pas plusieurs siècles d’histoire juste parce qu’une grande gueule veut causer des problèmes. »
Le racisme au pub ne commencerait-il pas dans les chopes ?
Baqa s’est-il vraiment adressé au pub comme il le raconte ? L’a-t-il contacté à quatre reprises, comme il l’affirme encore ? Personne parmi les employés n’a trouvé trace de ce type de démarches de la part de cet islamiste chatouilleux.
En tout cas, il a le sens des affaires : si sa plainte devait prospérer, il pourrait s’attaquer tour à tour à la trentaine de pubs au Royaume-Uni qui portent le même nom, comme il l’a indiqué à la presse. Il a expliqué au tabloïde The Sun : « J’ai toujours été offensé par les noms de pub comme celui-ci mais ce n’est que tout récemment que j’ai découvert comment les interpeller en ligne. »
Il a cru judicieux d’ajouter : « Le terrorisme, tout ça, j’ai arrêté. »
Mais il n’en est pas encore à boire des pintes à la santé des Anglais qui l’accueillent dans leur beau pays, au point de l’héberger aux frais de Sa Majesté quand l’occasion s’en présente…