Robert Kennedy, rejeton aujourd’hui le plus en vue du « clan » politique éponyme aux Etats-Unis, n’a pas fait l’unanimité dans les milieux conservateurs américains lorsque Donald Trump l’a nommé au poste de Secrétaire d’Etat à la santé et aux services sociaux (HHS, Health and Human Services). Certes, l’ex-candidat à la présidentielle s’était désisté pour laisser la voie libre à Trump, et méritait bien cette récompense. Certes, il a son franc-parler en matière de santé publique. Il dénonce avec force l’absence de choix des parents face à des batteries de vaccins donnés au cours des premiers mois de vie de leurs enfants. Il accuse les aliments hautement transformés – qui forment une part importante du régime des Américains – de faire progresser une épidémie d’obésité et de maladies chroniques. Il a mis en avant les dangers de l’utilisation précipitée des vaccins ARNm. Et il entend s’en prendre aux abus de « Big Pharma »… Mais sur le plan du respect de la vie, il a tenu un discours pro-avortement, se disant favorable à la légalité de l’élimination des enfants à naître « jusqu’à la viabilité ».
Aux USA la question de l’avortement n’est pas absente du débat ; elle n’est pas un tabou comme en France où la moindre suggestion que l’on puisse s’opposer à la loi Veil ou qu’on veuille ne serait-ce qu’en limiter les effets vous exclut quasiment de la vie publique. De nombreux Etats ont interdit ou restreint l’accès à l’avortement depuis que la Cour suprême – avec ses juges nommés par Trump notamment – a rendu aux Etats leur droit de légiférer en la matière.
Les engagements pro-vie de Kennedy devant les sénateurs américains
Aussi, lorsqu’il a été auditionné à plusieurs reprises mardi par les sénateurs, il a été interrogé de manière pointue sur la question. Robert F. Kennedy a alors assuré qu’il veillera à ce que, de retour à la Maison Blanche, le président Trump rétablisse une série de politiques pro-vie qui sauveront les bébés de l’avortement.
Le sénateur pro-vie Josh Hawley du Missouri s’est publiquement réjoui de l’entretien qu’il a eu avec Robert Kennedy, assurant qu’ils avaient eu « une bonne discussion, en profondeur, sur les politiques pro-vie au HHS ». « Il s’est engagé auprès de moi à rétablir les politiques pro-vie du président Trump au HHS. Cela comprend le rétablissement de la politique de Mexico et la fin du financement par les contribuables des avortements au niveau national », a expliqué Hawley : « Il soutient le rétablissement de l’interdiction des fonds du Titre X destinés aux organisations qui promeuvent l’avortement. »
La politique de Mexico empêche les Etats-Unis de financer l’avortement et sa promotion à l’étranger ; « Title X » assure l’accès de chacun aux services de « santé reproductive » aux Etats-Unis.
Kennedy a également promis de revenir sur le démantèlement des exemptions religieuses sous Biden, pour permettre aux acteurs de l’assurance santé publique de ne pas concourir à l’avortement, a rapporté Hawley : « Il m’a dit qu’il pensait qu’il y avait beaucoup trop d’avortements aux Etats-Unis et que nous ne pouvions pas être le leader moral du monde libre avec des taux d’avortement aussi élevés. » Kennedy a également dit prévoir de rétablir l’objection de conscience pour les soignants, et il a déclaré que tous ses adjoints au ministère de la Santé et des Services sociaux seraient favorables à la vie, selon Josh Hawley.
Robert Kennedy ne se dit plus favorable à l’avortement jusqu’au terme
Les droits des pro-vie ont été fortement attaqués par l’administration Biden-Harris, radicalement pro-avortement.
Au début de cette année, Robert Kennedy avait abondé en son sens en se disant défavorable à l’imposition de limites à l’avortement, disant même que l’avortement devait pouvoir se pratiquer jusqu’au terme.
Quelle que soit la cause de son rétropédalage, son changement d’approche est notable. Il est clair qu’aujourd’hui aux Etats-Unis, les prises de position pro-avortement sont devenues problématiques, en tout cas dans le camp républicain, pour qui veut avoir un poste de haute responsabilité dans le domaine de la santé. Assez en tout cas pour qu’un homme comme Kennedy ait renoncé à exprimer des opinions qui semblent bien ancrées… Puisque cela va dans le sens de la justice et du bien, on ne va pas s’en plaindre, et les milieux pro-vie américains sont visiblement prêts à le prendre, désormais, au mot.