Un robot doté d’intelligence artificielle pourrait-il devenir président des Etats-Unis ?

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Zoltan Istvan, du parti transhumaniste.

 
Un candidat atypique se présente aux élections présidentielles aux États-Unis. Il s’agit de Zoltan Istvan, du parti transhumaniste, partisan d’un emploi accéléré de l’intelligence artificielle et de la recherche en vue de prolonger la durée de la vie humaine. Il a débattu ce week-end avec un robot lors d’une rencontre organisée par son parti en Californie. Il relevait ainsi le défi du groupe Watson for President qui verrait bien le super-ordinateur Watson d’IBM se lancer dans la course à la Maison-Blanche.
 
La campagne « Watson 2016 » est évidemment un gag, mais Istvan a choisi de prendre l’affaire au sérieux – assez, du moins, pour proposer un débat à l’ordinateur. Les promoteurs de Watson assurent que ses capacités à traiter d’énormes quantités d’information et de prendre des décisions bien pesées dans de multiples domaines en font un candidat idéal.
 

Un robot président des Etats-Unis : pourquoi pas, dit le parti transhumaniste

 
En tant que transhumaniste Istvan est le premier à penser qu’un ordinateur pourrait bien présider le pays, puisque selon lui l’intelligence artificielle peut véritablement dépasser les concurrents humains dont il fait lui-même partie.
 
Il s’en est ouvert à l’hebdomadaire Newsweek. « Historiquement l’un des grands problèmes des chefs politiques est celui-ci : ce sont des mammifères égoïstes. Un président à l’intelligence artificielle pourrait être véritablement altruiste. Il ne se laisserait pas circonvenir par des lobbyistes ni par ses désirs personnels. Je crois qu’en 2020 nous verrons déjà des robots à l’intelligence artificielle concourir pour la place de président, et ils voudront débattre et discuter de la politique. Il est peu probable que l’un d’entre eux puisse être suffisamment sophistiqué pour assumer le poste, mais je crois qu’en 2028, des robots pourront remplir des mandats politiques, la présidence y compris », a-t-il déclaré.
 
Il faut préciser qu’IBM Watson, le fabricant du super-ordinateur, ne se solidarise pas du tout avec ces propositions. Son porte-parole a fait savoir avec un brin d’ironie qu’aujourd’hui Watson se focalise sur d’autres tâches importantes, comme le fait d’aider des médecins à améliorer les soins médicaux et les professeurs à mieux enseigner. « Nous allons devoir décliner votre aimable proposition de débattre », a-t-elle déclaré.
 

L’intelligence artificielle au service des hommes, vraiment ?

 
Bien sûr la Constitution américaine n’envisage pas qu’un robot puisse un jour concourir aux élections présidentielles et précise – forte heureusement : « Nul ne pourra être élu président s’il n’est citoyen de naissance, ou s’il n’est citoyen des États-Unis au moment de l’adoption de la présente Constitution », ce qui exclut ipso facto les robots.
 
Mais c’est qu’il y a d’intéressant, c’est que la presse américaine puisse prendre une telle proposition un tant soit peu au sérieux. Elle ne manque pas d’ailleurs de rappeler les mises en gardes d’un Elon Musk directeur de Tesla, qui a averti que l’intelligence artificielle pourrait bien être plus dangereuse que l’arme nucléaire ; ou de Stephen Hawking estimant qu’elle pourrait aboutir à la disparition de l’humanité.
 
Les partisans de l’intelligence artificielle ont déjà trouvé une parade : ils proposent de créer une intelligence artificielle plus proche de celle de l’homme, capable d’« empathie ». Des programmes de recherche sont en cours. Certains d’entre eux proposent même de développer des robots possédant un sens « éthique ».
 
Zoltan Istvan lui-même reconnaît qu’abandonner le pouvoir à l’intelligence artificielle ne serait pas dénué de risques importants. Mais il ajoute : « En réalité l’intelligence artificielle ferait bien moins d’erreurs que les hommes en politique. Un “président AI” serait taillé sur mesure afin de pleinement représenter le plus grand bien pour le peuple et pour le pays dans son ensemble. »
 
Voilà un rêve fou que les progrès de la robotique interdisent cependant de balayer d’un revers de main, puisque la prise de décisions assistée par ordinateur s’installe déjà dans les habitudes humaines.
 

Anne Dolhein