Ce n’est pas de la science-fiction. Angela Kane, haut représentant de l’ONU pour le désarmement, estime que les robots-tueurs, programmés pour ouvrir le feu sans intervention humaine, ne sont qu’à quelques pas des champs de bataille. Les puissances militaires devraient s’accorder pour les interdire, a-t-elle déclaré. Elle estime notamment que les gouvernements devraient faire preuve de plus de transparence quant à leurs programmes de développement de ces nouvelles armes et qu’un veto préalable pourrait éviter que les choses n’aillent trop loin.
« Toute arme de guerre est terrible, mais une arme qui peut être lancée sans intervention (…) complique le problème et d’une certaine façon le déshumanise », a-t-elle jugé, dénonçant la marche vers une « guerre sans visage ».
Des précurseurs des robots tueurs déjà en service
Le programme, que les autorités britanniques se sont réservé le droit de développer, s’inscrit dans un contexte d’automatisation croissante en général et notamment dans le domaine des armées, ouvrant la porte à de nouveaux « crimes de guerre » facilités par l’absence de responsabilité personnelle.
Ces armes à visage inhumain existent déjà : c’est le cas des drones utilisés pour bombarder des cibles programmées – comme à Gaza – ou des robots de surveillance des frontières déployés par Israël, ou encore par les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan. Mais elles restent pilotées par des humains.
Les champs de bataille incluent de plus en plus de civils
Cependant, Huw Williams, de Jane’s International Defence Review, assure n’avoir aucune connaissance de programmes de fabrication de robots tueurs, ajoutant que même les machines les plus sophistiquées n’ont pas, aujourd’hui, la capacité d’agir de manière autonome. Au « mieux », elles pourraient réagir automatiquement à des mouvements ou à des obstacles, mais resterait le problème de la responsabilité, estime-t-il, ainsi que celui du contrôle sur les champs de bataille.
Les choses n’iront peut-être pas aussi vite que le craint Angela Kane. Mais la guerre inhumaine, la guerre sans visage est parmi nous depuis longtemps, et son poids s’est considérablement accru depuis le début du vingtième siècle d’après les polémologues : c’est celle qui tue aveuglément les civils, à travers des exécutants qui n’ont pas vraiment le choix.