Paola Roldán, la femme de 42 ans qui a obtenu la légalisation de l’euthanasie en Equateur à la suite d’un recours devant la Cour constitutionnelle de ce pays est morte lundi. Selon le correspondant local de France24, elle n’avait pas pu choisir le jour de sa mort. Elle a cependant fait mettre en ligne un dernier message sur Facebook le matin même en remerciant sa famille et ses médecins.
Paola Roldán Espinosa, voyageuse et activiste, militante féministe aussi, avait constaté en 2020 en donnant un cours de yoga que ses jambes ne la supportaient plus : elle avait rapidement subi un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique et s’était retrouvée handicapée à 95 %. Grabataire, dépendante d’un respirateur, elle était victime de fortes douleurs et souhaitait en finir avec sa vie, non sans mettre son combat « au service des autres », comme elle l’a expliqué sur les réseaux sociaux ou lors d’entretiens.
Son objectif était de voir reconnaître le caractère anticonstitutionnel de la loi pénale sanctionnant comme homicide celui qui donne la mort à une personne l’ayant demandée sans équivoque et se trouvant dans une situation médicale de lourde souffrance et sans espoir.
Paola Roldán est-elle morte par euthanasie ?
La presse locale pose la question de savoir si Paola Roldán a été effectivement euthanasiée ou si elle est morte de sa maladie.
Sa famille a publié un communiqué affirmant que « la lutte de Paola pour le droit à une mort digne et compatissante a laissé une marque durable sur notre société ». « Son courage et sa détermination ont balisé le chemin en vue d’un changement significatif de la loi équatorienne, afin que ceux qui se trouvent en phase terminale de maladie puisse avoir le choix de dire adieu avec dignité et sans souffrance inutile », poursuit le communiqué, selon lequel Paola « a quitté ce monde en paix, entourée de sa famille, en dédiant un “je t’aime” à ceux d’entre nous qui l’avons aidée ».
En Equateur, l’euthanasie peut même être « avolontaire »
Quelles que soient les modalités de sa mort, l’affaire Paola Roldán aura été l’occasion d’une évolution législative sans précédent, vu que les juges suprêmes équatoriens ont sommé les autorités sanitaires ainsi que le Parlement de mettre en place des dispositions inédites dans le monde. Toutes les lois d’euthanasie existantes insistent sur la volonté du patient, qu’elle soit exprimée au moment de la demande d’euthanasie ou par le biais de directives anticipées. En Equateur, un tiers va pouvoir demander l’euthanasie en tant que représentant de la personne qui ne serait pas capable d’en faire la demande. Voilà qui ouvre un large champ des possibles, puisqu’il peut théoriquement s’agir aussi bien d’une personne dans le coma, démente, handicapée, et pourquoi pas d’un enfant qui n’auraient pas les conditions de « vie décente » évoquées par l’arrêt de la Cour. Celui-ci cite simplement le coma ou l’état végétatif comme « exemples » de ces situations.
Chose extraordinaire, rien de tel n’était demandé aux juges qui ont pris cette décision lourde de conséquences ex officio, allant dans les détails pour décrire les conditions de dépénalisation de l’euthanasie sans rien laisser au législateur. Ils ont appelé cela l’euthanasie « avolontaire ». L’ensemble de la presse mainstream l’a ignoré.