L’immigration est une chance pour la France, entendait-on jadis. Aujourd’hui, ce sont tous les pays en manque de main-d’œuvre – notamment pour cause de déficit démographique – qui sont invités à accueillir largement les populations des « pays défavorisés » pour pourvoir les postes de travail qui peinent à trouver preneur autochtone, mais au Royaume-Uni en tout cas, l’addition est plutôt salée, s’il faut en croire l’Office for Budget Responsibility britannique (OBR), organisme indépendant on ne peut plus officiel chargé de l’analyse des finances publiques, lui-même financé par le Trésor public. Selon l’OBR, les travailleurs immigrés faiblement rémunérés pèsent sur les finances publiques dès leur arrivée, et auront coûté aux contribuables plus de 150.000 livres sterling chacun (près de 178.000 euros) lorsqu’ils auront atteint l’âge de la retraite d’Etat.
L’Office souligne que le travailleur moyen à faibles compétences et faibles revenus, venu en Grande-Bretagne à l’âge de 25 ans, coûte au gouvernement plus que ce qu’il contribue dès l’instant où il arrive. La facture cumulée s’élève à environ 151.000 livres sterling au moment où un tel travailleur peut prétendre à la pension d’Etat à l’âge de 66 ans.
Au Royaume-Uni, un migrant mal payé coûte 150.000 livres en fonds publics jusqu’à sa retraite
Supposant que ces travailleurs gagnent la moitié du salaire moyen, l’OBR souligne qu’ils représentent des dépenses plus élevées de la part des les services publics, en particulier la NHS (National Health Service, le système de soins public), que les modestes impôts qu’ils sont amenés à verser.
Les années de retraite de ces travailleurs font carrément exploser les compteurs, puisque selon l’OBR le coût de ces personnes pour les finances publiques s’élève à près de 500.000 livres si elles vivent jusqu’à 80 ans, et à plus d’un million de livres si elles vivent jusqu’à 100 ans.
En revanche, le travailleur moyen né au Royaume-Uni aura apporté aux finances publiques une contribution positive de 280.000 livres à l’âge de 66 ans, même en tenant compte des dépenses publiques d’éducation et de santé qu’il aura occasionnées avant de commencer à travailler. Et, logiquement, le travailleur immigré à revenus moyes paie plus d’impôts qu’il ne reçoit de services publics tout au long de sa vie, par rapport aux travailleurs nés au Royaume-Uni, n’y ayant été ni soigné ni éduqué.
Cela s’explique aussi par le fait qu’au Royaume-Uni, les migrants paient en outre des droits de visa et des frais de santé, que l’OBR estime à environ 12.500 livres pour un migrant titulaire d’un visa de travailleur qualifié qui s’installe au Royaume-Uni ; la plupart des migrants n’ont pas droit aux prestations sociales pendant les cinq premières années de leur séjour.
Les migrants au Royaume-Uni coûtent plus cher que la moyenne des Britanniques
Quant aux immigrés gagnant 30 % de plus que le salaire moyen, ils peuvent espérer apporter une contribution nette de 925.000 livres aux caisses du Trésor jusqu’à l’âge de la pension d’Etat. Ces personnes « représenteraient toujours un avantage net pour les finances publiques même si elles vivaient jusqu’à 100 ans », a déclaré l’OBR dans son dernier rapport sur les risques fiscaux.
En revanche, les projections à long terme de l’OBR en matière de fiscalité et de dépenses montrent qu’un travailleur migrant faiblement rémunéré arrivant à 25 ans et gagnant la moitié de la moyenne britannique devient moins avantageux sur le plan fiscal que le résident britannique moyen dès le début de la quarantaine.
Autant de chiffres qui vont inciter le nouveau Premier ministre travailleur, Keir Starmer, qui a déjà ouvert les hostilités contre les riches, les héritiers, les propriétaires immobiliers et les retraités surtout, à mettre en place une réduction de l’immigration peu qualifiée, alors que le gouvernement conservateur disparu dans la débâcle électorale début juillet a été incapable de réduire les arrivées de migrants, affichant un solde positif net de 764.000 personnes pendant son temps au pouvoir.
A qui la faute ? Aux employeurs, d’après Starmer : ceux-ci sont devenus d’après lui « trop dépendants » des travailleurs étrangers et ils « devraient toujours avoir le choix de recruter d’abord un travailleur britannique ». Les conditions pour immigrer ont pourtant déjà été durcies au début de cette année par le gouvernement Sunak et de nouvelles restrictions sont programmées.
Les redistributions coûtent cher
Mais il ne s’agit pas de donner raison aux Britanniques autochtones qui réagissent de plus en plus vivement devant la proportion croissante de migrants. Tout est affaire de calcul : selon David Miles de l’OBR, dans un scénario où tous les migrants gagneraient 50 % de moins que la moyenne au Royaume-Uni, le stock de la dette atteindrait 350 % du PIB en 2074, au lieu de 275 %.
Si au contraire tous les migrants gagnaient 30 % de plus que la population nationale, la dette n’atteindrait que 225 % du PIB au cours de la même période. Scénario des plus improbables, faudrait-il ajouter.
Les scénarios étudiés par l’OBR (et qu’on retrouve ici dans un graphique) révèlent dans leur ensemble que l’immigration représente un poids en termes de dépenses publiques, comme l’avait constaté, chiffres à l’appui, une étude d’un institut britannique privé et indépendant, l’Institute for Fiscal Studies.
Mais il faudrait tout de même ajouter une précision. Quand les travailleurs peu qualifiés et faiblement rémunérés « coûtent » à la collectivité, ce n’est ni plus ni moins que du socialisme en acte, de la redistribution voulue et recherchée. Il y a une certaine hypocrisie à passer cela sous silence. A moins que ce ne soit l’art dialectique de jouer sur les deux tableaux : mettre en place une économie de spoliation, en même temps que se crée du ressentiment entre les « classes » ; jouer noir (il faut des travailleurs étrangers), puis jouer rouge (ils nous coûtent trop cher), voire le faire « en même temps ».
Les migrants remplaceraient-ils les inaptes au Royaume-Uni ?
On notera pour finir qu’aujourd’hui, un nombre faramineux de Britanniques de toutes origines ne travaille tout simplement pas. Le Secrétaire conservateur au Travail et aux Retraites, Mel Stride, assurait en avril dernier au Telegraph que le nombre de personnes en âge de travailler et qui n’ont pas d’emploi mais n’en cherchent pas non plus a atteint un record de 9,25 millions depuis le covid. Parmi ces personnes « économiquement inactives », 2,8 millions sont en « longue maladie » (dont 717.000 personnes supplémentaires depuis le covid), soit deux fois plus que les personnes en recherche d’emploi. Et 53 % de ces malades sont victimes de « dépression, problèmes nerveux ou anxiété ».
Le Telegraph appelle cela une « crise de santé mentale » et, fait particulièrement affligeant, elle affecte un nombre croissant de jeunes : on a aujourd’hui plus de « chances » d’être déclaré inapte au travail à 20 ans qu’à 40. Et les durées de déclaration d’inaptitude au travail prescrites par les médecins ne cessent de s’allonger. Pour un coût public qui dépasse celui des écoles ou de la police…
C’est une autre forme de remplacement de population.