“Sacré Cœur”, de Sabrina et Steven Gunnell : allez le voir tant qu’il est encore en salles !

Sacré Cœur encore salles
 

Le film Sacré Cœur vient de dépasser les 50.000 entrées pour sa première semaine en salle : il affiche la meilleure moyenne depuis 2021 pour une sortie sur moins de 500 séances. Et c’est un petit miracle en soi, pour un film qui a pour seule ambition la plus grande gloire de Dieu, en faisant connaître son amour infini pour les hommes. Un amour tel que le Fils de Dieu s’est incarné et que son Cœur d’homme, brûlant de cet amour pour toujours, ne cesse de battre pour nous. La RATP a trouvé l’œuvre trop « prosélyte » pour accepter une campagne d’affichage dans les tristes couloirs de ses métros. Cela a attiré l’attention, remué les médias… et désormais dans toute la France, les cinémas ouvrent des salles, programment de nouvelles séances qui se jouent à guichets fermés, témoignant d’une double soif : celle de Dieu disant sa soif de l’amour des hommes, et celle de l’humanité. C’est elle qui anime et motive les réalisateurs Sabrina et Steven J. Gunnell, qui répète : « Le monde crève de ne pas se savoir aimé. »

Le parcours de Steven James Gunnell et celui de son épouse, Sabrina, est en soi une hymne à la Providence qui a abouti à la décision de ces deux artistes de produire et réaliser des films sur des thèmes religieux catholiques – depuis la vie de Charles de Foucauld à la trilogie Eternam sur « la vie du monde à venir » en passant par l’histoire de Gaspard, soldat de l’amour mort à trois ans et demi de la maladie de Sandhoff après avoir touché d’innombrables témoins de son regard d’éternité.

 

Sabrina et Steven Gunnell : une histoire providentielle

Si les Gunnell ont choisi de consacrer un long-métrage – où se mêlent documentaire, fiction, reconstitutions historiques – c’est à la suite d’une visite à Notre-Dame du Laus en août 2023. Eux qui en débordent d’ordinaire n’ont pas de projet ; ils participent, un peu par hasard, à une veillée de consécration au Sacré-Cœur, puis se voient pendant une quinzaine de jours comme harcelés de signes qui y renvoient encore et toujours.

Ou comme le dit leur appel sur CredoFunding : « Partant d’un constat de ce monde dans lequel nous vivons et d’un énième et récent fait divers lugubre… C’est la prise de conscience ! Entre les crises, les violences, les scandales, les crimes, les divisions, les guerres à nos portes, une jeunesse de plus en plus cruelle, des enquêtes sur des crimes sordides qui restent sans réponses et sans justices. Les Gunnell comprennent enfin que le Sacré Cœur veut son film !!! Mais cette fois-ci pour le grand écran ! » Et à l’instant même où ils prennent leur décision ils apprennent que le jubilé des 350 ans de Paray-le-Monial se déroule du 27 décembre 2023 au 27 juin 2025. « L’imprimatur du ciel », se disent-ils.

Il m’a fallu attendre mercredi soir pour aller voir Sacré Cœur, pour cause d’obligations diverses et de salles pleines. Choc et émotion dès la première image : le film est dédié au petit Emile Soleil, témoin et apôtre du bonheur éternel disparu en juillet 2023 à l’âge de deux ans et demi et retrouvé mort le Samedi Saint de l’an dernier… Et dont les parents ont une dévotion particulière à Notre Dame du Laus, où le portrait du petit garçon était exposé dans son sanctuaire depuis un mois pour demander des prières lorsque les Gunnell s’y sont rendus. Peut-être Emile a-t-il veillé, depuis là-haut, sur la réalisation de Sacré Cœur ?

 

Sacré Cœur : toutes les raisons d’aller voir ce film

Ai-je aimé ce film ? Oui et non. Oui parce qu’il cherche sans fard à communiquer l’amour fou du Christ pour l’humanité, à travers des témoignages poignants de personnes de toutes origines et conditions. On emporte avec soi les séquences d’un jeune homme souffrant d’une myopathie de Duchenne, qui fait avec douceur le lien entre l’amour de Dieu et la souffrance de la Croix ; celle d’une jeune fille complètement de notre temps relatant sa conversion par la messe avec des mots d’aujourd’hui ; celle d’un musicien mexicain né à Versailles débordant lui-même d’amour pour sa mère malade d’Alzheimer dont le regard perdu s’anime quand il est question de Jésus et qui ne disant plus rien sait quand même réciter le Notre Père… Ou encore le récit d’un ancien « jeune » – au sens de délinquant – de Bondy qui a retrouvé la foi et un sens à sa vie…

Oui parce que le film est imprégné de foi et communique, avec la charité insondable du Christ, l’espérance que celle-ci offre à tout homme, pourvu qu’il y ait une réponse à cet amour, et non un rejet.

Oui parce qu’à travers une reconstitution de la guerre des tranchées en 1917 il retrace la prise de conscience de George Desvallières de l’importance du Cœur Sacré pour la France, et la manière dont cet artiste l’a peint, à mille lieues des représentations doucereuses qu’on en voit trop souvent. Steven Gunnell l’écrit dans un message sur Facebook :

« O France, toi qui, comme un corps sans tête qui se tape contre les murs à chercher en vain une issue, écoute et accueille :
Comme Pierre, je n’ai ni or ni argent.
Mais ce que j’ai, je te le donne.
Et ce que j’ai c’est l’Amour du Christ qui sauve et rend toutes choses nouvelles…
Puisse cela t’apporter un peu de consolation,
un souffle de paix, de réconfort,
et j’ose… oui, j’ose…
Peut être un peu de joie aussi. »

Oui encore dans la représentation par petites touches de la vie de sainte Marguerite-Marie Alacoque, choisie par Notre Seigneur pour être l’apôtre de son amour brûlant qui s’est montré à elle dans son Cœur enflammé, avec cette plainte : « L’amour n’est pas aimé… » Oui spécialement pour le choix d’un prêtre pour jouer à l’écran le rôle de saint Claude de la Colombière, confesseur et soutien de sainte Marguerite-Marie : cela donne à ces scènes une profondeur inouïe.

 

Allez voir Sacré Cœur tant qu’il est encore en salles !

Quelles sont alors mes réticences ? Elles sont bien secondaires, liées à la difficulté de mettre en scène le Christ, la Passion du Christ de Mel Gibson étant l’exception qui confirme cette règle. Et encore à la tonalité très charismatique de cérémonies filmées à Paray-le-Monial : mieux vaut en être averti.

Mais tout cela est racheté par la capacité de ce film de toucher les cœurs. Il le fait à partir de l’Eucharistie et par l’insistance sur l’adoration du Saint Sacrement : les miracles eucharistiques ne montrent-ils pas que l’hostie consacrée, quand elle prend l’apparence de la chair, s’analyse comme du tissu cardiaque portant la trace des souffrances de la Passion ?

En allant voir ce film au cinéma – vite, pour que les séances continuent d’être programmées – vous ne vous laisserez pas seulement toucher ; vous ferez doublement œuvre pie : en soutenant un film français au service de bien, du vrai, du beau, et en donnant à d’autres l’occasion de découvrir « ce Cœur qui a tant aimé le monde ».

 

Jeanne Smits