Sermon de l’abbé Beauvais sur la guérison d’un sourd-muet


 
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ainsi soit-il. Mes biens chers-frères, la guérison du sourd-muet dont il est ici question eut lieu lors de la première année de la prédication de Notre-Seigneur.
 
Notre-Seigneur le guérit à travers une série de gestes assez surprenants et presque même comme si cela lui coûtait. Un an plus tard, il guérira un autre sourd-muet par une seule parole, en exorcisant le démon.
 
La guérison de ce sourd-muet est en effet très différente quant à la « technique » de celle qui est relatée au troisième dimanche de Carême où d’un simple cri lancé contre le démon, Notre-Seigneur le guérit.
 
Ici, c’est toute une série de procédés un peu, il faut bien le dire, surprenants. D’abord il l’éloigne de la foule, il lui met ensuite les index dans les oreilles, il prend de la salive avec un doigt et lui appose sur la langue. Il lève ensuite les yeux au ciel, il pousse un soupir de compassion et il dit la parole : « Ephata », c’est-à-dire « Ouvre-toi », et après tout cela, le sourd-muet parla distinctement et rendit grâce à Dieu.
 
Alors pourquoi Notre-Seigneur a-t-il fait tout cela ? Pour créer un symbole ou une leçon, une leçon spirituelle car les miracles de Notre-Seigneur sont des leçons.
 
Alors à la manière d’un grand dramaturge, Notre-Seigneur veut donner à des gestes prodigieux, la signification cachée d’un mystère de la Foi pour transformer en quelque chose de visible, l’invisible. De la même manière que Dieu qui est invisible peut-être entrevu dans ses attributs et ses qualités au moyen de la création.
 
Comme disait d’ailleurs saint-Ambroise, « Les gestes du Verbe sont aussi des paroles » et c’est d’ailleurs pour cette raison que les miracles de Notre-Seigneur sont tous différents et n’ont pas une « technique » standard…