« C’est un film que je voulais faire depuis 27 ans ou même plus ».
Le réalisateur américain Martin Scorsese vient d’annoncer la sortie, pour Noël, de « Silence », un long-métrage inspiré du roman de l’écrivain japonais Shûsaku Endô, « Chinmoku » (Silence,) publié en 1966, qui relate l’histoire de missionnaires jésuites portugais du XVIIe siècle, arrivés au Japon peu après la tentative d’évangélisation du pays par Saint François Xavier. La religion chrétienne y fut interdite dès 1614, et missionnaires étrangers et convertis impitoyablement persécutés par les shogun.
Si le thème est accrocheur – la fresque est historique – les doutes demeurent sur la façon dont Scorsese l’a traité, lui, le réalisateur de « La dernière tentation du Christ » ou du « Da Vinci code »… La violence sombre, flagrante, quasi obscène qui habite ses films, peut donner une petite idée de ce futur « Silence ».
Se plaira-t-il au « silence » de Dieu, décrit dans le roman, aux doutes de ces prêtres que les Japonais contraignaient à abjurer devant leurs fidèles qu’on torturait ? Se complaira-t-il à la posture d’un Dieu qu’on peut piétiner, qui ne supporte pas que des hommes souffrent pour lui… ?
Il est bien allé les visiter ces descendants des chrétiens nippons, qui ont transmis leur foi, génération après génération, sans prêtres et sans livres… Mais y verra-t-il la preuve magnifique d’une Foi vivante, suscitée par le sang des martyrs ?
Le sens du mot « martyr » risque fort, précisément, d’être revisité – sauce Scorsese.