Gina Miller, la femme d’affaires britannique qui avait obligé le parlement à se prononcer par un vote sur le lancement de la procédure de sortie de l’UE malgré le référendum et qui avait ensuite fondé en avril 2017 le groupe anti-Brexit Best for Britain, accuse désormais ses amis militants d’être anti-démocratiques. C’est en voyant la Une du Daily Telegraph sur le complot ourdi par George Soros et Best for Britain en vue de renverser le gouvernement de Theresa May pour obtenir un deuxième référendum sur le Brexit que Gina Miller s’est dit que quelque chose n’allait pas. « Quand j’ai vu le reportage, j’ai pris du recul et j’ai pensé que ce n’était pas la direction dans laquelle je voulais voir évoluer les choses », a déclaré Mme Miller au Telegraph.
Best for Britain veut renverser le gouvernement de Theresa May avec l’argent de George Soros
Avec le soutien financier des fondations de George Soros et d’autres donateurs que le milliardaire américain cherchait à recruter lors de la soirée de lancement de la campagne pour un deuxième référendum décrite par le Telegraph, le groupe Best for Britain veut inciter un nombre suffisant de députés à voter contre l’accord qui aura été passé entre le gouvernement de Theresa May et l’Union européenne, quel que soit le contenu de cet accord. Le but recherché est de conduire le Premier ministre et son gouvernement à la démission dans l’espoir que cela conduira à l’organisation d’un nouveau référendum sur le Brexit. Un référendum que l’argent de Soros aidera à préparer convenablement.
Empêcher le Brexit, oui, mais pas en piétinant la démocratie !
Pour Mme Miller, « ce n’est pas démocratique ». « On ne peut avoir dans ses objectifs de faire tomber un gouvernement, pas sans des élections ou un référendum. […] Je ne suis pas d’accord avec cette idée de renverser un gouvernement et d’utiliser une stratégie de guérilla [stratégie mentionnée de le document distribué aux invités de la soirée organisée dans la résidence londonienne de Soros, NDLR]. Je fais campagne pour la transparence, quel que soit son camp », a encore déclaré Gina Miller au Telegraph, en demandant que Best for Britain informe le public de ses soutiens financiers.
Gina Miller et George Soros, deux conceptions opposées de la démocratie
George Soros a en revanche présenté sa propre vision de la démocratie et de la « société ouverte » dans un long texte publié dans le Mail on Sunday. Le richissime spéculateur américain a expliqué que permettre la tenue d’un référendum sur le Brexit avait été « une erreur fatale » car les référendums « conduisent souvent à de mauvaises décisions ». Et puisque la décision prise par les électeurs britanniques était mauvaise, l’oligarque éclairé revendique son droit de tout faire pour conduire à l’organisation d’un deuxième référendum précédé d’une campagne massive afin de renverser cette décision. Comme argument supplémentaire, cet homme de 87 ans avance dans son texte que ce sont les vieux qui ont voté pour le Brexit mais que ce sont les jeunes qui auront à en supporter les conséquences pendant les décennies à venir.
Même dans le camp anti-Brexit, on trouve des partisans de la démocratie comme la Britannique Gina Miller et des partisans d’une dictature éclairée comme l’Américain George Soros. Sans doute M. Soros quittera-t-il notre monde dans peu de temps en raison de son âge avancé, mais nous serons des milliards d’êtres humains à avoir à supporter les conséquences de son action pour les décennies à venir. D’autant plus qu’il a déjà transmis la majeure partie de sa fortune à son Open Society Foundation.