Ecouter « Just stop oil » entraînerait jusqu’à six milliards de morts en un an

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Ils ont défrayé la chronique en 2023 : le collectif britannique « Just stop oil » – semblable à Extinction Rébellion en France – a multiplié les actions spectaculaires allant de l’interruption du tournoi de Wimbledon à l’attaque au marteau contre un tableau de Velazquez, sans compter les blocages de la circulation en plein centre de Londres. Ces écologistes iconoclastes qui militent bruyamment pour l’arrêt immédiat des nouveaux projets pétroliers et gaziers demandent qu’on « mette simplement fin au pétrole ». Mais que signifierait écouter radicalement leurs revendications ? Cela entraînerait jusqu’à six milliards de morts de par le monde en moins d’un an, et la fin de la civilisation, assure Neil Record, ancien économiste à la Bank of England. Il détaille dans une récente tribune publiée par le Telegraph de Londres ce qui se passerait si on prenait ces militants au mot.

 

Just stop oil, une dangereuse illusion

Les conséquences d’un arrêt immédiat des combustibles fossiles (définis comme étant le pétrole, le gaz et charbon) seraient selon lui désastreuses en l’état actuel de nos infrastructures et de technologies disponibles.

Voici les prédictions de Neil Record :

 

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• Jour 1

Plus d’extraction de charbon ; les puits de pétrole du monde entier sont fermés ; les gisements de gaz du monde entier également. Les premiers à ressentir le changement seraient les consommateurs de gaz.

Les stocks de gaz détenus en surface ne sont généralement pas très importants. Le Royaume-Uni devrait donc assez rapidement, disons dans un délai de 10 ou 15 jours, fermer son système de distribution de gaz, car il serait incapable de maintenir la pression.

Le gaz cesserait de circuler et quelque 21 millions de ménages (74 % de la population) n’auraient plus de chauffage, d’eau chaude ni de quoi cuisiner. Dans la panique, les gens pourraient se tourner vers l’électricité pour cuisiner et se chauffer, mais attendez…

Le réseau électrique britannique s’appuie sur le gaz naturel comme source d’énergie « tampon ». Chaque jour, la demande varie en fonction de la demande des consommateurs, et l’autre source d’énergie principale, les énergies renouvelables, est très variable et ne peut alimenter le réseau que lorsque le gaz comble le plus gros de l’écart entre leur production et la demande des consommateurs.

Ainsi, dès que le réseau principal de distribution de gaz est dépressurisé, le système d’équilibrage du réseau tombe en panne et des coupures d’électricité s’ensuivent.

Il est impossible d’évaluer l’ampleur de ces coupures, mais le réseau serait si gravement compromis, voire totalement détruit, qu’elles pourraient être généralisées et permanentes.

La demande d’électricité ayant dans ce scénario explosé avec le passage au chauffage électrique, à la cuisson et au chauffage de l’eau électriques, il semble très probable que la demande excédentaire soudaine ne puisse être satisfaite, et donc que le réseau entre dans une spirale d’incontrôlabilité.

L’absence d’électricité est synonyme d’absence de systèmes de communication – pas de téléphone portable, pas de télévision et pas d’eau courante. Sans électricité et sans chauffage, les personnes vulnérables commencent à mourir.

Il s’agit d’abord des personnes âgées à domicile, puis dans les hôpitaux lorsque les générateurs diesel de secours sont à court de carburant, mais de nouveaux problèmes existentiels surgissent ensuite pour les gens ordinaires, liés à la disponibilité et à la distribution des denrées alimentaires.

 

• Jour 25

Je suis probablement généreux sur le timing, mais le diesel et l’essence seront probablement épuisés au jour 25. Cela signifie que la distribution de nourriture serait défaillante et que la population, dont la plupart dépendent entièrement de la nourriture achetée, commencerait à mourir de faim.

Dans les situations d’urgence nationale, l’aide internationale est souvent au rendez-vous, mais dans le cas présent, ce scénario se déroule, selon des modalités et un calendrier largement identiques, dans l’ensemble des pays développés et en développement. Seules les communautés rurales isolées, autosuffisantes sur le plan agricole, seraient relativement épargnées. Donc, pas de mission de sauvetage internationale.

 

• Jour 50

Dans le monde urbain, de nombreuses personnes seraient sur le point de mourir de faim. Au cours des 50 jours ayant suivi la fin de l’approvisionnement en combustibles fossiles, l’ordre public se serait effondré et je soupçonne que des conflits et des massacres de masse auraient eu lieu dans le cadre de la recherche de plus en plus désespérée des moyens de survie.

Mais la maladie aurait également fait des ravages, faute d’électricité, d’approvisionnement en eau et d’écoulement des eaux usées, si bien que le choléra, la dysenterie et toutes les autres maladies victoriennes liées à la promiscuité auraient pris le dessus.

 

• Jour 100

Trois mois à peine après l’arrêt du pétrole, je pense qu’environ la moitié de la population mondiale (soit quatre milliards de personnes) serait morte. Les premiers à mourir seraient les citadins pauvres, puis les classes moyennes et supérieures, l’argent et le statut social devenant de moins en moins déterminants au fil du temps.

Les survivants seraient essentiellement des ruraux, capables de vivre des produits agricoles locaux ou des réserves alimentaires qui s’amenuisent.

L’accès à la nourriture et à l’eau potable pour les citadins (environ 55 % de la population mondiale en 2023) serait pratiquement impossible, car toutes les voies normales de distribution de la nourriture auraient été détruites et les installations de stockage (réfrigérateurs et congélateurs) seraient elles aussi hors service, faute d’électricité.

L’eau pompée ne serait pas disponible, de sorte que l’accès à l’eau potable serait quasi-impossible.

 

• Jour 365

Deux milliards de personnes supplémentaires seraient peut-être mortes de faim ou de froid, ce qui laisserait, disons, deux milliards de personnes en vie ; les réserves alimentaires restantes auraient été épuisées ou gâchées, et l’inévitable effondrement de l’ordre public aurait entraîné une fin violente pour de nombreuses personnes.

La concurrence autour de ressources rares, si élégamment résolue par l’invention des marchés et des prix, aurait été remplacée par le meurtre et le désordre. Les moyens d’inverser l’expérience « Just Stop Oil » auraient disparu et l’avenir des humains sur la planète serait aussi incertain qu’à n’importe quel moment de l’histoire de l’humanité.

L’extinction massive aurait privé les sociétés de leurs cultures, de leur éducation et de leurs techniques de survie. Un nouvel âge sombre s’ensuivrait.

*

 

Neil Record assure que son scénario cauchemardesque, est étayé par les faits malgré son caractère succinct. « Le monde a mis deux siècles à construire l’infrastructure énergétique basée sur les combustibles fossiles. Cette infrastructure représente une part importante de l’épargne investie dans le monde ; elle fournit aux humains d’énormes quantités d’énergie flexible et utilisable à un coût extrêmement modeste » – coût modeste qui a transformé la vie de pauvres dans le monde entier. Plutôt que de prôner des solutions extrêmes – et mortelles pour l’humanité – il en appelle à l’adaptabilité et à l’inventivité de l’homme qui entraîneront d’elles-mêmes une sortie des combustibles fossiles :

« L’homme est inventif et adaptable, et il est vrai aussi que les combustibles fossiles sont limités. Ainsi, en temps voulu, de nouvelles sources d’énergie non fossiles et bon marché seront développées, de nouveaux moyens de stockage et de transport de l’énergie seront perfectionnés, et l’utilisation des combustibles fossiles deviendra lentement une chose du passé ; une transition d’un monde à un autre – un monde meilleur. »

Lentement et par l’évolution naturelle des choses, en somme : pas en « mettant simplement fin au pétrole »… Ni, pourrait-on ajouter, en fixant arbitrairement des dates comme le font les COP onusiennes et autres Pacte pour le climat.

 

Ces milliards de morts passés par pertes et profits

Le principe de réalité empêchera – peut-être – les pires dérives du monde rêvé par la secte dominante des alarmistes du climat. Irons-nous alors vers le « monde meilleur » rêvé par Neil Record ? Rien n’est moins sûr, car le reste qui nous est promis « par surcroît » suppose de rechercher d’abord le royaume de Dieu et l’accomplissement de sa loi, qu’aujourd’hui généralement le monde ignore ou rejette.

Du moins les utopistes du monde sans pétrole reçoivent-ils ici une sérieuse leçon de choses.

 

Jeanne Smits