Le raccommodage bientôt subventionné par l’Etat : le bonus à la réparation, c’est pour octobre

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C’est un peu comme pour les écoles hors contrat dont les utilisateurs paient deux fois : une fois pour la scolarité de leurs enfants, la deuxième via les impôts pour la scolarisation « gratuite » des autres dans les écoles d’Etat… Le contribuable français sachant manier lui-même ciseaux et aiguille devra, à partir d’octobre, subventionner les frais de raccommodage et de rapiéçage encourus par les citoyens dépourvus de compétences en couture. Ainsi en a décidé Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, elle qui annonce la mise en place d’un bonus à la réparation des biens textiles et des chaussures usées.

Une coquette somme de 154 millions d’euros de deniers publics sur cinq ans servira à offrir aux Français qui portent leurs vêtements ou chaussures à réparer une prise en charge allant de 6 à 25 euros par prestation auprès d’ateliers « labellisés » par un éco-organisme de la filière textile, Refashion, chargé de gérer le fonds pour le compte de l’Etat. Ça, c’est du plan quinquennal !

 

Recoudre un bouton sera bientôt subventionné par l’Etat

Les bonus prendront la forme d’une remise sur facture : 7 euros pour refaire un talon (ce doit être réservé aux unijambistes) ; 10 à 15 euros pour une doublure. L’histoire ne dit pas comment couturières et cordonniers récupéreront leurs sous : sans doute par le biais d’une abondante paperasserie pour éviter la mise en place d’un nouveau filon d’escroquerie à la sécurité sociale des vêtements !

Mme Couillard, 36 ans, dont l’histoire ne dit pas non plus si elle est une fée du logis ni si elle s’habille sur Vinted, a annoncé son initiative ainsi : « A partir d’octobre, les consommateurs vont pouvoir être accompagnés dans la réparation de leurs vêtements et chaussures », grande urgence nationale s’il en est.

L’idée est d’inciter les Français à cesser de jeter leurs vêtements et chaussures – 700.000 tonnes d’habits et de chaussures par an – et d’en finir avec la « fast fashion » qui pousse les consommateurs à acheter tous les ans une multitude de vêtements dernier cri, alors que la filière textile est « l’une des plus polluantes au monde ». Rien qu’en France, 3,3 milliards de pièces (vêtements, chaussures, linge de maison) ont été mis sur le marché en 2022, soit 500.000 de plus que l’année précédente.

Mais ce que l’histoire ne dit pas, surtout pas, c’est que l’industrie du textile en France, et sa production de qualité, ont été délibérément sacrifiées au fil des ans sur l’autel du libre-échangisme au profit du « Made in China » et autres pays à faibles coûts salariaux, qui expédient leur camelote à travers les océans tout en détruisant nos emplois.

 

Bonus à la réparation et délire collectiviste

Ravauder un vêtement, recoudre un bouton, faire un ourlet, récupérer un joli tissu pour en faire un accessoire à la mode n’a évidemment rien de répréhensible en soi. Ne pas gaspiller fait partie des vertus domestiques tout comme savoir aligner trois points de couture, ainsi que nos grands-mères le répétaient sagement.

La nouveauté, c’est la collectivisation de tout, même de l’économie domestique, où les pouvoirs publics viennent symboliquement faire le tri dans vos armoires et vos assiettes et donner des leçons de consommation et de non-consommation, des bons points et des réprimandes dans tous les domaines de la vie. Ce n’est plus l’Etat-nounou, c’est l’Etat-mamie, et acariâtre qui plus est !

J’ai quelques suggestions, soit dit en passant. On pourrait imaginer un contrôle technique des vêtements et des permis de dépose en déchetterie, une évaluation systématique de l’état de semelles sur des points de passage fréquentés, avec contre-visite obligatoire, et une taxe supplémentaire sur l’achat de vêtements à partir de la dixième pièce annuelle achetée, avec dégrèvement sur dossier pour les personnes à revenu modeste.

 

Les villes du C40 veulent des armoires à linge citoyennes

C’est une plaisanterie, bien sûr. Quoique… Le réseau global des maires du groupe C40 qui prépare la nouvelle gestion des villes en vue de lutter contre le « dérèglement climatique » (Anne Hidalgo, maire de Paris, en fait partie) a publié en juin 2019 un rapport sur l’avenir de la consommation urbaine dans un « monde à 1,5° ». On y détaille les économies tous azimuts qui pourraient être faites, notamment par biais d’« interventions sur la consommations » (on ne dit pas lesquelles !) pour réduire les émissions liées aux textiles dans les villes C40.

La réduction du nombre de pièces de textile achetées est au menu : l’objectif « progressif » prévoit « 8 nouveaux vêtements par personne et par an », l’objectif « ambitieux » vise même « 3 nouveaux vêtements par personne et par an ». Culottes et slips, casquettes et maillots de bains, doudounes et pantalons de ski compris ? L’avenir s’annonce étrange car dans ce cadre il faudra aussi au moins interdire : les changements de poids, la croissance des enfants, les vêtements de grossesse (en fait ce serait plus simple d’interdire la procréation), les vêtements de cérémonie (ou alors bannir les cérémonies), les souliers neufs et les foulards de soie, les imperméables et les écharpes pour l’hiver.

A moins qu’il ne faille les louer ?

Leur « objectif ambitieux » ? Supprimer l’argent liquide, contrôler tous nos achats par carte bleue et nous pourrir la vie !

 

Jeanne Smits