Subversion des mots et par les mots : populaire vs populiste

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Depuis le meurtre de Philippine, qui fait suite à tant d’autres, Thomas, Lola, etc., depuis qu’une certaine gauche croit digne et opportun de s’opposer aux minutes de silence à la mémoire des victimes, deux opinions, deux Frances, s’opposent nettement : celle qui parle de « féminicides » ou de « rixes », et celle qui fait un lien entre invasion et insécurité. Le choix des mots dit la façon de voir les choses, et leur gauchiment, leur gauchissement, raconte la subversion en cours de l’esprit public. Pour étouffer celui-ci, la France soumise aux mots d’ordre du grand remplacement traite le sursaut du peuple qui regimbe de populiste. Ce mot en suggère lourdement de plus durs, réactionnaire, fasciste, d’extrême-droite, raciste. A ces mauvais le Paris des Tondelier, Pannot et Bompart oppose les quartiers populaires, censément victimes de toutes les discriminations. Ainsi le choix citoyen ne doit-il pas hésiter entre le mauvais peuple des populistes et le bon peuple des populaires.

 

Darmanin-Champollion et ses tantes : populaire signifie immigré

Ne laissons pas croire une seconde que cette dichotomie infantile est propre à l’extrême-gauche bruyante qui doit sa fortune à Jean-Luc Mélenchon (même si une part d’entre elle le renie). Dès l’origine le centre et la droite s’y sont associés. Bruno Retailleau fait aujourd’hui figure de patriote intransigeant en découvrant que l’immigration de masse n’est pas une chance pour la France. Il reprend ainsi une phrase serinée par Jean-Marie Le Pen au début des années 80 en réponse à celle (« L’immigration est une chance pour la France ») du modéré bon teint Bernard Stasi, que Chirac devait nommer médiateur de la République et président d’une commission de réflexion sur la laïcité. Aujourd’hui le macroniste Gérald Darmanin, venu des Républicains il ne faut pas l’oublier, se trouve sur les mêmes positions. On le voit par la polémique qu’il a soulevée en déclarant : « Si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu maire et député. » Interrogé par une journaliste, il a ajouté : « J’ai une tante qui s’appelle Saada, j’ai une tante qui s’appelle Fatima, j’ai pas besoin de reportages à la télévision pour savoir qu’il peut y avoir des discriminations. Je suis issu d’une famille populaire, j’habite Tourcoing, je suis issu d’une famille d’immigration. ».

 

Le choix des mots, le choc de la subversion

Ici Moussa-Gérald Darmanin joue les Champollion. Il fait le joint entre les mots « populaire » et « d’immigration », il traduit en français le jargon politique des sociologues au pouvoir, c’est une pierre de Rosette à lui tout seul. Mais une question se pose : pourquoi les sachants intimidants qui, par la manipulation des mots, promeuvent la subversion de la société française, ont-ils choisi le mot populaire pour désigner les banlieues, ou les quartiers de villes comme Tourcoing, qui sont peuplés surtout d’immigrés de première, deuxième ou troisième génération ? Il n’échappe à personne qu’Hénin-Beaumont ou tel village de la Creuse ou de la Haute-Loire, et bien d’autres encore, sont tout aussi « populaires », si l’on s’en rapporte au niveau et aux habitudes de vie. Alors ? Deux raisons principales expliquent le choix de ce mot. D’abord c’est un mot pris en bonne part dans le vocabulaire politique. Populaire, c’est bien. Et puis cela permet au marxisme dominant de cadrer à sa manière la question principale qui se pose en France : pour lui, elle n’est ni identitaire, ni ethnique, ni civilisationnelle, ni nationale, ni spirituelle, elle est purement sociale. En nommant quartiers populaires les quartiers d’immigration, non seulement on exclut de cette dénomination flatteuse des milliers d’autres lieux, mais on signifie qu’il n’y a pas d’invasion de la France, juste des difficultés de justice sociale qu’il faut traiter par plus de socialisme.

 

Quand le peuple devient populace et populiste

A l’inverse le populiste est le parfait repoussoir. Cela vient de l’entre-deux guerres. Les terribles années trente. Alors que le communisme soviétique portait, de l’Espagne à l’Asie, l’espoir du Komintern, des peuples et de leur petit père Staline, les partis populistes flirtaient avec les Agrariens, les gouvernements autoritaires et même les fascistes. C’est dire qu’ils sont discrédités d’origine. Avant même que le mot ne fût réintroduit dans le début des années deux mille pour débusquer les métamorphoses de l’extrême droite, un précurseur, Louis Mermaz, président socialiste de l’Assemblée nationale sous Mitterrand, avait remis à sa place avec le plus froid mépris le peuple français quand il pense mal et ne se tient pas bien, sous le nom de populace. La populace de souche est odieusement populiste, alors que le bon peuple de remplacement mérite d’être dit populaire. Telle est la recette simple de la sociologie qui prive en Europe les nations de leur destin, tel est le mécanisme de la subversion de notre société et de l’exclusion des Français.

 

Pauline Mille