Un sentiment d’indignation s’élève des deux côtés de l’Atlantique suite aux fuites révélant le contenu du TAFTA, l’accord commercial globaliste entre les USA et l’UE. Selon les documents en question (250 pages), ce traité privilégierait les plus grosses compagnies, et placerait les régimes de régulation US et UE sous la coupe d’obscures institutions internationales. Les menaces sur la liberté, la vie privée, l’indépendance gouvernementale et la souveraineté nationale sont donc fondées. Mais la principale menace, tue par les médias et Greenpeace, vient de la volonté de fusionner les Etats-Unis et l’Europe
Les fuites concernent plus d’une dizaine de passages clefs de l’épais accord. La plupart des commentaires autour de ces passages se basent sur les allégations de Greenpeace qui s’est procuré les documents, et concernent un manque de régulation en matière d’environnement, de travail, d’investissement et de protection des consommateurs. Pour Greenpeace, il s’agit d’un « immense transfert de pouvoir des peuples vers les grosses entreprises. »
Les règles du TAFTA concernant les USA et l’UE sont décidées en catimini par des bureaucrates
Si, bien sûr, les bureaucraties de plus en plus progressistes de l’UE et de l’administration Obama ne sont pas « le peuple », les critiques sur les régulations spécifiques manquent leur cible. Car le problème n’est pas un manque de régulations sur le « climat » et autre, mais bien plus que les bureaucrates et lobbyistes décident de ces nouvelles règles derrière des portes closes, alors qu’elles vont concerner près d’un milliard d’individus et la moitié de l’économie mondiale, sans qu’il ne soit accordé au peuple aucun droit de regard sur cette question.
L’accord permet aussi aux eurocrates d’interférer dans la politique américaine et réciproquement. Une proposition de l’administration Obama, par exemple, obligerait l’UE à accepter l’influence des compagnies américaines dans le régime de régulation. Jorgo Riss, responsable de Greenpeace Europe déplore le manque de régulation dans le TAFTA concernant l’environnement ou la protection de la santé publique. Il craint que les normes actuelles n’en soient tirées vers le bas.
Un problème d’ordre systémique : la fusion entre l’UE et les USA
Et Greenpeace a par ailleurs soulevé des problèmes aux conséquences réelles, comme par exemple les faveurs accordées à Monsanto, le géant des OGM envers lesquels les Européens ne peuvent qu’être réticents, ou encore des divergences sur les cosmétiques. L’interdiction d’utiliser des animaux pour tester les produits, en vigueur en UE, semble, pour le moment, résister.
Mais le véritable problème est systémique. Il concerne la perte d’indépendance des gouvernements par la fusion de l’UE et des USA et le transfert des souverainetés nationales à des organisations transnationales. A supposer que le libre-échange soit une bonne chose, on ne voit pas pourquoi il nécessiterait des milliers de pages de régulations et de décrets émis par des lobbyistes et des bureaucrates et qui aboutissent, comme la construction européenne l’a montré, à la mise sous tutelle des nations.
Aujourd’hui, seuls 17 % des Américains et 15 % des Allemands soutiennent le traité, contre plus de 50 % il y a deux ans. L’engouement initial est donc complètement retombé. En Europe, la souveraineté des Etats a été bafouée sous prétexte de libre-échange. De quoi faire réfléchir les Américains.