La garde des Sceaux la plus catastrophique de la Ve République n’est certes plus là pour faire le bonheur des délinquants et des criminels de la France entière depuis la place Vendôme à Paris, mais puisque « Macron, c’est Hollande en mieux, c’est-à-dire en pire », il n’y a pas de raison que Nicole Belloubet ne soit pas la digne héritière de Christiane Taubira dans le gouvernement constitué par le dauphin de François Hollande. Et donc pour « favoriser le maintien des liens familiaux des détenus » et contrer l’explosion du nombre de téléphones portables dans des prisons françaises où l’anarchie règne à cause de la surpopulation carcérale et du manque de moyens, Mme Belloubet a eu la géniale idée de mettre des téléphones fixes dans toutes les cellules de France. Aujourd’hui, les téléphones fixes à disposition des détenus sont dans les coursives, et chaque détenu doit faire la queue pour y accéder après avoir obtenu de sortir de sa cellule accompagné d’un gardien.
Les détenus qui continuent de gérer leurs trafics depuis la prison vont-ils jeter leur portable pour utiliser le téléphone fixe, sachant que leurs conversations seront sous écoute et enregistrées ? On peut en douter… Et ce même si le prix facturé par l’opérateur va diminuer de 20 % et ne sera plus que de… 65 centimes la minute, grâce aux pressions du gouvernement Philippe. Ne serait-il pas plus simple, pour permettre aux détenus de préserver leurs liens familiaux, de mettre plus de téléphones dans les coursives et de leur faire payer des tarifs de communication raisonnables ? Quant à la lutte contre la présence de téléphones portables, il faudrait des fouilles systématiques des détenus et des cellules, une surveillance étroite des parloirs et des dispositifs de brouillage. Mais pour cela, il faut des moyens pour les prisons.
La présence de téléphones fixes dans les cellules n’incitera pas les détenus à abandonner les téléphones portables interdits dans les prisons françaises
Pour le moment, l’effort va donc aller à l’installation en trois ans de plus de 50.000 téléphones dans 178 prisons françaises, mais l’investissement sera en principe à la charge de l’opérateur (d’où les coûts exorbitants pour les communications). Les quartiers disciplinaires ne seront pas concernés. Les détenus ne pourront appeler depuis le téléphone de leur cellule que les numéros qui auront été autorisés au préalable.
Une expérimentation menée depuis l’été 2016 dans la prison de Montmédy, dans la Meuse, aurait été concluante puisqu’elle aurait débouché sur une baisse de 31 % des saisies de téléphones portables. En 2016, plus de 33.000 téléphones portables avaient été saisis dans les prisons françaises. Au premier trimestre 2017, on en était déjà à 19.000 saisies.
Si le déploiement de téléphones fixes ne permet pas de réduire le nombre de téléphones portables dans les prisons, il n’y aura qu’à autoriser dans un deuxième temps la possession de téléphones portables par les détenus, comme le propose la contrôleuse générale des prisons en place depuis 2014, c’est-à-dire la socialiste et ancienne présidente du Syndicat de la magistrature Adeline Hazan. Cette solution aurait aussi été évoquée par l’actuelle ministre de la Justice selon La Provence, mais l’intéressée dément.
Quoi qu’il en soit, après le quinquennat Hollande 1.0 « Flamby », nous voilà avec le quinquennat Hollande 2.0 « Jupiter » sur les bras. La version a changé, mais le logiciel de base reste le même.