The Conversation, site prétendant publier des articles combinant exigence journalistique et compétence universitaire, vient de mettre en ligne un long papier à l’occasion de la marche des fiertés. Un mélange de cuistrerie et d’idéologie visant à tordre la réalité historique afin de prouver que « l’histoire du christianisme montre que des saints que l’on appellerait aujourd’hui “transgenres” ont bien été promus par l’Eglise médiévale ». Et d’affirmer que 34 récits datant des premiers siècles du christianisme racontent la vie de ces saints transgenres. Et d’en choisir trois pour leur « grande popularité dans l’Europe médiévale ». Eugénie de Rome, Euphrosyne d’Alexandrie et Marine la déguisée, originaire de Bithynie. Ce n’est pas le lieu de discuter ici des récits hagiographiques qui perpétuent leur mémoire ni de leur historicité. En revanche, il faut prendre ceux-ci comme ils sont, comprendre pourquoi ils étaient répandus et comment ils étaient compris. Les trois personnes citées dans l’article étaient des femmes qui, pour de pieuses raisons (vivre dans un monastère notamment), s’étaient déguisés en hommes. Elles n’ont jamais prétendu changer de sexe ni renié leur identité, au contraire. Eugénie, par exemple, pour se disculper d’une fausse accusation, exhibe sa poitrine en public, qu’elle a fort belle. Aussi, écrire comme les essayistes Alicia Spencer-Hall et Blake Gutt, cités comme autorité : « La transidentité n’est pas seulement compatible avec la sainteté ; la transidentité elle-même est sacrée », n’est pas seulement malhonnête, c’est tout bonnement faux et bête. C’est du niveau d’un Clovis Maillet avec son bouquin Les genres fluides : de Jeanne d’Arc aux saintes trans, et des militants queers qui voient en elle une guerrière transgenre : or les textes sont clairs, elle s’est habillée en homme et fut condamnée pour cela, mais c’était une femme qui se revendiquait telle, et le reste est pur verbiage malhonnête. Cauchon, lui aussi, prétendait incarner la compétence universitaire.