Que vaut-il mieux : un chef d’Etat qui espère obtenir le salut à la fin de cette vie terrestre, ou un autre qui ne croit ni en Dieu ni en diable et ne se sent donc pas la responsabilité de bien agir pour aller au ciel ? Donald Trump est de la première catégorie : il a déclaré il y a une semaine sur « Fox and Friends », lors d’un entretien sur les discussions sur la paix en Ukraine, qu’il espère bien entrer dans la vie éternelle par la bonne porte. « Si je peux sauver 7.000 personnes par semaines en empêchant qu’elles se fassent tuer, je crois que je veux essayer d’aller au ciel si possible », a-t-il proclamé : « On me dit que je ne suis pas vraiment au mieux pour ça, je suis tout en bas du totem. Mais si j’arrive au ciel, ce sera l’une des raisons. » La presse institutionnelle américaine se tord de rire, prise entre deux feux cependant : comment concilier le « on ira tous au paradis » qui refuse l’idée d’une punition éternelle, et la détestation de ce président qui ne coche pas beaucoup de cases de l’anti-morale contemporaine ? Comment lui enjoindre de s’occuper des plus pauvres et d’ouvrir les portes aux migrants – en confondant au passage devoir moral et spirituel de chacun et responsabilité politique et action de l’Etat – pour faire une volonté divine dont la culture moderne se moque collectivement ? Disons plus simplement que la préoccupation de Trump l’honore plutôt, et que sa componction est rassurante : mieux vaut être gouverné par quelqu’un qui a conscience que le mal existe et que lui aussi s’en rend coupable que par un mécréant qui se moque des droits de Dieu… quand il ne combat pas sciemment.