Interrogé sur CBS dimanche, Donald Trump a suggéré que les USA envisagent sérieusement un fichage des musulmans, les considérant comme des alliés potentiels des terroristes. « Je déteste le concept du fichage, mais nous devons faire preuve de bon sens » a affirmé Trump. Cette déclaration est en phase avec d’autres propositions plus anciennes du candidat sur la manière de faire cesser le terrorisme aux USA, dont entre autre une interdiction temporaire du territoire aux étrangers musulmans jusqu’à ce que les USA puissent « comprendre ce qui se passe. »
Trump a considérablement renforcé sa position depuis le massacre d’Orlando perpétré par Omar Mateen le 12 juin dernier dans un club gay. Les motivations de Mateen ne sont pas claires, mais d’après une lettre de la Commission sécurité du Sénat, Mateen a écrit sur Facebook : « Les vrais musulmans n’accepteront jamais les manières dégoûtantes de l’Ouest. » Il a aussi fait allégeance à l’Etat islamique ; son ex-femme dit qu’il était malade et son père a affirmé que les gays le mettaient en hors de lui.
Les Américains très divisés sur la question du fichage des musulmans
La réponse de Trump à la tragédie a été pour partie d’entrer en confrontation avec les musulmans, à qui il reproche de savoir où sont les terroristes et de ne pas les livrer aux autorités. Dans le même discours, il est aussi revenu sur sa volonté d’interdire l’immigration musulmane, en particulier celle en provenance des régions où sévit le terrorisme.
Dimanche, Trump a aussi déclaré que le gouvernement devrait enquêter sur les mosquées, tout comme la police de New York, avec l’aide de la CIA, le faisait à New York. Des informations sur les lieux de vie des musulmans, les étudiants et les mosquées étaient collectées, jusqu’à ce que des plaintes et des actions en justices mènent le maire Bill de Blasio à mettre un terme à ce programme.
Cette adhésion à une politique qui pourrait isoler les musulmans d’Amérique ne fait pas l’unanimité dans son parti et bien des leaders républicains se sont opposés à une telle mesure. Les Américains sont eux-mêmes très divisés sur cette question du fichage. 49 % d’entre eux y sont favorables, et 47 % s’y opposent.
Les USA partagés entre un fichage des musulmans voulu par Trump et le respect des libertés civiles
Pour Trump, ce fichage ne serait qu’une victoire du « bon sens » sur le politiquement correct. Les tenants des libertés civiles, les musulmans et d’autres ont dit leur désaccord, déclarant que le fichage est inconstitutionnel tout comme toute discrimination basée sur la race, la religion ou d’autres facteurs.
Pour le procureur général Loretta Lynch, il faut rester allié avec les groupes susceptibles de donner des informations utiles, et il est par conséquent nécessaire de garder des contacts avec la communauté musulmane qui est la première à pouvoir se rendre compte d’une radicalisation. « Nous souhaitons ces renseignements nous parviennent » a dit Lynch. Les retours d’expérience ne plaident pas pour cette hypothèse.