La médiacratie s’est gaussée partout en Occident du blocage par quelques juges du décret de Trump interdisant l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays à danger terroriste. Mais le vent judiciaire est en passe de tourner. Le président Donald Trump a déjà pressenti Neil Gorsuch, un jeune conservateur averti, pour remplacer le défunt Antonin Scalia à la Cour suprême, nomination qui devrait être entérinée par le Sénat à majorité républicaine. Mais les opportunités pour le nouveau président de rééquilibrer enfin une justice américaine taraudée par le gauchisme ne se limitent pas à cette heureuse nomination. D’autres vont suivre, tant à la Cour suprême que dans le reste de l’organigramme judiciaire. Dans la première, trois juges de l’autorité fédérale sont aujourd’hui très âgés : Ruth Bader Ginsburg, marquée à gauche, 83 ans ; Anthony Kennedy, un centriste, 80 ans ; et Stephen Breyer, très marqué à gauche, 78 ans. Ces trois sièges pourraient se libérer durant les quatre années du mandat présidentiel. Des nominations conservatrices marqueraient la Cour Suprême à droite pour une bonne partie du XXIe siècle. On comprend l’hystérie qui règne dans l’autoproclamé « camp du Bien » et chez les sectateurs de l’avortement de masse, de l’immigration incontrôlée et du globalisme frénétique.
La moitié des 870 sièges de juges fédéraux en passe d’être libérés
Mais il y a mieux, ou pire suivant le point de vue. En entrant à la Maison Blanche, Donald Trump a hérité du pouvoir de nommer plus d’une centaine de juges dans les hautes cours fédérales des différents Etats, qui jugent des crimes les plus graves, estime la télévision CNN. Pour Russell Wheeler, de la gauchisante Brooking Institution, cela permettra au président « de modifier le visage à la fois de la Cour Suprême et des cours d’appel, changeant substantiellement l’évolution de la jurisprudence fédérale ». Et cela pourrait aller encore plus loin, estime de son côté le New York Times, qui vient de publier une étude sur l’avenir de 870 sièges de juges fédéraux – dont le mandat est de durée illimitée hormis l’âge – à la lumière d’un modèle incluant l’espérance de vie de leurs titulaires actuels, leur proximité de la retraite et le parti du président qui les a nommés. Le quotidien, aux accointances démocrates avérées, estime que Donald Trump pourrait avoir à remplacer la moitié d’entre eux d’ici à 2020. A la lumière des premières décisions qu’il a prises, il est fort probable que le nouveau président « fera ce qu’il a dit » et que le profil de la justice fédérale tout entière et de sa jurisprudence, élément clé du droit américain, échappera largement au gauchisme institutionnel en vogue depuis plusieurs décennies. Une perspective qui, en France, devrait figurer en tête de l’agenda des partis réputés « de droite » alors qu’on ne les entend guère sur ce sujet.
Trump face à l’opportunité historique de renouveler de nombreux juges
Ce taux de renouvellement considérable est inhabituel pour plusieurs raisons. D’abord parce que le Sénat, déjà républicain sous Obama depuis 2014, a refusé de confirmer un nombre important de nominations proposées par le président démocrate. Ensuite parce que le quart des juges fédéraux en fonction à ce jour sont âgés de 70 ans et donc éligibles à une pré-retraite. Enfin parce que l’âge médian des juges fédéraux est actuellement de 62,6 ans, chiffre le plus élevé depuis des années. Barack Obama a nommé 323 juges durant ses deux mandats.
Certes le processus de nomination, en trois étapes, est complexe et Donald Trump n’agira pas d’un trait de plume pour promouvoir la liste qu’il avait évoquée durant sa campagne. D’abord, il devra recevoir les suggestions et conseils du Sénat, qui représente les Etats à parité et garantit donc leur part de souveraineté sur le pouvoir fédéral. Cette assemblée est certes à majorité républicaine mais de peu – quatre voix sur 100 sièges – et le parti dispose d’une large marge de manœuvre face à un président qui lui a tordu le bras durant sa fulgurante ascension.
De la Cour suprême aux cours d’appel fédérales : Trump appelé à guérir la justice de son gauchisme
Le Conseil légal de la Maison Blanche a aussi son mot à dire, de même que l’Office de la politique légale du département de la Justice. Puis survient un vote de la Commission de la Justice du Sénat dont le président Chuck Grassley (républicain), compte bien garantir la possibilité pour chaque sénateur d’opposer son veto à toute nomination concernant l’Etat qu’il représente. On en vient enfin au vote du Sénat tout entier.
Et puis, il y a les convictions intimes des postulants, qu’il est difficile souvent d’identifier avec précision. Ainsi de Neil Gorsuch, pressenti pour la Cour suprême. Si son profil conservateur est avéré, le chroniqueur Samuel Smith du Christian Post, relève qu’il reste ambigu, en partie à cause « de son appartenance à une Eglise épiscopalienne très libérale du Colorado ». Ce qui, pour Andy Schlafly, fils de feue l’avocate conservatrice pro-vie Phyllis Schlafly, signifie que Gorsuch « risque fort de ne pas adopter des positions pro-vie une fois installé à la Cour suprême ». L’inquiétude sur l’avenir du système judiciaire américain n’est donc pas seulement l’apanage de la gauche libérale.