L’axe franco-allemand, colonne vertébrale de l’Union européenne, risque de voler en éclats : pour Mario Monti, ancien Premier ministre de l’Italie mis en place par l’UE pour préserver la construction européenne coûte que coûte, les bons scores du Front national ne sont pas à prendre à la légère. Dans une interview au Daily Telegraph, il s’épanche sur l’euroscepticisme des Français, leur désaffection par rapport à l’euro (mais l’ont-ils jamais aimé ?), et les contre-performances de l’économie française. L’ennemi, comme toujours, c’est le peuple. Le problème numéro un.
Venant du technocrate Monti, adoubé par Goldman Sachs et véritable homme de main du projet globaliste dans lequel une Europe fédéralisée est indispensable, de tels propos sont riches de leçons.
Son attitude, d’abord. Elle montre à quel point la volonté des peuples est un facteur négligeable dès lors qu’il s’agit de construire l’UE. Il aurait pu rappeler que l’euroscepticisme français n’est pas une nouveauté. Les Français ont vertement rejeté le Traité constitutionnel de l’Union en 2005 : 54,68%, c’est une proportion qui n’a rien d’ambigu. Ils ont passé outre. C’est l’heure du retour de bâton.
Le gros problème de la France : une économie défaillante, le rejet de l’UE
« Ces dernières années, nous avons vu le recul de la France en termes de performances économiques réelles, de mise en conformité avec toutes les règles européenne, et par dessus tout en termes de son opinion publique domestique – qui se retourne de plus en plus contre l’Europe », a déclaré Mario Monti (qui a lui-même, au nom de l’Europe, imposé de telles souffrances aux Italiens…).
La France se dresserait donc doublement contre l’UE : à travers son opinion publique qui en perçoit davantage l’oppression, et par son gouvernement qui défie Bruxelles en permanence en refusant les objectifs budgétaires qui lui sont fixés. Voilà plus de 6 ans que le déficit dépasse les 3% maximum autorisés par la Commission. Ce qui n’empêche pas le gouvernement, soit dit en passant, d’augmenter sans cesse la pression fiscale pour faire avancer le socialisme réel.
« La France est le gros problème de l’Union européenne parce que l’ensemble de la construction a été assise sur les fondations d’une solide entente franco-allemande. Si ces fondations ne sont plus là l’Europe n’a guère d’avenir. Nous avons vue que l’axe fort ne l’est plus tellement », explique Mario Monti.
Mario Monti, technocrate de l’UE, joue l’Europe contre la France
Et de lancer aux Français : « Peut-être l’avez-vous oublié, mais nous nous rappelons tous que c’est la France qui voulait l’euro, pas l’Allemagne ! L’Allemagne, de mauvais gré, a accepté l’euro pour obtenir l’approbation des autres pays en vue de mener son processus de réunification. Elle aurait bien préféré conserver le Deutsche Mark. C’est la France qui a insisté pour mettre en place une monnaie unique, et aujourd’hui voilà qu’elle se montre mal à l’aise à son égard. »
La France ? Ou une frange européiste qui n’a pas la seule France pour fief, et qui bénéficie d’un soutien politique sans faille au niveau européen pour imposer ce à quoi elle ne veut renoncer à aucun prix, le mastodonte monétaire qui assure son poids financier en même temps qu’il permet l’intégration économique, puis politique de la région Europe ?
Mario Monti ne s’en dit pas moins « surpris » de voir ce scepticisme se manifester de plus en plus en France. Comment l’éviter ? Il donne au Telegraph sa propre recette : en Italie, il a tout fait pour éviter la prise en main par une troïka européenne qui « continue d’abîmer l’économie grecque » et qui devrait quitter Athènes. Les diktats « humiliants » de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et de l’IMF », ça suffit, en un mot. « Je me suis battu pour garder la troïka à l’écart de l’Europe parce qu’ils sont humiliants à l’égard de l’opinion publique domestique », a-t-il expliqué. Tout est affaire d’image, finalement…