Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, estime que, à l’heure actuelle en Ukraine, le cessez-le feu est fragile mais qu’il tient. Il n’est pas sûr que les observateurs, dans la mesure où, justement, ils peuvent observer, en disent autant. Il est bien tôt, trop tôt, pour dire que les mouvements d’armes actuels correspondent effectivement à des retraits. Mais derrière la question de la guerre s’en pose une autre, plus cruciale encore, du moins sur le plan économique, pour les Occidentaux : celle du gaz, et donc de l’énergie.
Dans leur conversation téléphonique, lundi soir, Angela Merkel, François Hollande, Vladimir Poutine et Petro Porochenko ont estimé que la situation en Ukraine connaissait quelques « progrès », même si elle pouvait être encore « améliorée ».
C’est un euphémisme, pour ne pas dire une hypocrisie. Tout le monde sait bien que la réalité du terrain n’est pas celle de la paix. Il ne suffit pas de parler médiatiquement moins de la guerre pour avoir la paix…
L’Ukraine toujours en guerre
En outre, on sait bien, même si certains politiques se refusent à l’avouer, que les belligérants n’ont pas tous la même perception des accords signés à Minsk. Il faudrait, pour commencer, et encore ne serait-ce pas suffisant, y compris au niveau du coup de fil de lundi soir, que chacun dessine la carte de l’Ukraine. Il y aurait pour le moins des surprises…
On ne relèvera pas davantage les propos tenus, et convenus, des divers responsables politiques, sinon pour souligner l’incongruité de celui du président français exigeant le respect de l’accord de Minsk « dans son intégralité, dans son immédiateté et dans sa fermeté ».
Il est pour le moins symptomatique que personne ne souligne le ridicule de cette déclaration. On ne peut la tenir que si, pratiquement et moralement, ou au moins l’un ou l’autre, on est capable de l’imposer. Ce qui est loin d’être le cas de François Hollande. Il ne peut le dire qu’au côté du secrétaire général de l’OTAN, comme, dans la cour de récréation, un gamin fait la nique aux plus grands que lui en se dissimulant derrière un pion.
Pour autant, tout le monde a l’air d’accord sur la nécessité de faire respecter la paix, quitte à mettre l’OSCE en action pour ce faire. C’est que, derrière la question politique, derrière la question humaine, se pose la question économique.
La question primordiale du gaz, et donc de l’énergie
A l’heure où l’on discute d’une Europe de l’énergie, la situation ukrainienne est une tache dans le dossier. Les Américains, notamment, en ont bien conscience, puisque le secrétaire d’Etat américain John Kerry rencontrait lundi à Genève son homologue russe Sergueï Lavrov pour évoquer le conflit ukrainien pendant que les européens cherchent à résoudre le différend gazier qui touche non seulement, au-delà de la guerre, la Russie et l’Ukraine, mais l’ensemble de l’Europe.
La gestion du conflit est primordiale pour Washington puisque de l’issue de ce conflit peut dépendre une évolution de l’influence américaine dans la région.
Moscou, d’ores et déjà, fournit à nouveau du gaz aux régions ukrainiennes qui se réclament d’elle. Une épine de plus pour Bruxelles qui cherche à tout prix à se débarrasser de sa dépendance envers la Russie. Quitte à faire affaire avec de nouveaux partenaires commerciaux pour le moins peu recommandables.
Ainsi la Commission européenne envisage-t-elle de traiter avec des pays comme la Turquie, l’Algérie, l’Irak, l’Iran, et quelques autres.
Pour ce qui est du respect de la démocratie, dont Bruxelles se veut, en quelque sorte, le parangon, on repassera…