Le gouvernement doit annoncer jeudi ses arbitrages sur une augmentation du salaire des fonctionnaires. Compte-tenu de la situation budgétaire en effet, le point d’indice qui sert à calculer le salaire des fonctionnaires n’a pas été revu depuis 2010. Manuel Valls a donc prévu de faire un geste, mais les chiffres qui circulent n’ont pas l’air de plaire aux syndicats qui considèrent la main à moitié tendue du premier ministre avec dédain et colère.
Le nouveau ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, vient de confirmer la volonté exprimée par son prédécesseur, Marylise Lebranchu, de revoir cet indice, répondant ainsi à une revendication de longue date des syndicats.
La main à moitié tendue de Manuel Valls
On notera que la raison budgétaire, autour de laquelle tourne cette discussion, n’est pourtant que secondaire. Il y a, dans la décision de geler le point de l’indice des fonctionnaires, une volonté politique d’accompagner dans la fonction publique la baisse générale du niveau de vie dans les pays développés, conséquence de l’ouverture des frontières et de la mondialisation économique. La mesure n’est d’ailleurs pas réservée à la fonction publique. Le marché fonctionne avec la même logique dans le secteur privé, mettant les entreprises françaises en concurrence avec celles des pays à bas coût de main-d’œuvre.
Quoi qu’il en soit, il convient, dans des perspectives notamment électoralistes, de réinjecter un minimum d’argent dans le système. En attendant que sa décision soit officielle, le gouvernement semble plancher sur trois hypothèses. L’augmentation sera-t-elle de 0,7 %, de 1 %, ou de 1,2 % ?
Pour prendre la mesure de ce choix, il convient de noter qu’une augmentation de 1 % du point d’indice représenterait un coût de deux milliards d’euros pour le budget de l’Etat.
Revalorisation du point d’indice : déception et colère des fonctionnaires
Mais les syndicats n’en ont cure. Ils estiment que les fonctionnaires ont contribué plus que largement à l’effort de redressement des comptes publics, et réclament une revalorisation de 1,2 % au minimum, et jusqu’à 8 % en ce qui concerne la CGT.
Si le gel du salaire des fonctionnaires ces six dernières années a permis d’économiser quelque sept milliards d’euros, le gouvernement n’entend pas pour autant suivre les syndicats dans la totalité de leur réclamation. « Nous ne sommes pas irresponsables », déclare-t-on au ministère de la Fonction publique.
Pour une première raison, purement comptable. Si Annick Girardin s’est déclarée favorable à une « hausse générale » et « significative » des rémunérations des fonctionnaires, il va de soi que ce n’est pas pour leur redistribuer la totalité de ce qui a pu être économisé…
Manuel Valls, qui tient tout de même à pacifier un climat social actuellement tenu, a déclaré mardi qu’il y aurait néanmoins « un geste significatif ». Mais il entend aussi « changer » et « moderniser » une « certaine conception de l’Etat et des services publics ».
Le propos est flou, mais quoi qu’il en soit, les syndicats affichent leur refus d’un indice trop faible, et leur détermination à se mobiliser à un certain nombre de dates-clefs, à commencer par cette journée du 17 mars.
D’un autre côté, on peut comprendre que le premier ministre joue sur l’image, traditionnellement négative, de la Fonction publique parmi nos compatriotes. A l’heure où tant d’entre eux ont le sentiment très net de faire face à des difficultés économiques croissantes, il ne serait pas de bonne politique – fut-elle de pure communication – de paraître favoriser, « une fois de plus » dit-on dans les cafés, les fonctionnaires…