Wimbledon se couche devant l’IA : les juges de ligne, c’est fini

 

Les humains n’ont qu’à remiser aux vestiaires pullovers bleus et pantalons blancs, signés Ralph Lauren : dès l’année prochaine, c’est l’intelligence artificielle qui prendra leur place sur les prestigieux courts de Wimbledon qui se passera de juges de ligne en chair et en os. Le grand remplacement se manifeste ici de manière spectaculaire en mettant fin à une tradition de près de 150 ans : l’IA, paraît-il, est plus fiable que ces hommes et ces femmes aux yeux rivés sur le gazon. Plus jamais un McEnroe ne pourra se prendre de bec avec un malheureux bigleux : « Vous ne pouvez pas être sérieux », hurlait-il en 1981, et on s’en souvient presque mieux que de son incroyable talent.

Les 18 courts de Wimbledon se soumettront ainsi à une évolution qui s’est déjà installée à l’Open d’Australie, puis partiellement à l’US Open, à la faveur des restrictions covid. La technologie « Hawk-Eye » (œil de faucon) prendra totalement le relais des juges et les mots « Out » et « Fault » seront prononcés par des robots. On ne discute pas avec un robot…

 

L’IA « Hawk-Eye » privera les juges de ligne de leur emploi

Depuis 2007, « Hawk-Eye » servait déjà de système d’appel à Wimbledon en cas de désaccord d’un joueur sur une décision de juge de ligne. Mais il n’y aura plus d’appel possible et les fautes seront « sifflées » en l’espace d’un dixième de seconde.

Les arbitres comme les juges de ligne ont dit leur tristesse face à cette invasion de l’IA dans leur univers : « Plus de 300 bonnes personnes, qui sont aussi d’excellents responsables – les meilleurs des meilleurs au pinacle du sport – se sont vu arracher aujourd’hui leur amour et leur passion », a déclaré l’un de leurs anciens chefs, Richard Ings.

Seul Roland-Garros résiste, et ce n’est pas sans une certaine envie que le journaliste du Telegraph note la pratique « anachronique » des juges de l’Open français de pointer vers des marques dans la terre battue pour justifier leurs arbitrages.

 

Wimbledon rompt avec son histoire

« C’est triste mais c’est inévitable », ajoute Ings. « Rien ne pourra de freiner la marée de l’IA. Certes, ces technologies créent des bénéfices, mais nous perdons aussi côté humain. Votre emploi à vous sera-t-il à l’abri de l’IA ? » Eh oui, c’est toute la question.

Pour sa part, il pense que l’arrivée de juges-robots ne changera rien au fait que les joueurs continueront de lancer des jurons, de casser leur raquette ou de contester des décisions. Cela fait partie du spectacle.

Mais nous sommes à l’ère du 100 % stérile et du risque zéro. Peut-être faudrait-il souffler aux « hygiénistes » du tennis la solution finale : remplacer aussi les joueurs et laisser l’IA organiser des compétitions de l’entre-soi robotique. On pourrait même se dispenser du public – ou le remplacer par d’autre robots !

 

Jeanne Smits