Wuambushu : le psychodrame des migrants inversé aux Comores

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Rien ne va plus. D’habitude, en Méditerranée, le psychodrame des migrants suit une morale définie par les passeurs et les ONG : les bons arrivent à bord de bateaux, les méchants (le gouvernement italien, par exemple) les empêchent de débarquer. Dans l’Océan indien c’est l’inverse : avec l’opération française Wuambushu (qui signifie reprise en maorais) qui organise l’expulsion des Comoriens immigrés clandestinement à Mayotte, ce sont les bons : le gouvernement des Comores refuse de laisser débarquer ses propres ressortissants. Quelques détails sur cet imbroglio.

 

Wuambushu : reprendre Mayotte aux migrants

Aux Comores, on est formel : « Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne », a déclaré le ministre de l’Intérieur de l’archipel, Fakridine Mahamoud. Pas un Comorien ne sera accueilli sur le sol des Comores. La vraie raison est plus simple : si Moroni n’a pas l’intention « d’accueillir des expulsés issus de l’opération » Wuambushu, c’est qu’elle craint que celle-ci ne prenne trop d’ampleur et que les Comores ne soient submergées par un « afflux de migrants ». Pour l’instant, 1.800 policiers et gendarmes français sont en train de regrouper quelques centaines de clandestins liés à « la délinquance et l’habitat insalubre », mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de migrants venus des Comores depuis cinquante ans.

 

Psychodrame aux Comores depuis l’indépendance

En 1974, Mayotte s’est séparée des Comores lors d’un referendum où les autres îles ont choisi l’indépendance. Mais celles-ci ont depuis connu la misère, alors que Mayotte prospérait relativement dans la république. D’où une invasion permanente de miséreux venus des Comores (l’île la plus proche, Anjouan, n’est qu’à soixante-dix kilomètres) sur de petites embarcations de pêche appelées familièrement « kwassas-kwassas », à propos desquelles Emmanuel Macron avait fait une plaisanterie remarquée en 2017. Mais la barque est aujourd’hui trop chargée et Mayotte envahie ne peut plus nourrir ces cousins envahissants (selon l’INSEE, plus de la moitié des 350.000 habitants de l’île sont clandestins issus des Comores et n’ont pas la nationalité française).

 

Wuambushu, le mauvais théâtre de la France et des Comores

Une véritable reprise en main de Mayotte, accompagnée d’un vrai développement, supposerait une rémigration massive dont l’opération Wuambushu n’est qu’un tout petit simulacre. Quant au psychodrame joué par le gouvernement des Comores, il est lui aussi d’assez piètre qualité, car il s’était engagé par un accord signé en 2019 à coopérer avec Paris en échange d’une aide au développement se montant à 150 millions d’euros. Il a pris l’argent et il refuse aujourd’hui de faire le job. Le tout pour la galerie. Il s’agit pour Gérard Darmanin et le gouvernement français de faire comme si l’ordre était assuré et les frontières défendues. Cela met les Comores dans une situation assez ridicule : celui d’un Etat qui a réclamé l’indépendance, qui n’a pu assurer sa survie qu’en exportant ses ressortissants dans l’ancienne métropole, et qui n’a toujours pas les moyens de les accueillir.

 

Ubu aux commandes du psychodrame des migrants

Comme pour confirmer cette analyse, le tribunal de Mamoudzou (département français de Mayotte) a suspendu mardi matin la première étape de Wuambushu, l’évacuation du bidonville du Talus 2, gênée par des barricades de poubelles et de pneus dressées par des jeunes, alors qu’une émeute avait été déclenchée dans le bidonville voisin de Majicavo Dubaï. Selon les juges, elle serait entachée d’une « voie de fait » tenant aux conditions de l’expulsion jugées « irrégulières » par les opposants à l’expulsion. Le préfet a obtempéré tout en manifestant son intention de faire appel. Ubu règne et commande : c’est le pouvoir judiciaire français qui s’oppose à une opération nécessaire au bien-être des Français de Mayotte, au profit des envahisseurs des Comores et de leur gouvernement, complètement dépassé dans l’affaire. Le psychodrame est complet.

 

Pauline Mille