Après cinq petits mois de répit, la zone euro est retombée en déflation. Est-il encore nécessaire de signaler que tous les voyants sont au rouge ? Et que nous sommes, contrairement à la propagande officielle, nationale et européenne, encore au cœur de la crise ? La Banque centrale européenne ne sait manifestement plus où donner de la tête. Que faire de plus, sinon promettre, comme Mario Draghi vient de le faire, d’étendre le fameux plan de rachats d’actifs au-delà de 2016 « si nécessaire » ? En espérant que cette économie devenue un véritable électron libre voudra bien s’en contenter…
Alors que les analystes tablaient sur une stabilité des prix, cette année, dans la zone euro, l’office Eurostat a indiqué mercredi que ceux-ci ont en réalité reculé de 0,1 % sur un an en septembre, entrainés par le secteur de l’énergie ; avec notamment une baisse de 0,2 % en Allemagne, qui est pourtant la première économie de la zone, et une chute de 1,2 % en Espagne. Dans le même temps, le taux de chômage est demeuré à 11 %. N’est-ce pas, François Hollande ?
La zone euro sous la surveillance de Standard & Poor’s
Pour la Banque Centrale européenne, la situation est on ne peut plus délicate. Depuis le mois de mars, en effet, elle a ainsi injecté chaque mois quelque 60 milliards d’euros sur les marchés financiers sinon en pure perte, du moins sans résultat jusqu’ici. Dès lors, l’institution francfortoise, qui prévoyait des rachats à hauteur de 1.140 milliards d’ici septembre de l’année prochaine, se voit contrainte de proposer davantage.
L’agence de notation Standard & Poor’s a appuyé à la roue en estimant que l’effort de la BCE devait s’étendre « jusqu’à la mi-2018 », pour un engagement total de « 2.400 milliards d’euros, soit plus du double du montant initial ».
Reste à savoir ce que la BCE est effectivement en mesure de faire. D’autant qu’au sein de son directoire, certains ne manquent pas de parier sur un affolement passager de l’économie ne correspondant pas à la tendance générale.
Après la déflation, l’espoir ?
Ainsi le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, affirmait-il dès mardi que « la politique monétaire doit regarder au-delà des fluctuations de l’inflation liées aux prix de l’énergie, car celles-ci sont temporaires et que la conjoncture se renforce via une hausse du pouvoir d’achat ».
L’ancien conseiller économique d’Angela Merkel tient d’ailleurs à enfoncer le clou : « Contrairement au débat de janvier, le redressement économique en zone euro s’est depuis renforcé. Les craintes de déflation, qui étaient déjà exagérées à l’époque, ont continué à se dissiper. »
Les marchés ont, pour l’heure, paru satisfaits de ces diverses déclarations. Le consommateur beaucoup moins, qui préfère demeurer attentiste, espérant que les actes remplaceront les paroles. Et puis, pourquoi payer aujourd’hui un produit que, dans la configuration actuelle, l’on devrait trouver moins cher demain ?