La zone Euro est entrée en déflation en février, la Chine essaie de se relancer en jouant sur sa monnaie, l’économie du monde est en crise avec un pétrole en berne. Serait-ce le début de la décroissance prêchée par l’ONU ?
Les prix à la consommation dans la zone Euro sont repartis à la baisse en février (moins 0,2 %), après une hausse de 0,3 % qui avaient donné à croire à certains que les affaires reprenaient : en fait, cette baisse, qui fait suite à celle de septembre dernier, indiquent que la zone euro entre en déflation. Certains commentateurs pensent que la banque centrale européenne devrait dès le dix mars faire marcher la planche à billet pour relancer artificiellement la machine, d’autres estiment qu’elle n’a pas les moyens de faire grand chose. Les causes de cette déflation échappent largement à l’Europe. Il y a une baisse continue et forte du prix du pétrole (- 8 % en février). Et il y a un flop général de la croissance que mesurent tant l’OCDE que l’ONU.
La crise de la Chine menace le monde entier
La Chine, qui a longtemps poussé les boursiers à l’euphorie malgré l’importance de la crise dans la zone Euro, est installée dans une crise qui dure. La dernière décision de la banque centrale chinoise l’indique. Le gouverneur a fixé lundi le cours du yuan (que les financiers appellent aussi renminbi) à son plus bas depuis un mois à 6,5452 pour un dollar américain. Soit une baisse de 0,17 % depuis vendredi dernier, et le yuan, qui n’est pas absolument libre, n’est autorisé à varier que de 2% par rapport au cours fixé. Ce n’est pas grand chose, mais la dévaluation choc d’août 2015, suivie d’une nouvelle baisse en janvier, font craindre que la Chine ne s’engage dans une guerre des monnaies, pour relancer sa croissance en facilitant ses exportations. Le G20 s’est fendu samedi dernier d’un communiqué préconisant d’éviter « les dévaluations compétitives ». Sans citer de nom pour ne viser personne, mais quand même… On ignore quel effet ces paroles pourront avoir sur les dirigeants d’une puissance qui est décidée à sauver sa croissance à tout prix. La banque centrale de Chine vient en effet d’injecter trente cinq milliards de liquidités pour la relancer, après les cent cinquante de la semaine dernière : la planche à billet fonctionne à plein.
Déflation dans la zone Euro, décroissance planifiée par l’ONU
Il est compréhensible que les représentants du G20, qui se réunissaient le 27 février à Shanghai, essaient de trouver autre chose pour résoudre ce qu’on continue à nommer la « crise », et appellent, à leur habitude, à des « réformes structurelles ». Selon le communiqué final, « les politiques monétaires ne peuvent suffire à assurer la croissance équilibrée ». Pour « restaurer la confiance » et « renforcer la guérison » de l’économie mondiale, ils entendent jouer aussi sur «le fiscal et le structurel ». Pourtant, derrière ce pathos demeure une constatation : « L’économie mondiale risque de se trouver piégée dans une faible croissance, une faible inflation avec des taux d’intérêt bas », selon Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre. Une prévision qui est presque un constat puisque la zone Euro entre en déflation. Carney a d’ailleurs souligné la déception qu’a causée cette zone Euro depuis sept ans aux économistes du monde, sa « sous-performance ». Il a aussi reconnu que « les politiques de la demande ne peuvent pas grand chose contre le poids de la démographie ou celui de la productivité ». Une façon de dire que l’Europe entre dans un mouvement de freinage, qu’elle se désindustrialise peu à peu, comme si son économie se trouvait frappé d’entropie. Les écologistes peuvent se frotter les mains : c’est le début du dé-développement, ou décroissance, souhaité par l’ONU et largement provoqué par les contraintes écologiques, sociales et règlementaires qui pèsent sur les entreprises.