La décision d’autoriser au cas par cas l’accès à la communion des époux protestants membres d’un couple mixte, où l’un des conjoints est catholique, a été annoncée le jeudi 22 février, jour de la fête de la Chaire de Saint-Pierre, par les évêques d’Allemagne… Et c’est le cardinal Reinhard Marx, qui refuse de condamner clairement l’idée de bénir les unions homosexuelles – là encore au cas par cas – qui a claironné l’information lors d’une conférence de presse à l’issue de l’assemblée de printemps de la Conférence des évêques à Ingolstadt. Toujours une longueur d’avance, pour les saisons comme pour les innovations : le progressisme est un tout.
Le site officiel des évêques allemands assure que la « grande majorité » de ces successeurs des apôtres ont approuvé le nouveau « guide d’orientation » relatif aux mariages mixtes et à la sainte communion.
« La condition préalable est que le partenaire protestant, “à l’issue d’un profond discernement avec un prêtre ou un autre travailleur pastoral, parvienne à la décision en conscience d’affirmer la Foi de l’Eglise catholique, et qu’il s’agisse de mettre fin à une “grave situation d’urgence spirituelle” et du souhait de satisfaire le profond désir de l’Eucharistie” », explique le site.
Les évêques Allemagne approuvent l’accès à la communion de l’époux protestant dans un couple mixte
Cela a été qualifié par le cardinal Marx de « progrès positif », malgré un « débat intense » qui a donné lieu à la discussion à propos d’« inquiétudes graves ». Ajoutant que plusieurs évêques avaient voulu aborder la question sur un plan plus élevé, il a précisé qu’on s’en tiendrait au guide en tant que « simple document pastoral » : « Nous ne voulons pas changer une doctrine. » Voire.
Il est vrai que le canon 844 §4 du code de droit canonique prévoit des cas où des chrétiens non catholiques peuvent recevoir l’Eucharistie – danger de mort, par exemple, ou une nécessité grave où ledit chrétien ne peut avoir accès à un pasteur de leur propre confession – mais toujours à condition de manifester l’adhésion à la foi catholique par rapport à ces sacrements et d’être dans les bonnes dispositions.
On est loin des raisons psychologiques invoquées par le nouveau guide allemand : réservée aux « situations concrètes » – « comme pour toutes les transgressions en cours », commente Yves Daoudal – l’innovation est justifiée par les évêques allemands en ces termes : « Dans des cas individuels, la faim spirituelle de recevoir la communion ensemble, dans les couples interconfessionnels, peut être si forte qu’elle pourrait compromettre le mariage et la foi du conjoint. »
L’observance de la foi qui est exigée par Jésus-Christ pourrait donc, selon ces évêques, constituer un risque de divorce…
La manifestation de la foi en l’Eucharistie exigée par le document ne doit pas faire illusion. Comme le note encore Yves Daoudal :
« Mais comment un protestant peut-il manifester la foi catholique en l’eucharistie tout en restant en communion avec sa communauté qui ne croit pas en l’eucharistie ? On parle de communion. De communion à quoi ?
« L’eucharistie est ce qui fonde l’Eglise, qui édifie l’Eglise, la communion de l’Eglise. Communier au Corps du Christ c’est participer à la communion de l’Eglise… qui est le Corps du Christ. Tout cela est UN. Comment peut-on prétendre communier au Corps du Christ tout en rejetant l’Eglise qui est le Corps du Christ ? »
Un accès à la communion « au cas par cas » : la transgression à petits pas
Tout cela devient encore plus insupportable lorsque le cardinal Marx prend la peine de clarifier – pour ceux qui par hasard songeraient à une véritable volonté d’attirer les conjoints non catholiques à la plénitude de la foi et la véritable communion avec l’Eglise : pas question, a dit le proche conseiller du pape François, de voir dans cet assouplissement une voie pour appeler les protestants à la conversion : cet « œcuménisme du retour ou de la conversion » qu’il faut rejeter.
Sans surprise, l’Eglise évangélique luthérienne a salué le document comme « une étape importante sur le chemin de l’œcuménisme ».
En outre, comme l’a souligné le cardinal allemand, il appartient désormais à chaque évêque de tirer personnellement les conséquences du nouveau document pour le diocèse dont il a la charge. Voilà qui ouvre de nouvelles perspectives de confusion, alors que le document lui-même n’est pas encore en ligne : quels sont les protestants concernés ? Tous ? Toutes les dénominations, même les plus éloignées ? Où s’arrêter et pourquoi ? Quelle profession de foi eucharistique sera-t-elle exigée, en quels termes – à supposer que cela a été défini ? On sait seulement que les nouvelles directives sont à la fois « un compromis et néanmoins une petite surprise », selon katholisch.de.
Les évêques d’Allemagne font la publicité de leur mesure
Le site des évêques s’autorise même une parodie, signée Thomas Jansen, vaguement blasphématoire. Il écrit notamment : « La table du Seigneur pourrait elle aussi se remplir davantage. Après que la majorité des évêques allemands se sont mis d’accord pour dire que le conjoint évangélique peut au moins dans des cas individuels être admis à la communion, le prochain grand défi œcuménique est déjà en train d’émerger : la réception de la communion par les couples 100 % évangéliques. Ici, cependant, les obstacles théologiques paraissent encore plus grands. Cela ne serait concevable que si les deux partenaires arrivaient à faire croire qu’ils ne sont tombés amoureux que parce qu’à l’origine, l’un pensait que l’autre était catholique. »
C’est fin.
Des théologiens plus sérieux mettent en garde contre cette dérive depuis divers actes et déclarations entendus de la bouche du pape François ou constatés à Rome. C’est le cas de Mgr Nicolas Bux qui a rappelé l’an dernier que tout changement des règles de l’Eglise à cet égard « irait contre la Révélation et le Magistère ». Il soulignait que les chrétiens non catholiques doivent obtenir la reconnaissance de leur baptême ou être baptisés dans l’Eglise, et confirmés selon le rite catholique, et se repentir de leurs péchés graves par la confession sacramentelle pour pouvoir recevoir Notre Seigneur dans la communion.
Le cardinal Sarah a parlé clair sur l’accès à la communion
Le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin, a qualifié la réception de l’Eucharistie par ceux qui ne professent pas la foi catholique de « sacrilège », ajoutant qu’il s’agit d’un « outrage » à l’égard de ce sacrement : c’est ce qu’il vient d’écrire dans la préface à un livre italien récemment paru sur la communion dans la main. Le cardinal ajoute dans cette préface que le large recours à la communion dans la main est l’œuvre du démon : « La cible de Satan est le sacrifice de la messe et la présence réelle de Jésus dans l’hostie consacrée. »
Peu après que le pape eut émis discrètement l’idée que cette « intercommunion » est possible, le cardinal Sarah avait fait en 2015 une mise au point que nous rapportions sur reinformation.tv.