Le « célibat obligatoire » des prêtres catholiques « pourrait être à l’origine d’abus d’enfants » : c’est par ce titre que le site d’information Russia Today résume les conclusions d’un rapport catholique sur le scandale des prêtres pédophiles, paru ce vendredi en Australie sous l’intitulé du « Truth, Justice and Healing Council ». Le Conseil pour la vérité, la justice et la guérison réunit de nombreuses personnalités catholiques et porte la signature des évêques de Melbourne, Brisbane, Perth, Canberra et Adelaide. C’est la « première institution catholique à reconnaître un lien potentiel » entre célibat et abus sexuels, assure le média russe.
Non sans une certaine satisfaction. La Russie orthodoxe n’est pas d’une unanime bienveillance à l’égard de l’Eglise de Rome et les popes russes peuvent être ordonnés s’ils sont déjà mariés – et ils le restent. Dans l’orthodoxie (comme chez les catholiques orientaux, du reste) seuls les moines s’engagent au célibat.
Le célibat, cause hypothétique
Qu’en est-il donc vraiment de ce rapport, qui souligne nombre de manquements d’hommes d’Eglise, pour de multiples raisons, et ayant donné lieu aux abominations que l’on sait – particulièrement condamnables chez des prêtres, mais au demeurant point statistiquement si fréquentes comparés à d’autres milieux ?
Eh bien, sur les 44 pages du rapport, le célibat sacerdotal et religieux est mentionné une seule fois. Une seule. Au cours des huit audiences menées par le conseil, du recueil de 50 témoignages et de l’examen de 160.000 documents d’Eglise, les auteurs ont cherché les causes possibles des abus pédophiles commis par certains membres du clergé. Il y est notamment question des « environnements fermés » qui ont pu jouer un rôle dans certains diocèses : cela n’a rien de spécifiquement catholique. Il est question du rôle qui a pu être joué par « la manière dont les candidats à la prêtrise ou à la vie religieuse ont été acceptés » : mais nulle part il n’est question des tendances homosexuelles profondes qui à certaine époque, surtout à partir de 1968, n’ont pas été considérées comme un empêchement. Pourtant les statistiques montrent que la pédophilie cléricale a été, souvent, une « éphébophilie » : la mise en œuvre d’une attirance désordonnée pour des jeunes pubères du même sexe.
Le célibat sacerdotal arrive en fin de liste, en ces termes : « Le célibat obligatoire a pu aussi contribuer aux abus dans certaines circonstances. » C’est tout. Pas d’explication : une hypothèse.
Conclusions divergentes en Australie et aux Etats-Unis
Mais bien sûr la presse s’en est emparée, soulignant la contradiction entre le rapport venu d’Australie et le rapport sur le même thème commandé par l’Eglise catholique aux Etats-Unis au John Jay College of Criminal Justice qui n’avait constaté aucun lien entre le célibat sacerdotal et le scandale des prêtres pédophiles. Et qui était assis sur des séries statistiques plus étendues, selon une méthode irréprochable du point de vue scientifique.
L’Eglise catholique visée, plutôt que les prêtres pédophiles
S’il est juste de protéger les enfants contre des agissements criminels, s’il est normal qu’ils puissent espérer obtenir réparation, il y a fort à croire que dans les médias, ce ne soit pas toujours le premier souci de ceux qui dénoncent les scandales : c’est l’institution qu’ils visent, et les contraintes choisies par ses prêtres, « pour le Royaume ».