Troublant : le gauchisant Bernie Sanders va s’exprimer dans un colloque au Vatican

Bernie Sanders Vatican Académie pontificale sciences sociales Etats Unis
Bernie Sanders n’a pas caché son envie de rencontrer le pape François, et a l’intention de faire campagne activement à New York, où les rares sondages donnent un avantage net à Hillary Clinton.

 
Candidat à l’investiture du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de novembre prochain, le très gauchisant sénateur du Vermont, Bernie Sanders, a remporté, le 9 avril, le “caucus” démocrate du Wyoming avec une marge confortable sur Hillary Clinton : 56 % des votes contre 44 %… Bernie Sanders et Hillary Clinton débattront publiquement à New York le 14 avril en prévision de la primaire qui se déroulera dans l’État de New York le 19 suivant. Rappelons, et cette précision n’est pas anodine, qu’environ un tiers des New-Yorkais se disent catholiques. Mais entre le 14 et le 19 avril, Sanders aura fait un voyage hors des États-Unis.
 

Un colloque autour de Laudato Si’ très marqué à gauche

 
De l’autre côté de l’Atlantique, et pour marquer le 25ème anniversaire de la parution de l’encyclique sociale de Jean-Paul II Centesimus annus, l’Académie pontificale des sciences sociales organise un colloque qui se tiendra au Vatican les 15 et 16 avril. Son but est d’examiner les changements survenus dans le monde ce dernier quart de siècle, dans les domaines politique, économique et culturel à la lumière de l’encyclique Laudato Si’ du pape François. Fondée en 1994 par Jean-Paul II, cette Académie pontificale, dont le but est de promouvoir l’étude sur l’évolution des sciences sociales en cohérence avec la doctrine sociale de l’Église, est une institution dite “indépendante”, mais elle siège au Vatican, ses membres sont nommés par le Pape et ses relations avec le Conseil pontifical Justice et Paix sont des plus étroites… Une trentaine d’universitaires et de personnalités du monde entier ont été invités à ce colloque qui n’est pas ouvert au public. Le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, “patron” du conseil des cardinaux créé par le pape François, prononcera l’allocution d’ouverture du colloque au cours duquel il est prévu d’entendre cinq exposés d’universitaires.
 
Parmi les personnalités invitées, on notera la présence du Président bolivien Evo Morales – celui-là même qui offrit un crucifix en forme de faucille et de marteau au pape François en juillet dernier… –, du Président équatorien Rafael Correa, tous deux bien marqués à gauche, et de… Bernie Sanders !
 

Le “couac” de l’invitation de Bernie Sanders par l’Académie pontificale des sciences sociales

 
L’invitation de Bernie Sanders est à l’origine d’un de ces “couacs” auxquels les institutions du Saint-Siège nous ont trop souvent habitués ces dernières années. L’universitaire et sociologue britannique Margaret Archer, nommée présidente de l’Académie pontificale par le pape François en 2014, a dénoncé la « monumentale discourtoisie » de Sanders qui aurait fait des pressions sur le Vatican et l’aurait contournée pour se faire inviter à ce colloque : « C’est Sanders qui a fait la première démarche [pour être invité] et pour des raisons évidentes. Je pense qu’il recherche le vote catholique mais [ce colloque] n’a rien à voir avec le vote catholique. Il devrait s’en souvenir et agir en conséquence et non pas à sa guise », a-t-elle déclaré à Bloomberg News. Une déclaration immédiatement contrée par l’évêque argentin Marcelo Sánchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences sociales, et donc supérieur hiérarchique de Margaret Archer, qui déclara à Reuters, 8 avril : « Je conteste cela. Cela ne s’est pas passé ainsi. C’est faux et [Margaret Archer] le sait. J’ai invité [Bernie Sanders] avec son accord. » Pour appuyer son affirmation, l’évêque envoya à Reuters une copie, signée de son nom, de son invitation à Sanders et ne cache pas que c’est lui-même qui a eu l’idée de pressentir cet invité… On admettra que l’idée est pour le moins curieuse…
 

Sanders est opposé à des points cruciaux de la doctrine sociale de l’Église

 
D’abord parce que Bernie Sanders est loin d’être en « cohérence avec la doctrine sociale de l’Église » sur des points cruciaux. Il y est même diamétralement opposé : c’est un farouche partisan de l’avortement ou du “mariage” entre personnes de même sexe… Mais Sanders, qui s’est dit « très ému » d’avoir reçu cette invitation du Vatican, ne cache pas sa grande admiration pour le pape François : « Je suis un grand grand fan du pape […] Il a joué un rôle incroyable, un rôle incroyable, en injectant une dimension morale dans l’économie. Et cela il l’a dit […] et des gens pensent que Bernie Sanders est un radical… Ouais, lisez donc ce que le pape écrit. » On peut penser qu’il est sincère sur cette “appréciation” du Souverain Pontife, mais c’est aussi un politicien engagé dans une campagne pré-électorale : gagner des voix catholiques, pour ce Juif fier de l’être mais peu pratiquant, et celles des « légions de fans progressistes » du pape aux États-Unis, comme l’analyse non sans raison le Washington Post. Son exposé d’un petit quart d’heure au Vatican pourrait se révéler très profitable pour la primaire cruciale de l’État de New York.
 

Le Vatican envoie-t-il un signal de sa préférence pour la présidentielle étatsunienne ?

 
Enfin parce que « l’idée » de Mgr Marcelo Sánchez Sorondo ne manquera pas d’être interprétée comme un “signal” de la préférence du pape François et de son proche entourage dans la campagne présidentielle étatsunienne. Après la sortie du pape contre Donald Trump, l’invitation de Bernie Sanders l’indique assez. L’évêque a tenté maladroitement de dégager en touche : « Ce qui est vraiment à considérer dans cette affaire, ce n’est pas la question de son effet politique ». Il n’empêche qu’elle en aura un et pas seulement aux États-Unis. Si le but avoué par le chancelier de l’Académie pontificale pour les sciences sociales est, à l’occasion de ce colloque, « d’établir un dialogue entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud », but pour lequel il a songé à inviter le sénateur du Vermont et deux autres politiciens sud-américains – qui se trouvent être présidents de leurs pays respectifs… –, on restera étonné du choix de politiciens uniquement de gauche, voire même d’extrême gauche, pour établir ce « dialogue », un choix qu’on aura du mal à croire qu’il l’aura fait sans en référer à une autorité supérieure du Vatican. On veut bien croire que ses intentions étaient pures mais, tout de même, le doute s’installe…